Accueil du site > Maladies > Atopie > Forcément si la mère prend des produits chimiques pendant sa grossesse elle (…)

Forcément si la mère prend des produits chimiques pendant sa grossesse elle rend ses enfants allergiques : gare aux procès par des papas mécontents !!
lundi 18 novembre 2013, par
Exposition prénatale aux médicaments antiacides et risque de maladies allergiques chez les enfants : une étude de cohorte. : B Mulder1,*, CCM Schuiling-Veninga1, HJ Bos1, TW De Vries2, SS Jick3,4, E Hak1,5
DOI : 10.1111/cea.12227
dans Vol. 43 Issue 11
Clinical & Experimental Allergy
– Introduction :
- Des études récentes rapportent un risque plus élevé de développement d’asthme chez les enfants ayant été exposés en prénatal à des médicaments antiacides.
- Comme le mécanisme physiopathologique est univoque, il est possible que ces médicaments aient également un effet sur d’autres maladies allergiques.
– Matériel et Méthode :
- En utilisant une base de données thérapeutique, les auteurs ont conduit une étude de cohorte parmi 33536 enfants aux Pays-Bas, avec un suivi maximum de 8 ans.
- L’exposition maternelle a été définie par la prescription de 1 ou plus inhibiteurs de la pompe à protons (PPI) et/ou d’un antiH2 (H2A) durant la grossesse.
- Les enfants ont été considérés comme ayant une maladie allergique induite par les médicaments s’ils ont reçus 2 ou plus prescriptions pour des corticoïdes, cutanés (dermatite atopique), inhalés (asthme) ou nasal (rhinite allergique) durant une période de 12 mois.
- Une étude de régression a été utilisée pour estimer le risque brut ou ajusté avec un intervalle de confiance de 95%.
– Résultats :
- Le risque de développer une affection allergique est de 1.37 (IC95% : 1.14 – 1.66) pour les enfants exposés aux PPI ou aux H2A.
- Une exposition prénatale aux PPI et/ou aux H2A est associé avec une dermatite atopique, un asthme et une rhinite allergique avec un risque ajusté respectivement de :
- dermatite atopique : 1.32 (IC95% : 1.06-1.64),
- asthme : 1.57 (IC95% : 1.20 – 2.05) et
- rhinite allergique : 2.40 (IC95% : 1.42-4.04).
- Le risque ajusté pour le développement de :
- 2 affections allergiques est de 2.13 (IC95% : 1.43-3.19)
- et pour 3 atteintes allergiques de 5 .18 (IC95% : 2.16-12.42) :
- il est toujours plus élevé après une exposition prénatale aux PPI et aux H2A.
– Conclusion :
- L’exposition prénatale aux PPI et aux H2A semble associée à une augmentation du risque de développer une dermatite atopique, un asthme et une rhinite allergique chez les enfants, surtout au développement de multiples affections allergiques.
- Comme cette étude à des limites liées à son caractère observationnel, il est nécessaire maintenant de réaliser des études prospectives pour confirmer ou non ces résultats.
Dans cette étude observationnelle, les auteurs montrent qu’il existe un lien entre le risque de développer une maladie allergique chez les enfants et l’exposition maternelle durant la grossesse à des antiacides : soit IPP soit anti-H2. Le risque est particulièrement élevé chez les enfants ayant de multiples affections allergiques.
Ce travail prend en compte une donnée largement méconnue qui est l’impact des traitements médicamenteux pris par la mère durant la grossesse et le risque allergique de l’enfant à naître.
Durant la grossesse le reflux gastro-oesophagien est en effet fréquent, parfois majeur, nécessitant alors la prescription d’antiacides. Par ailleurs ces médicaments sont très largement prescrits et utilisés en médicine de ville, et nombreux sont les patientes qui en prennent, parfois en omettant de l’indiquer au spécialiste consulté.
Le physiopathologie de la relation entre antiacides et allergie est mal connue : une hypothèse serait que les antiacides inhibent la dégradation de certaines protéines, laissant intact des épitopes allergisants.
On comprend cependant mal pourquoi il n’y a pas un risque beaucoup plus élevé si réellement les antiacides, qui sont largement utilisés chez les femmes enceintes, ont vraiment ce potentiel inducteur d’allergie. D’autre part il s’agit ici d’allergies respiratoires et non d’allergies alimentaires : il y aurait donc un passage physiopathologique par une action stimulante sur l’augmentation des TH2…
Bref, il y a encore beaucoup de questions non résolues, et comme le soulignent très sagement les auteurs dans leurs conclusions, il faut d’abord des études prospectives pour confirmer ces résultats.
Recevez les actualités chaque mois