Dis-moi ma souris, t’es allergique à mon acide folique ?

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Dis-moi ma souris, t’es allergique à mon acide folique ?

Dis-moi ma souris, t’es allergique à mon acide folique ?

lundi 3 mars 2014, par Dr Philippe Carré

Associations entre les taux de folates et de vitamine D sériques et la sensibilisation incidente à la souris. : Corinne A. Keet, Wayne G. Shreffler, Roger D. Peng, William Matsui, Elizabeth C. Matsui

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - February 2014 (Vol. 133, Issue 2, Pages 399-404, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.09.042)

 Contexte :

  • Bien qu’à la fois l’apport en acide folique et les taux de vitamine D soient considérés comme étant impliqués dans l’augmentation de l’incidence des maladies allergiques, des études prospectives sur cette relation potentielle n’ont pas été faites chez les adultes.

 Objectif :

  • Déterminer si les taux de folates et de vitamine D sériques sont associés à une sensibilisation incidente à la souris parmi les nouveaux employés d’un laboratoire de souris.

 Méthodes :

  • Ont été inclus les sujets ayant débuté un emploi au laboratoire Jackson entre juin 2004 et juillet 2007
  • Des tests cutanés à la souris et à d’autres allergènes ainsi que le recueil des données d’un questionnaire ont été réalisés à l’état basal et tous les 6 mois
  • Les taux de folates et de vitamine D sériques ont été mesurés sur des échantillons à l’état basal et conservés à -80°C
  • Les taux de folates ont été répartis en tertiles (2.5-10.5, 10.5-16.2, et 16.2-78.4 ng/mL, respectivement)
  • Les taux de vitamine D était caractérisés en : moins de 20 ng/mL, 20 à 29 ng/mL, et 30 ou plus ng/mL
  • Il s’agissait d’une étude cas-témoins intriquée, où 5 sujets contrôles étaient appariés à chaque cas en fonction de l’atopie de base et du type d’emploi
  • Il s’agissait d’analyses multi variées contrôlées sur l’âge, le sexe, l’éducation, le tabagisme, la saison, l’exposition personnelle à la souris, et les taux de folates et de vitamineD sériques.

 Résultats :

  • La cohorte a inclus 35 cas exposés et 47 sujets contrôles
  • Les odds (OR) de sensibilisation incidente à la souris étaient plus élevés dans les tertiles intermédiaires et les plus élevés de folates sériques par rapport au tertile le plus faible de folates (OR de 10.5 (IC 95% 1.8, 61.5, p=0.009) et de 5.6 (IC 1.8-31.3, p=0.049, respectivement), dans le modèle multi varié
  • Les taux de vitamineD sérique n’étaient pas associés à la sensibilisation incidente à la souris.

 Conclusions :

  • Ces résultats sont en faveur du rôle des taux d’acide folique plus élevés dans l’augmentation du risque de maladie allergique incidente, même à l’âge adulte.

Les auteurs ont cherché à analyser l’association entre les taux de folates et de vitamine D sériques et l’incidence des maladies allergiques.

Pour ce faire, ils ont mesuré de façon séquentielle les taux sériques chez 35 sujets nouvellement employés dans un laboratoire animalier et exposés aux allergènes de souris, en les rapportant à leur sensibilisation (déterminée sur la positivité des prick-tests cutanés à la souris et à d’autres pneumallergènes), par rapport à 47 sujets contrôles appariés non exposés (5 contrôles pour chaque sujet exposé).

Les auteurs ont trouvé que les sujets ayant un taux de folates dans le tertile moyen du dosage avaient un risque de sensibilisation 10 fois plus élevé que ceux étant dans le tertile le plus faible, alors que ceux dans le tertile le plus élevé avaient un risque 6 fois plus élevé. Ceci confirme les quelques données de la littérature concernant le risque plus élevé d’allergie lié à l’augmentation des taux de folates, et ce même à l’âge adulte.

Par contre, alors que l’hypothèse que des taux de vitamine D plus bas seraient associés à un risque plus élevé de sensibilisation, cette étude a montré plutôt une tendance inverse.

Le mécanisme concernant le rapport entre folates et sensibilisation allergique accrue pourrait être des modifications épigénétiques : comme donneur de méthyle, l’acide folique pourrait contribuer à une méthylation accrue des aires génétiques liées à l’allergie. D’autres mécanismes ont été proposés, comme l’activation par les métabolites des folates de cellules T invariantes, le turn-over de l’ADN, l’interférence avec la différentiation des TH2.

Il est certainement prématuré de recommander d’après ces résultats la diminution des apports en acide folique, en particulier chez la femme enceinte. Des recherches sont nécessaires pour comprendre les mécanismes de cette association, et déterminer éventuellement s’il y a un taux d’acide folique optimal qui soit recommandé pour la prévention des maladies allergiques.

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