Accueil du site > Maladies > Diagnostic > Allergique certes, mais d’un nez seulement !

Allergique certes, mais d’un nez seulement !
lundi 28 octobre 2002, par
Beaucoup de rhinites persistantes sont inexpliquées. La tentation est grande de penser qu’il peut s’agir d’une sensibilisation localisée à la muqueuse nasale. Les auteurs tentent de le démontrer en pratiquant des tests de provocation nasale spécifiques d’allergènes.
Tests de provocation nasale atypiques chez des patients atteints de rhinite idiopathique : élément complémentaire en faveur de l’allergie en l’absence d’atopie. : A. S. Carney, D. G. Powe, R. S. Huskisson and N. S. Jones Departments of Otolaryngology - Head & Neck Surgery, andClinical Laboratory Sciences, Queen’s Medical Centre, Nottingham, UK dans Clinical & Experimental Allergy 32 (10), 1436-1440.
doi : 10.1046/j.1365-2745.2002.01465.x
– CONTEXTE. La physiopathologie de la rhinite idiopathique est inconnue bien qu’il existe des éléments suggérant que nombre de patients puissent avoir une forme localisée de rhinite allergique en l’absence de symptôme ou de marqueur de l’atopie.
Cette étude compare les résultats détaillés de tests de provocation nasale (TPN) pratiqués chez des patients atteints de rhinite idiopathique, comparés à ceux obtenus chez des patients atopiques et des patients indemnes comme contrôle.
– METHODES.
* Les patients atteints de rhinite idiopathique (n=23), de rhinite pérenne allergique (n=8) et les patients du groupe de contrôle (n=8) ont subi un TPN au sérum salé afin d’exclure l’hyperréactivité non spécifique et ensuite un TPN spécifique allergénique.
* Le degré de liberté des voies nasales a été évalué par la rhinomanométrie antérieure active.
– RESULTATS.
* Tous les patients souffrant de rhinite allergique montraient un TPN bilatéral spécifique allergénique positif.
* Tous les sujets du groupe de contrôle avaient ce même test de provocation négatif.
* Deux patients du groupe rhinite idiopathique testés positifs au sérum salé ont été exclus de l’étude alors que 62% des patients restants de ce groupe avaient un test de provocation nasale spécifique allergénique positif.
* Parmi les patients souffrant de rhinite idiopathique et ayant un test de provocation positif, 85 % étaient sensibles aux acariens domestiques.
– CONCLUSION. Une proportion significative de patients atteints de rhinite idiopathique a présenté un test de provocation nasale positif, la majorité aux allergènes des acariens domestiques. Ces constatations s’ajoutent au poids des preuves pour suggérer que l’allergie localisée puisse exister en l’absence de marqueurs de l’atopie.
A mon avis, cette étude est à prendre avec des pincettes.
D’abord, le nombre faible de patients inclus peut constituer un biais de mauvaise représentativité.
Ensuite, il s’avère que j’ai une expérience importante de TPN sous contrôle rhinothermométrique et rhinomanométrique tant en patientèle libérale qu’hospitalière. Les confrères m’adressent toutes ces rhinites qui ne font pas leur preuve et dont les porteurs n’ont pas de profil atopique (pas d’antécédent familial ou personnel d’atopie, pas d’autres manifestations d’atopie, tests cutanés et tests sériques négatifs). De mémoire, j’en ai vu une bonne centaine. Aucun de ces patients n’avait de TPN positif.
Je reste donc très septique quant aux résultats de cette étude.
Les indications du TPN restent donc les allergies professionnelles, la vérification de l’efficacité d’une vaccination allergénique, et, dans le cadre d’une polysensibilisation révélée par les tests cutanés, de faire le distinguo entre sensibilisation et allergie vraie.
On le sait ces rhinites dites idiopathiques présentent très souvent une hyperréactivité nasale extrême, je pense que certaines de ces rhinites soumises à des TPN itératifs peuvent réagir pour simuler une réactivité croissante en fonction du nombre d’applications de dose d’allergènes à concentration de plus en plus forte. Ce phénomène produit alors une courbe dose/réponse d’allure spécifique.
Les fans du TPN : à vos pincettes ! Croyez-moi, il n’y a rien de plus compliqué qu’un test de provocation, il faut savoir avant tout ce que l’on cherche. Attention aux multiples biais.
Recevez les actualités chaque mois