Surinfection et dermatite atopique : manque de « peau » ? ou de peptides anti microbiens ?

lundi 28 octobre 2002 par Dr Stéphane Guez6026 visites

Accueil du site > Maladies > Atopie > Surinfection et dermatite atopique : manque de « peau » ? ou de peptides (…)

Surinfection et dermatite atopique : manque de « peau » ? ou de peptides anti microbiens ?

Surinfection et dermatite atopique : manque de « peau » ? ou de peptides anti microbiens ?

lundi 28 octobre 2002, par Dr Stéphane Guez

Le risque permanent des lésions d’eczéma dans le cadre de la dermatite atopique est la surinfection à staphylocoques. La dermatite atopique est secondaire à des anomalies intrinsèques de la structure de la peau : peut-on expliquer également par des anomalies structurale cette tendance à la surinfection ?

Peptides anti-microbiens endogènes et infection cutanée dans la dermatite atopique. : Peck Y. Ong, M.D., Takaaki Ohtake, M.D., Ph.D., Corinne Brandt, B.S., Ian Strickland, Ph.D., Mark Boguniewicz, M.D., Tomas Ganz, M.D., Ph.D., Richard L. Gallo, M.D., Ph.D., and Donald Y.M. Leung, M.D., Ph.D. From the Division of Allergy and Immunology, Department of Pediatrics, National Jewish Medical and Research Center, Denver (P.Y.O., I.S., M.B., D.Y.M.L.) ; the Department of Pediatrics, University of Colorado Health Sciences Center, Denver (M.B., D.Y.M.L.) ; the Division of Dermatology, Department of Medicine and Pediatrics, University of California, San Diego, and the Veterans Affairs San Diego Health Care System, San Diego (T.O., C.B., R.L.G.) ; and the Division of Pulmonary and Critical Care Medicine, Departments of Medicine and Pathology, School of Medicine, University of California, Los Angeles (T.G.). dans NEJM Volume 347:1151-1160 October 10, 2002 Number 15

Le système immun de la peau humaine contient des peptides anti-microbiens dénommés cathelicidins (LL-37) et B-defensins. Dans la peau normale ces peptides sont négligeables, mais ils s’accumulent dans la peau atteinte par une inflammation comme le psoriasis. Les auteurs ont étudié le niveau d’expression de LL-37 et de la defensin -humaine (HBD-2) dans la peau inflammatoire de patients ayant une dermatite atopique et chez des patients ayant un psoriasis.

  Méthodes :
* Ll’étude de l’expression des protéines LL-37 et HBD-2 provenant de biopsies réalisées chez des patients ayant un psoriasis, une dermatite atopique et des patients normaux, a été faite par analyse immuno-histochimique.
* La quantité de peptides antimicrobiens dans les prélèvements de peau a été également analysé par immunoblot (LL-37) et western-blot (HBD-2).
* Une analyse quantitative a été effectué par RT-PCR et a permis de quantifier l’expression relative d’ ARNm des protèines HBD-2 et LL-37 des biopsies.
* Ces peptides ont également été testés contre un staphylocoque aureus par le biais d’une culture afin d’apprécier leurs capacités anti-microbiennes.

 Résultats :
* L’analyse immunohistochimique confirme la présence de quantité abondante de LL-37 et de HBD-2 dans l’épiderme superficiel de tous les patients avec un psoriasis.
* Le marquage immunologique de ces peptides est significativement diminué dans les lésions chroniques et aiguës de la dermatite atopique (respectivement p=0.006 et p=0.03 ).
* Ces résultats ont été confirmé par immunobot et western blot.
* La méthode par PCR a montré une expression significativement diminuée de HBD-2 mRNA et LL-37mRNA dans les lésions atopiques par rapport au psoriasis (respectivementt p=0.009 et p=0.02 ).
* La combinaison de LL-37 et HBD-2 a un activité synergique antimicrobienne en tuant effectivement le staphylocoque aureus dans les cultures.

 Conclusions : Un déficit de l’expression des peptides antimicrobiens pourrait expliquer la susceptibilité des patients ayant une dermatite atopique vis-à-vis du staphylocoque aureus.


La connaissance de ces peptides anti-microbiens est très intéressante, et suscite beaucoup de questions :
* les corticoïdes ne peuvent-ils pas diminuer encore plus l’expression de ces peptides ? et quid du tacrolimus ?
* Peut-on restaurer la présence de ces peptides sachant que leur expression dans la peau normale est négligeable.

Il semble donc que, dans la dermatite atopique, le problème soit surtout celui d’une absence de réponse de type production de peptides anti-microbiens à une agression microbienne plutôt qu’un déficit à l’état basal. A suivre.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois