Ça vous gratouille ou ça vous chatouille ?

lundi 7 janvier 2013 par Dr Alain Thillay1380 visites

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Ça vous gratouille ou ça vous chatouille ?

Ça vous gratouille ou ça vous chatouille ?

lundi 7 janvier 2013, par Dr Alain Thillay

Est-ce que le prurit en relation avec un stimulus visuel seul provoque une réponse de grattage chez des sujets sains ? : Lloyd DM, Hall E, Hall S, McGlone FP.
Source
School of Psychological Sciences, University of Manchester, Manchester M13 9PL, U.K. School of Natural Sciences and Psychology, Liverpool John Moores University, Liverpool L3 3AF, U.K.

dans Br J Dermatol. 2013 Jan ;168(1):106-11. doi : 10.1111/bjd.12132

  Contexte :

  • La sensation de prurit et la réponse de grattage provoquées par l’application d’histamine sont renforcées par les sollicitations visuelles chez les personnes souffrant de maladies cutanées existantes et, dans une moindre mesure, chez les témoins sains.

 Objectifs :

  • Nous avons vérifié si les sollicitations visuelles pouvaient à elles seules générer des sensations de prurit et provoquer une réaction de grattage chez des volontaires sains.
  • Un objectif secondaire était d’évaluer si le contenu de certaines photos pouvait entraîner ces sensations plus efficacement.

 Méthodes :

  • Trente participants ont visionné des images statiques, soit en relation avec le prurit (par exemple les fourmis, les puces ou les affections de la peau) ou neutres (par exemple les papillons ou de la peau saine).
  • Ces derniers ont été séparés par type d’images, en « contact avec la peau » (par exemple des fourmis rampant sur la main ou un papillon sur un doigt), ou « réponse cutanée » (par exemple gratter une piqûre d’insecte ou le lavage des mains) ou « contact seulement » (par exemple visualisation de moucherons ou d’oiseaux en train de voler).

 Résultats :

  • La sensation de prurit a été générée avec succès en utilisant des photos en rapport avec le prurit, avec plus d’auto-déclarations de prurit en réponse aux questions « Comment vous sentez-vous par rapport à la démangeaison ? et comment pensez-vous que les personnes sur les photos ressentent-elles la sensation de démangeaison ? », comparativement à l’affichage d’images neutres (P <0,001), et ces mesures sont corrélées (P ≤ 0,003).
  • Les participants se sont aussi plus grattés lors de la visualisation des photos liées au prurit que lors de la visualisation d’images neutres (P <0,001).
  • L’interaction avec le type d’images est importante, avec plus de comportement de grattage enregistrées lors de la visualisation des photos illustrant les autres en train se gratter (P=0,01).

 Conclusions :

  • Cette étude démontre l’impact des sollicitations visuelles pour susciter des sensations de prurit et provoquer une réponse de grattage, et peut fournir des preuves de comportement reliant contagiosité du prurit par le système des neurones miroirs.

Cette étude d’origine britannique ne va pas révolutionner le monde de l’allergologie. Toutefois, elle nous permet de réfléchir sur un sujet de la psychologie comportementale qu’est le mimétisme. Ici, il s’agit d’évaluer la réponse de grattage chez des sujets sains à qui on donne à observer des photos qui suggèrent prurit et grattage.

En 2011, j’avais déjà commenté une étude américaine sur un sujet comparable.

Ici, il s’agit de suggérer prurit cutané et, sa conséquence, le grattage par la visualisation de photos suggestives.

Bon, je ne vais pas entrer dans les détails, mais ça marche !

Nous nous en doutions mais là, c’est prouvé, démontré, attesté !

Il existe des publications de plus en plus nombreuses concernant le mimétisme.

Dans ce domaine, je conseille la lecture du livre de Susan Blackmore intitulé « La théorie des mèmes » ou Pourquoi nous nous imitons les uns les autres aux éditions Max Milo collection l’inconnu.

Simplement, je recopie ci-après le texte du quatrième de couverture de ce livre pour montrer l’importance du propos :
« Qu’est-ce qui distingue les hommes des animaux ? Le langage ? La raison ? La conscience ? La créativité ? Et s’il ne s’agissait là que de leurres ? Et si la spécificité de l’homme, c’était avant tout son incroyable capacité à imiter ses semblables ? Nous sommes, déclare Susan Blackmore, des machines mimétiques contagieuses. Tandis que les gènes utilisent le corps humain dans leur lutte pour la suprématie des caractères physiques, les mèmes colonisent nos cerveaux pour dominer nos comportements, nos habitudes, nos croyances. Or si l’altruisme, la foi, le langage, l’amour, nous sont commandés de l’extérieur, peut-on encore dire que le Moi existe ? Un livre culte qui embrase le monde scientifique international. »

Je conseille avec force la lecture cet ouvrage.

Effectivement, il remet en perspective la notion de conscience, le Moi.

J’existe par la conscience de ma cartographie intérieure écrite par mes gènes mais aussi nourrie, affinée par l’imbibition de l’extérieur via le mimétisme.

Pourrions-nous formuler différemment cette réflexion cruciale en soutenant, qu’en allant plus loin, le mimétisme serait l’épigénétique du système nerveux central ?

Ainsi, il faudrait voir tous les systèmes fonctionnels du corps humains, l’exemple du système immunitaire et de l’allergologie sonne comme une évidence, comme régis de la même manière, la génétique, dont l’expression phénotypique est dépendante de l’environnement au sens large, et l’épigénétique comme un feed-back et une source d’informations que le génome exploiterait.
Tout cela dans une sorte d’universalité fonctionnelle.

A méditer en lisant l’ouvrage de Susan Blackmore.

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