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Le staphylocoque est doré à point chez les asthmatiques.
vendredi 22 novembre 2013, par
Les IgE spécifiques de l’entérotoxine à Staphylocoque doré sont associées à l’asthme dans la population générale : étude GA2LEN. : Tomassen P, Jarvis D, Newson R, Van Ree R, Forsberg B, Howarth P, Janson C, Kowalski ML, Krämer U, Matricardi PM, Middelveld RJM, Todo-Bom A, Toskala E, Thilsing T, Brożek G, Van Drunen C, Burney P, Bachert C. Staphylococcus aureus enterotoxin-specific IgE is associated with asthma in the general population : a GA²LEN study.
dans Allergy 2013 ; 68 : 1289–1297.
– Contexte :
- Les IgE spécifiques aux entérotoxines (IgEs-E) du staphylocoque doré ont été associées à l’asthme
- Dans la population générale, le but était de déterminer la prévalence et les facteurs de risque des IgEs-E et d’examiner leur association à l’asthme.
– Méthodes :
- Un questionnaire postal a été envoyé à un échantillon randomisé d’adultes dans dix neuf centres à travers l’Europe
- Un échantillon randomisé de répondeurs a été invité à un examen clinique au cours duquel on leur demandait de répondre à un questionnaire, on leur faisait des prick-tests cutanés aux aéroallergènes communs et un prélèvement sanguin pour la mesure des IgE totales et des IgEs-E
- Les risques étaient analysés dans les centres en utilisant une régression logistique pondérée, et les estimations totales calculées par des méta-analyses à effets fixes.
– Résultats :
- 2908 sujets ont été inclus dans cette analyse
- La prévalence des IgEs-E positives était de 29.3% ; aucune variation géographique significative n’a été observée
- Contrairement aux prick-tests cutanés positifs, les IgEs-E étaient plus fréquentes chez les fumeurs (<15 paquets-années PA :OR 1.11, p=0.079, > 15 PA :OR 1.70, p<0.001), et la prévalence ne diminuait pas dans les groupes les plus âgés ou chez ceux ayant de nombreux enfants
- Le taux des IgE totales était plus élevé chez ceux ayant des IgEs-E positives que chez ceux ayant des tests cutanés positifs
- Les IgEs-E étaient associées à l’asthme (OR 2.10, IC à 95% :1.60-2.76, p=0.001) de façon dépendante à leur concentration
- Cet effet était indépendant du résultat des tests cutanés et homogène dans tous les centres.
– Conclusions :
- Les auteurs rapportent pour la première fois que les IgEs-E sont habituelles dans la population générale à travers l’Europe et que ces facteurs de risque diffèrent de ceux des IgE vis à vis des aéroallergènes
- C’est la première étude à montrer que les IgEs-E sont associées de façon significative et indépendante à l’asthme dans la population générale.
Cette étude épidémiologique multicentrique européenne de population à grande échelle est la première à démontrer que :
- la sensibilisation à S. aureus est assez fréquente chez l’adulte (environ 30%) et homogène dans les différents centres européens
- qu’elle existe de façon indépendante par rapport à la sensibilisation aux autres aéroallergènes habituels
- qu’elle est associée à un taux élevé d’IgE totales et à l’asthme
- que comparativement aux autres aéroallergènes habituels, elle est plus fréquente chez les fumeurs et au moins aussi fréquente chez ceux ayant des enfants par rapport à ceux n’en ayant pas.
Il semble que les entérotoxines de S. aureus peuvent jouer un rôle dans la physiopathologie des maladies chroniques des voies aériennes ; elles agissent comme des superantigénes et provoquent une réponse immunologique polyclonale intense, par une liaison non spécifique des molécules de classe II du complexe majeur d’histocompatibilité aux récepteurs des cellules T ; cette interaction est indépendante de la reconnaissance antigénique.
On sait peu de choses sur la relation entre la sensibilisation aux entérotoxines et la colonisation à S. aureus dans les voies aériennes supérieures ou inférieures, bien qu’il soit admis couramment que la colonisation soit insuffisante pour générer une réponse à IgE ; mais les IgEs-E étant associées dans cette étude à l’asthme de façon dépendante à leur concentration, ceci suggère que leur effet physiopathologique est médié principalement par les IgE ; une preuve pourrait en être que le traitement par l’omalizumab (un anti-IgE) a été prouvé comme pouvant être efficace dans la polypose naso-sinusienne, pathologie souvent associée à une colonisation à S. aureus.
La sensibilisation IgE dépendante à l’entérotoxine de S. aureus évolue donc selon un mode différent de celui des autres pneumallergènes et reflète probablement un mécanisme physiopathologique différent.
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