Alors mon coco, pas trop dur ?

vendredi 14 décembre 2012 par Dr Alain Thillay878 visites

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Alors mon coco, pas trop dur ?

Alors mon coco, pas trop dur ?

vendredi 14 décembre 2012, par Dr Alain Thillay

L’ingestion fréquente d’œuf cuit n’est pas associée à une modification du taux de diminution de la taille du test cutané à l’œuf chez des enfants allergiques à l’œuf confirmés par test de provocation. : . Tey, S. C. Dharmage, M. N. Robinson, K. J. Allen, L. C. Gurrin, M. L. K. Tang,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2012 (42) 1782–1790

 Contexte :

  • Il existe une controverse concernant le fait de savoir si les enfants allergiques à l’œuf doivent absolument éviter toute forme d’œuf ou si l’ingestion régulière d’œuf cuit pourrait retarder ou accélérer la guérison de cette allergie alimentaire.

 Objectif :

  • C’est le premier travail qui étudie la relation entre la fréquence de l’ingestion d’œuf cuit et le taux de diminution de la taille du test cutané à l’œuf chez des enfants allergiques à l’œuf.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une étude clinique rétrospective de cohorte.
  • Tous les enfants ayant une allergie à l’œuf prouvée par test de provocation et pris en charge au sein du service de pédiatrie du Centre Hospitalier (Parkville, Victoria, Australie) de 1996-2005 et ayant eu au moins deux tests cutanés à l’œuf effectués durant cette période, ont été inclus (n=125).
  • La fréquence de l’ingestion d’œuf cuit a été évaluée par un questionnaire téléphonique comme suit :
    • a) fréquente (> à une fois par semaine),
    • b) régulier (> à une fois tous les 3 mois et ≤ à une fois par semaine) ou
    • c) éviction stricte (≤ à une fois tous les 3 mois).
  • La relation entre la fréquence de l’ingestion d’œuf cuit et le taux de diminution de la taille du test cutané à l’œuf a été examinée par régression linéaire multiple ajustée en fonction des facteurs confondants potentiels.

 Résultats :

  • Le taux moyen de diminution du test cutané à l’œuf chez tous les enfants était de 0,7 mm/an (IC 95% ; 0,5-1,0 mm / an).
  • Il n’y avait pas de preuve (P=0,57) que le taux de diminution de ce test cutané était différent entre les enfants qui ont entrepris l’ingestion fréquente (n=21, moyenne de 0,4 mm/an, IC 95% ; -0,3 à 1,2 mm/an), l’ingestion régulière (n=37, moyenne de 0,9 mm/an, IC 95% ; 0,4 à 1,4 mm/an) ou l’éviction stricte (n=67, moyenne de 0,7 mm/an, IC 95% ; 0,4 à 1,1 mm / an) d’œuf cuit .

 Conclusions :

  • Par rapport à l’éviction alimentaire stricte, la consommation fréquente d’œuf cuit n’est pas associée à un taux différent de diminution de la taille du test cutané à l’œuf chez des enfants allergiques à l’œuf.

 Pertinence clinique :

  • Étant donné que l’éviction alimentaire peut avoir un impact négatif sur la vie familiale, il est raisonnable de considérer de rendre libre la consommation d’œuf cuit dans l’alimentation des enfants allergiques à l’œuf.

Encore une étude qui cherche à évaluer l’intérêt de l’éviction alimentaire sur la guérison de celle-ci. Dans cette étude clinique, rétrospective, d’origine australienne, il est question de l’allergie à l’œuf de poule. Les auteurs ont évalué la diminution de la réactivité cutanée à l’œuf en fonction de la fréquence d’ingestion d’œuf cuit.

Il s’agit de 125 enfants ayant fait l’objet d’une confirmation de leur allergie par un test de provocation orale à l’œuf et qui avaient subi au moins deux fois des tests cutanés à l’œuf durant le suivi.

Ainsi, à postériori, la fréquence de la consommation d’œuf cuit a été évaluée par questionnaire téléphonique.

Ensuite, les auteurs ont mis en corrélation cette fréquence et le taux de diminution de la taille des tests cutanés.

Sans revenir en détail sur les résultats, la conclusion paraît claire, il n’existe pas de corrélation.

Les auteurs ajoutant que puisque la fréquence d’ingestion d’œuf cuit ne modifie en rien l’évolution de la taille des tests cutanés, autant laisser libre la consommation.
Cette étude m’apparaît peu probante.

D’abord, le questionnaire téléphonique pratiqué à postériori n’est sans doute pas d’une grande fiabilité puisqu’elle fait appel à la mémoire qui est loin d’être d’une grande fiabilité.

Ensuite, en 2012, à l’heure de l’allergologie moléculaire, étayer son raisonnement sur l’évolution de la taille des tests cutanés est obsolète.

Il faudrait pratiquer une étude prospective en évaluant l’IgE réactivité sérique avec l’ImmunoCAP f1 (blanc d’œuf) et f233 (ovomucoïde) à plusieurs reprises durant le suivi en faisant des groupes de fréquence de consommation différents.

La positivité à f1 est en faveur d’une réaction à l’œuf.

Celle de f233 en fonction d’un risque de persistance de l’allergie à l’œuf.

Cette publication arrive donc un peu tard et n’apporte pas grand-chose de pertinent.