Qui tousse la nuit petit sera allergique plus grand ? Et si PARIS m’était conté…

jeudi 28 mars 2013 par Dr Philippe Carré1181 visites

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Qui tousse la nuit petit sera allergique plus grand ? Et si PARIS m’était conté…

Qui tousse la nuit petit sera allergique plus grand ? Et si PARIS m’était conté…

jeudi 28 mars 2013, par Dr Philippe Carré

La toux sèche nocturne comme marqueur d’allergie chez les enfants d’âge préscolaire : la cohorte de naissance PARIS. : Rancière F, Nikasinovic L, Momas I.

Dry night cough as a marker of allergy in preschool children : the PARIS birth cohort.

dans Pediatr Allergy Immunol 2013 : 24 : 131–137.

 Contexte :

  • La détection précoce des enfants à risque de développer une allergie est un challenge important
  • Les premières analyses chez les enfants de la cohorte PARIS (Risque de Pollution et d’Asthme : une Etude Infantile) suggéraient que la toux sèche nocturne était associée à des troubles allergiques rapportés par les parents
  • Le but de cette étude était de préciser cette donnée en analysant l’évolution dans le temps de la toux sèche nocturne de la naissance à l’âge de 4 ans, en relation avec des marqueurs sanguins d’atopie et la morbidité allergique.

 Méthodes :

  • Les données de santé étaient régulièrement communiquées par des questionnaires parentaux auto-administrés
  • Les marqueurs sanguins d’atopie étaient mesurés à l’âge de 18 mois
  • Les enfants avec des tableaux similaires de toux sèche nocturne pendant les 4 premières années de vie étaient groupés ensemble par des méthodes de clusters
  • Les associations avec l’atopie et l’allergie étaient étudiées en utilisant une régression logistique multinomiale.

 Résultats :

  • Trois types de toux sèche nocturne ont été identifiés chez 1869 enfants
  • A côté du groupe jamais / rare (72.4 %), le groupe transitoire (8.8 %) était composé d’enfants qui toussaient au cours de la première année et guérissaient à l’âge de 4 ans, alors que le groupe progressif (18.8 %) incluait tous les enfants symptomatiques à l’âge de 4 ans, qu’ils soient tousseurs persistants ou tardifs
  • Comparativement au groupe « jamais / rare », le groupe « progressif » était associé significativement à un taux d’IgE totales élevé (OR 1.70, IC à 95% 1.21-2.39) et à une sensibilisation aux pneumallergènes à l’âge de 18 mois (OR 2.66, IC à 95% 1.26-5.61), et à des maladies allergiques diagnostiquées médicalement au cours des 4 premières années, telle que la pollinose (OR 2.52, IC à 95% 1.49-4.26) et l’eczéma (OR 1.29, IC à 95% 1.00-1.66).

 Conclusions :

  • Cette étude apporte des preuves en faveur de l’hypothèse que la toux sèche nocturne persistante / tardive est un indicateur d’allergie chez les enfants d’âge préscolaire.

La détection précoce des enfants à risque de développer de l’asthme allergique est un vrai challenge ; parmi les troubles respiratoires qui peuvent affecter les enfants, la toux est un symptôme fréquent ; c’est un symptôme non spécifique qui peut correspondre à plusieurs étiologies, dont l’asthme, surtout quand cette toux est nocturne et sèche ; elle a cependant été peu étudiée dans les enquêtes épidémiologiques.

Les auteurs ont donc étudié la chronologie et l’évolution naturelle de la toux sèche nocturne dans une étude de cohorte (PARIS) de 3840 enfants nés entre 2003 et 2006 dans cinq maternités parisiennes, en identifiant leur évolution respiratoire au cours des 4 premières années de leur vie. Ils ont recueilli à cet effet des données depuis leur naissance jusqu’à l’âge de 4 ans : interrogatoire de la mère à la naissance, auto-questionnaires annuels, examen médical à l’âge de 18 mois, incluant un prélèvement sanguin pour dosage des IgE totales, du Phadiatop et du Trophatop. Ils ont pu ainsi déterminer des groupes de sujets présentant des caractéristiques communes d’évolution de la toux nocturne (clusters).

Trois types d’enfants ont été caractérisés en fonction de l’existence d’une toux sèche nocturne :

  • ceux qui ne toussaient pas (72.4 %)
  • ceux qui toussaient de façon transitoire au cours de la première année de vie (8.8 %)
  • ceux qui toussaient encore à l’âge de 4 ans, que la toux soit tardive (débutant après 2 ans) ou persistante (débutant avant 2 ans), et qu’elle soit associée ou non à des sifflements ; ce groupe était clairement associé à l’atopie (IgE augmentées) et à une morbidité allergique (notamment pollinose et eczéma).

Cette étude est intéressante car c’est une des rares à étudier l’évolution de la toux en utilisant une approche statistique (régression logistique), et à mesurer les taux des IgE de façon précoce (18 mois) ; ces données sont intéressantes car la sensibilisation allergique dans l’enfance est un facteur de risque de développement des maladies atopiques, en particulier de l’asthme, à l’âge scolaire.

Les sifflements seuls ne permettent pas toujours de prédire la survenue ultérieure d’un asthme chez les jeunes enfants, et cette étude suggère que la toux sèche nocturne à l’âge préscolaire (avant 4 ans) pourrait aider à distinguer ceux plus à même de développer de l’allergie dans leur vie ultérieure, et en particulier de l’asthme, que la toux soit ou non associée à des sifflements.

Il existe donc un sous-groupe de jeunes enfants tousseurs tardifs ou persistants qu’il serait primordial de pouvoir détecter car ils sont particulièrement exposés à développer dans l’avenir des pathologies allergiques IgE dépendantes.

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