Un nouveau facteur de risque de réaction allergique médicamenteuse : le coup de Pompe !

jeudi 7 mars 2013 par Dr Stéphane Guez1379 visites

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Un nouveau facteur de risque de réaction allergique médicamenteuse : le coup de Pompe !

Un nouveau facteur de risque de réaction allergique médicamenteuse : le coup de Pompe !

jeudi 7 mars 2013, par Dr Stéphane Guez

Les inhibiteurs de la pompe à proton sont associés à une hyperréactivité aux médicaments chez les patients hospitalisés : une étude cas-témoins dans une étude de cohorte rétrospective. : E. Ramírez, R. Cabañas, L. S. Laserna, A. Fiandor, H. Tong, N. Prior, O. Calderón, N. Medrano, I. Bobolea, J. Frías, S. Quirce, Clinical & Experimental Allergy, 2013 (43) 344–352

 Introduction :

  • Des recherches précédentes ont montré que la suppression de l’acidité gastrique par des médicaments antiacides pouvait induire des réactions aux protéines alimentaires labiles en milieu acide.
  • Il n’y a pas de données permettant de savoir si les médicaments antiacides peuvent entraîner des réactions d’hypersensibilité.
  • L’inhibition de la sécrétion gastrique la plus importante et la plus longue est réalisée par les inhibiteurs de la pompe à proton (PPIs).
  • Les auteurs ont émis l’hypothèse que la suppression de la sécrétion acide gastrique par les PPIs pourrait être responsable de réactions d’hypersensibilité aux médicaments lors d’une hospitalisation.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été :
    • d’estimer le risque de développer des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse durant l’hospitalisation chez des patients traités par PPIs,
    • et les autres facteurs associés.

 Matériel et Méthode :

  • Une étude cas-témoins à partir d’une étude rétrospective de cohorte chez des patients hospitalisés de septembre 2008 à décembre 2010 (77.771 admissions) a été réalisée à l’aide du registre des patients venant en consultation au Département d’Allergie (161 cas confirmés de réactions d’hypersensibilité).
  • Un total de 318 contrôles ont été appariés sur le premier médicament suspecté dans la réaction d’hypersensibilité, sur le temps d’hospitalisation, l’âge, le sexe et le motif d’hospitalisation.

 Résultats :

  • Le risque relatif de réaction d’hypersensibilité médicamenteuse qui survient lors de l’hospitalisation chez des patients traités par PPIs par rapport à ceux qui sont non traités durant la période de l’étude est significatif (RR : 3.97, IC95% : 1.97 – 8.29).
  • Après avoir pris en compte tous les facteurs confondants dans la cohorte cas témoins croisés, l’utilisation de PPIs reste un facteur prédisposant (OR : 4.35, IC95% : 2 – 9.45).
  • Des antécédents personnels d’allergie médicamenteuse et la durée de l’hospitalisation sont d’autres facteurs prédisposant de réactions d’hypersensibilité médicamenteuse.
  • Le risque de faire une réaction d’hypersensibilité médicamenteuse durant un traitement par PPIS est de 3.7% par jour.
  • Le risque de faire une réaction immédiate ou accélérée est de 1.706 (p = 0.003) fois par rapport à une réaction retardée.

 Conclusion et applications cliniques :

  • Chez les patients hospitalisés, l’utilisation des inhibiteurs de la pompe à proton est associée à une augmentation significative du risque de réactions d’hypersensibilité, ainsi que des antécédents personnels d’allergie médicamenteuse et un temps d’hospitalisation long.

Dans cette étude cas-témoins rétrospective, les auteurs montrent que la prescription d’un inhibiteur de la pompe à protons induit une augmentation du risque de faire des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse. La durée de l’hospitalisation et les antécédents d’allergie médicamenteuse augmentent également ce risque.

Ce travail soulève un problème très intéressant et mal connu car difficile à mettre en évidence : c’est celui des cofacteurs qui peuvent induire une hypersensibilité médicamenteuse.

Les IPPs sont extrêmement prescrits en milieu hospitalier pour prévenir gastrite et ulcères de stress. De la même manière d’ailleurs beaucoup de patients sont sous des traitements très stéréotypés comme un hypocholestérolémiant, de l’aspirine et des IEC.

Ce travail montre que le seul fait de prendre un IPP multiplie par 4 le risque de faire une réaction d’hypersensibilité, qui sera d’autant plus importante que le patient a des antécédents d’allergie médicamenteuse et que l’hospitalisation est longue.

Dans les services qui induisent beaucoup de réactions d’hypersensibilité médicamenteuse comme les services de maladies infectieuses, avec des prescriptions associées d’antibiotiques pour des périodes longues (infections ostéo-articulaires) la connaissance de ces résultats est importante.

Il serait important de faire maintenant une étude prospective randomisée dans des sévices cibles, en associant ou pas un IPP.

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