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Dépister le risque allergique avant la naissance est-il une stratégie efficace pour prévenir l’asthme ?
mardi 11 décembre 2012, par
L’éviction allergénique extensive chez les nourrissons diminue les manifestations d’asthme pendant l’enfance, avec persistance de l’effet jusqu’à 18 ans. : Martha Scott1,2, Graham Roberts1,2, Ramesh J Kurukulaaratchy1,2, Sharon Matthews1, Andrea Nove1, S Hasan Arshad1,2
dans Thorax 2012 ;67:1046-1051 doi:10.1136/thoraxjnl-2012-202150
– Contexte :
- L’asthme est une maladie chronique qui débute souvent dans l’enfance
- Les facteurs de risque principaux sont les conditions d’environnement de l’enfant et les caractéristiques génétiques
- Le but de cette étude était d’évaluer l’efficacité d’une modification de l’environnement dans les 12 premiers mois de la vie sur la prévalence de l’asthme chez des sujets à haut risque.
– Méthodes :
- 120 enfants considérés comme à haut risque de manifestations allergiques (soit par double hérédité, soit par simple hérédité avec un taux d’IgE élevé dans le sang du cordon) ont été inclus dans un essai contrôlé randomisé en simple aveugle
- Les enfants dans le bras interventionnel étaient soit nourris au sein par leur mère qui suivait un régime faiblement allergénique, soit soumis à un régime hydrolysé extensif
- L’exposition aux acariens était réduite
- Le groupe contrôle suivait des consignes standard
- Les enfants étaient évalués à l’âge de 1 an, 2 ans, 4 ans, 8 ans et 18 ans vis-à-vis de la présence ou non d’un asthme ou d’une atopie.
– Résultats :
- A l’âge de 18 ans, il y avait une prévalence significativement plus faible d’asthme dans le groupe avec régime préventif comparativement au groupe contrôle (OR 0.23, IC à 95 % : 0.08-0.70, p=0.01), dû principalement à l’asthme se développant pendant l’enfance mais persistant jusqu’à l’âge de 18 ans
- L’analyse des mesures répétées montrait qu’il y avait une réduction globale de la prévalence de l’asthme de l’âge de 1 à 18 ans (OR 0.51, IC : 0.32-0.81, p=0.04)
- La prévalence de l’atopie n’était pas significativement différente entre les deux groupes à l’âge de 18 ans.
– Conclusions :
- L’éviction allergénique pendant la première année de la vie est efficace pour prévenir le déclenchement de l’asthme chez les sujets considérés comme à haut risque en fonction de leur hérédité
- Cet effet débute dans les premières années, mais persiste jusqu’à l’âge adulte.
Les auteurs se sont posé la question de savoir si l’asthme pouvait être prévenu par une éviction allergénique pendant l’enfance.
A cet effet, ils ont effectué une étude randomisée contrôlée en simple aveugle chez 120 enfants à haut risque de développer des maladies allergiques, en les soumettant pour certains, dès la première année de leur vie, à un régime alimentaire hypoallergénique associé à une réduction de leur exposition aux acariens, comparativement à un groupe témoin non protégé.
L’étude démontre une réduction significative et persistante de la prévalence de l’asthme chez les sujets soumis à une éviction alimentaire et vis-à-vis des acariens au cours de leur première année de vie.
Il n’y avait pas d’effet significatif sur l’atopie et l’asthme se développant pendant l’adolescence, mais l’analyse longitudinale a montré une différence globale significative dans la prévalence à la fois de l’asthme et de l’atopie sur la durée du suivi. La surveillance ultérieure pourra déterminer si cette prévention a pu prévenir le développement de l’asthme ou l’a simplement retardé à l’âge adulte.
Des études épidémiologiques ont proposé la notion d’induction de tolérance immunitaire plutôt que de sensibilisation allergique après exposition précoce à de hautes doses d’allergènes ; comment peut-on faire le lien avec cette étude où c’est une réduction de la charge allergénique qui semble protective ? Plusieurs explications sont possibles : la nature de l’allergène et de la voie d’exposition peuvent être différentes, la relation entre l’exposition et la sensibilisation peut être non linéaire, le terrain génétique individuel peut expliquer des réponses différentes pour une même exposition.
L’importance potentielle de la prévention de l’asthme est telle que d’autres études seraient nécessaires pour identifier les sous-groupes où la réduction de la charge allergénique serait efficace, pour en évaluer l’efficacité et le coût, et en comprendre les mécanismes immunologiques précis.
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