Le réseau qui fait peur aux malades : faut-il encore accepter de prendre des médicaments ?

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Le réseau qui fait peur aux malades : faut-il encore accepter de prendre des médicaments ?

Le réseau qui fait peur aux malades : faut-il encore accepter de prendre des médicaments ?

lundi 14 octobre 2013, par Dr Stéphane Guez

L’anaphylaxie sévère induite par les médicaments : analyse de 333 cas enregistrés par le réseau d’Allergo-Vigilance de 2002 à 2010. : Renaudin J-M, Beaudouin E, Ponvert C, Demoly P, Moneret-Vautrin D-A. Severe drug-induced anaphylaxis : analysis of 333 cases recorded by the Allergy Vigilance Network from 2002 to 2010.

dans Allergy 2013 ; 68 : 929–937.

 Introduction :

  • Peu de cas bien documentés d’anaphylaxies sévères induites par les médicaments (SDA) sont disponibles.

 Matériel et Méthode :

  • Les cas recueillis par le réseau d’Allergo-vigilance de 2002 à 2010 ont été analysés en prenant en compte les signes cliniques, les médicaments suspects, l’efficacité de l’approche diagnostique par étapes, reposant sur l’utilisation des tests cutanés, les résultats de tests biologiques et des tests de provocation par voie orale.

 Résultats :

  • 333 cas concernent 300 adultes (90.1%) et 33 enfants (9.9%) :
    • 206 femmes (61.9%)
    • et 127 hommes (38.1%).
  • L’âge moyen est de 42.7 +/- 18 ans.
  • Il a été enregistré : des chocs anaphylactiques (76.6%), des réactions systémiques sévères (10.5%), des oedèmes laryngés aigus (9%), des bronchospasmes sévères (2.1%) et enfin 6 décès (1.8%).
  • Il y a eu 270 cas (81.1%) d’anaphylaxie ambulatoire, et 63 cas (18.9%) sont survenus au cours d’une anesthésie.
     L’hospitalisation a été nécessaire dans 94.8% des cas :
    • 23.7% des patients ont été admis en unité de soins intensifs.
    • L’épinéphrine a été utilisée dans 57.9% des cas.
  • 84 médicaments ont été impliqués :
    • antibiotiques (49.6%),
    • myorelaxants,
    • latex et produits anesthésiques (15%),
    • AINS (10.2%)
    • immunothérapie et vaccins (3.9%)
    • et autres médicaments (13%).
  • Parmi les antibiotiques, l’amoxicilline (97 cas), les autres pénicillines (4 cas), les céphalosporines (41 cas), les quinolones (15 cas) et la pristinamycine (7cas) sont les plus rencontrés.
  • Le diagnostic d’hypersensibilité médicamenteuse est réalisé par de tests cutanés dans 72.9% des cas, des test de biologie seulement dans 2.4% des cas et par un test de provocation par voir orale seulement dans 3.9% des cas.

 Conclusions :

  • Ces 333 cas fournissent des informations sur les médicaments impliqués dans les anaphylaxies sévères.
  • L’efficacité des tests cutanés et la faible utilisation des tests biologiques sont mises en évidence.
  • La poursuite des progrès dépend des tests par voie orale.

Ce travail rapporte les résultats des déclarations de réactions anaphylactiques sévères au réseau national d’Allergo-vigilance de 2002 à 2010. Il précise les manifestations sévères le plus souvent rencontrées ainsi que les médicaments suspectés. Le diagnostic d’allergie médicamenteuse reste cependant difficile.

Ce travail très intéressant permet donc d’apprécier la réalité de l’anaphylaxie sévère en France ainsi que les médicaments les plus souvent responsables. Bien entendu, il ne s’agit pas d’un recueil exhaustif de tous les cas d’anaphylaxie rencontrés en pratique quotidienne par l’ensemble des médecins (en particulier pas les urgentistes). Mais ces données sont bien supérieures à celles de la pharmacovigilance classique.

Les auteurs soulignent les difficultés rencontrées dans le diagnostic de certitude d’allergie médicamenteuse. Les concentrations médicamenteuses pour la pratique des tests cutanés ne sont pas codifiées pour toutes les molécules, l’apport de la biologie est négligeable. Reste le test de provocation par voie orale, mais qui ne peut pas être considéré comme un bon test diagnostic car : d’une part il est potentiellement dangereux et donc non accepté par de nombreux patients, et d’autre part il ne permet pas de porter avec certitude le diagnostic du mécanisme de l’hypersensibilité médicamenteuse.

Ce travail confirme qu’il est indispensable de développer de nouveaux outils diagnostiques dans l‘allergie médicamenteuse et cela doit passer par la mise au point de nouveaux tests biologiques ayant une bonne sensibilité et une bonne spécificité.

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