Nouveau-nés : choisissez plutôt une mère non asthmatique pour bien débuter dans la vie.

mercredi 5 février 2014 par Dr Philippe Carré377 visites

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Nouveau-nés : choisissez plutôt une mère non asthmatique pour bien débuter dans la vie.

Nouveau-nés : choisissez plutôt une mère non asthmatique pour bien débuter dans la vie.

mercredi 5 février 2014, par Dr Philippe Carré

Évaluation de la santé néonatale d’enfants nés de mères asthmatiques. : Pauline Mendola, Tuija I. Männistö, Kira Leishear, Uma M. Reddy, Zhen Chen, S. Katherine Laughon

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - January 2014 (Vol. 133, Issue 1, Pages 85-90.e4, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.06.012)

 Contexte :

  • L’asthme maternel est associé à des complications graves au cours de la grossesse, mais la morbidité du nouveau-né est peu étudiée.

 Objectif :

  • Déterminer si les enfants de mères asthmatiques ont plus de complications néo-natales.

 Méthodes :

  • Une cohorte rétrospective (le Consortium sur le travail gestationnel normal, 2002-2008) incluait 223.512 accouchements d’enfant unique à au moins 23 semaines de gestation
  • Les nouveau-nés de mères asthmatiques (n=17.044) étaient comparés aux nouveau-nés de mères non asthmatiques, en utilisant des modèles de régression logistique avec des équations d’estimation générales pour calculer les oddsratios ajustés (OR) et les intervalles de confiance à 95% (IC)
  • Les données médicales électroniques recueillies incluaient la semaine de gestation lors de la délivrance, le poids de naissance, des manœuvres de réanimation, une admission en unité de soins intensifs néo-natale (USI), la durée en USI, une hyperbilirubinémie, un syndrome de détresse respiratoire, des apnées, un sepsis, une anémie, une tachypnée transitoire du nouveau-né, une pneumonie, une asphyxie, une hémorragie cérébrale, des convulsions, une cardiomyopathie, une hémorragie péri ou intraventriculaire, une entérocolite nécrotique, une aspiration, une rétinopathie du prématuré, et enfin la mortalité périnatale.

 Résultats :

  • Une délivrance pré terme était associée à un asthme maternel pour chaque semaine au-delà de 33 semaines de gestation complète, et pas plus tôt
  • L’asthme maternel augmentait aussi les OR de petite poids pour l’âge gestationnel (OR=1.10 ; IC, 1.05-1.16), d’admission en USI (OR=1.12 ; IC, 1.07-1.17), d’hyperbili-rubinémie (OR=1.09 ; IC, 1.04-1.14), de syndrome de détresse respiratoire (OR=1.09 IC, 1.01-1.19), de tachypnée transitoire du nouveau-né (OR=1.10 ; IC, 1.01-0.19), et d’asphyxie (OR=1.34 ; IC, 1.03-1.75)
  • Les données persistaient pour les enfants nés à terme (≥ 37 semaines) qui avaient des OR additionnels augmentés d’hémorragie intracérébrale (OR=1.84 ; IC, 1.11-3.03) et d’anémie (OR=1.30 ; IC, 1.04-1.62).

 Conclusions :

  • L’asthme maternel était associé à une prématurité et à un petit poids pour l’âge gestationnel
  • Une évolution néonatale anormale, incluant des complications respiratoires, une hyperbilirubinémie et une admission en USI, était augmentée en lien avec l’asthme maternel, même en cas de délivrance à terme.

L’asthme maternel est la maladie chronique la plus fréquente au cours de la grossesse, et elle augmente le risque de délivrance précoce et de faible poids de naissance.

Les auteurs ont évalué une cohorte rétrospective de 223.512 accouchements d’enfant unique d’au moins 23 semaines de gestation, et ont comparé les nouveau-nés de mères asthmatiques (n=17.044) à ceux de mères non asthmatiques, en étudiant le risque pré-terme pour chaque semaine de gestation entre la 23è et la 37è semaine, et en évaluant les complications néo-natales sérieuses mais moins fréquentes, à partir du recueil d’un grand nombre de données médicales multiples.

La naissance prématurée pré-terme n’était pas augmentée parmi les enfants de femmes asthmatiques, avec des risques comparables entre les semaines 23 et 33, une augmentation significative apparaissant aux semaines 34, 35 et surtout 36.

Beaucoup des complications graves n’étaient pas augmentées chez les nouveau-nés de mères asthmatiques, malgré un risque augmenté chez elles de complications gestationnelles et obstétricales. Cependant, il a été mis en évidence un risque plus élevé d’admissions en soins intensifs, d’hyperbilirubinémie et de complications respiratoires chez les nouveau-nés de mères asthmatiques par rapport aux non-asthmatiques, et ces risques étaient indépendants de la prématurité ou de la délivrance par césarienne. En particulier, le syndrome de détresse respiratoire, l’asphyxie et la tachypnée transitoire du nouveau-né survenaient plus fréquemment chez les enfants de mères asthmatiques.

Les mécanismes qui sous-tendent l’effet de l’asthme maternel sur les complications respiratoires du nouveau-né ne sont pas clairs ; il est possible qu’elles soient liées à des facteurs génétiques communs aux mères et aux enfants ; ceux-ci peuvent par exemple avoir des haplotypes de la protéine A du surfactant qui pourrait leur conférer un risque d’une fonction respiratoire moins optimale ; des études chez l’animal suggèrent aussi des mécanismes génétiques associés à une hypo réactivité béta-adrénergique qui pourrait interférer avec la résorption du liquide pulmonaire en diminuant la production qui survient normalement après la naissance.

Des recherches complémentaires sont nécessaires sur la prise en charge de l’asthme pendant la grossesse, pour savoir si l’optimisation du contrôle de l’asthme peut réduire les risques chez le nouveau-né.

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