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Allergiques aux venins, faîtes donc cuire votre poisson !
mercredi 26 mars 2014, par
Réactivité croisée entre les allergènes d’Anisakis et de venin de guêpe. : Rodríguez-Pérez R.a · Monsalve R.I.c · Galán A.c · Perez-Piñar T.a · Umpierrez A.b · Lluch-Bernal M.b · Polo F.b · Caballero M.L.a
Departments of aImmunology and bAllergy, Hospital Carlos III, and cALK-Abelló, Madrid, Spain
dans Int Arch Allergy Immunol 2014 ;163:179-184 (DOI:10.1159/000358060)
– Contexte :
- L’anisakiase est causée par la consommation de poissons ou de mollusques crus ou insuffisamment cuits, parasités par les larves vivantes L3 des nématodes Anisakis spp.
- Les larves s’accrochent à la muqueuse gastrique et libèrent des produits d’excrétion/sécrétion contenant les principaux allergènes.
- On a déjà décrit la libération par les larves de nématodes d’allergènes apparentés aux protéines de venins, dans leurs produits d’excrétion/sécrétion.
- Nous avons donc étudié les réactivités croisées potentielles entre les allergènes d’Anisakis et de venin de guêpe.
– Méthodes :
- Deux groupes de 25 patients chacun ont été étudiés : des patients allergiques aux venins ou allergiques à Anisakis.
- Les sera des patients étaient testés par ImmunoCAP, par dot-blot avec les allergènes recombinants d’Anisakis, et par système ADVIA-Centaur avec les allergènes d’hyménoptères.
- La réactivité croisée était évaluée par des tests d’inhibition d’IgE en immunoblot.
- Le rôle des CCD (cross-reactive carbohydrate determinants) était étudié par inhibition avec la broméline et après traitement par le périodate.
– Résultats :
- Un total de 40% des patients allergiques aux venins de guêpe avaient des IgE vis à vis de Anisakis simplex, et 20% détectaient au moins un des allergènes recombinants d’Anisakis testés.
- De même, 44% des patients allergiques à Anisakis avaient des IgE vis à vis des venins des guêpes et 16% détectaient au moins un des allergènes d’hyménoptères testés.
- Les patients allergiques au venin de guêpe détectaient les CCD dans les extraits d’Anisakis et les épitopes peptidiques des allergènes d’Anisakis rAni s 1 et rAni s 9, alors que les patients allergiques à Anisakis détectaient uniquement les CCD sur l’allergène nVes v 1 des venins des espèces Vespula.
- Le seul allergène de Anisakis inhibé par le venin de guêpe était rAni s 9.
– Conclusion :
- C’est la première fois qu’une sensibilisation croisée entre le venin de guêpe et Anisakis a été décrite.
- Les CCD sont impliqués dans les deux cas ; toutefois, les épitopes peptidiques sont reconnus seulement par les patients allergiques au venin de guêpe.
Quel est le point commun entre une larve d’Anisakis et une guêpe ? Un nématode et un insecte...c’est bien différent, sauf quelques protéines et quelques sucres.
Cette étude a donc réalisé différentes analyses de séra de patients allergiques à la guêpe et de patients allergiques à Anisakis. Elle a été menée en Espagne, où l’anisakiase est fréquente en raison de la consommation habituelle de poisson et mollusques crus.
L’IgE-réactivité d’allergènes recombinants d’Anisakis et d’allergènes spécifiques de venins a été étudiée, et des immunoblot ont été réalisés avec les séra des patients.
Ces allergènes étant glycosylés, la réactivité vis à vis des CCD était aussi recherchée.
Environ 4 patients allergiques aux venins sur 10 avaient une IgE réactivité pour Anisakis, et inversement. Il s’agissait d’IgE réactivité seulement, sans aucune notion de réactivité clinique.
Cette réactivité était avant tout liée à la présence d’IgE vis à vis des CCD : les allergiques à Anisakis n’avaient pas de réactivité vis à vis des épitopes peptidiques testés, ce qui fait douter de la pertinence clinique de cette réactivité croisée.
Les allergiques au venin de guêpe avaient parfois aussi une réactivité vis à vis de deux allergènes peptidiques : Ani s 1 et Ani s 9, deux protéines spécifiques des nématodes.
Quelles conclusions tirer de ces recherches ? D’une part que la réactivité croisée entre les deux produits allergisants repose avant tout sur la présence de CCD, et qu’elle est donc probablement peu pertinente cliniquement.
La réactivité croisée observée chez les allergiques aux venins vis à vis des deux allergènes d’Anisakis pourrait toutefois faire craindre une réaction allergiques en cas d’exposition aux larves.
On regrette l’absence de données cliniques établies pour étayer cette hypothèse, qui ne repose que sur des tests d’IgE réactivité. Si ces faits sont confirmés, il pourrait en découler des consignes concrètes pour la consommation du poisson en cas d’allergie aux venins. A suivre donc...
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