Asthmatique : montre-moi ce que tu craches, je te dirai qui tu es !

mercredi 14 mai 2014 par Dr Philippe Carré430 visites

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Asthmatique : montre-moi ce que tu craches, je te dirai qui tu es !

Asthmatique : montre-moi ce que tu craches, je te dirai qui tu es !

mercredi 14 mai 2014, par Dr Philippe Carré

Est-ce que la protéine cationique éosinophile et les éosinophiles de l’expectoration sont associés différemment avec les signes cliniques et fonctionnels de l’asthme ? : S. Cianchetti, E. Bacci, L. Ruocco, T. Pavia, M. L. Bartoli, C. Cardini, F. Costa, A. Di Franco, L. Malagrinò, F. Novelli, B. Vagaggini, A. Celi, F. Dente and P. Paggiaro,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 673–680.

 Contexte :

  • Le compte des éosinophiles et les taux de protéine cationique éosinophile (PCE) dans les expectorations sont habituellement augmentés chez les patients asthmatiques
  • La corrélation entre les éosinophiles des expectorations ou la PCE et les caractères cliniques de l’asthme ont déjà été étudiés, mais beaucoup de ces études ont été réalisées sur de petits échantillons de patients asthmatiques, en ne considérant que peu d’indices cliniques, et en n’incluant souvent que des patients sous corticoïdes oraux ou inhalés, qui peuvent être des facteurs de confusion quand on interprète la relation entre l’activité de la maladie et l’inflammation des voies aériennes.

 Objectif :

  • Evaluer si les éosinophiles et la PCE dans l’expectoration étaient reliés de façon différente aux paramètres cliniques et fonctionnels de l’asthme chez un grand nombre de patients asthmatiques naïfs de corticoïdes, en prenant en compte plusieurs déterminants potentiels d’activité et de chronicité de l’asthme.

 Méthodes :

  • Cent vingt neuf patients ayant un asthme léger à modéré ont été étudiés
  • L’expectoration était induite par l’inhalation de sérum salé hypertonique et analysée en utilisant la méthode de l’échantillon total.

 Résultats :

  • Les éosinophiles des expectorations et la PCE étaient corrélés de façon significative entre eux (r=0.41, p<0.001)
  • Quand les patients étaient groupés en fonction des taux élevés ou bas d’éosinophiles dans les expectorations et de PCE dans les expectorations, des différences significatives étaient observées entre les groupes, les patients ayant des taux élevés d’éosinophiles et de PCE dans les expectorations présentant la plus grande sévérité de l’asthme
  • Dans l’échantillon total, la durée de la maladie était corrélée de façon inverse avec le taux d’éosinophiles dans les expectorations, alors que le VEMS et le débit expiratoire de pointe (DEP) étaient corrélés de façon inverse au taux de PCE dans les expectorations
  • L’utilisation de béta-agonistes à la demande et le score total de symptômes étaient corrélés positivement à la fois au compte d’éosinophiles et au taux de PCE dans les expectorations
  • L’analyse régressive du niveau de contrôle de la maladie montrait que le score de symptômes et la durée de la maladie représentaient 17.6% de la variance des éosinophiles dans les expectorations, alors que le score de symptômes et le VEMS représentaient 14.7% de la variance de la PCE dans les expectorations.

 Conclusions et impact clinique :

  • Les éosinophiles et la PCE des expectorations sont faiblement reliés aux marqueurs cliniques de sévérité de l’asthme
  • Cependant, la PCE était reliée de façon plus proche aux paramètres de fonction respiratoire que les comptes d’éosinophiles.

Les auteurs ont étudié chez cent vingt neuf patients ayant un asthme léger à modéré et indemnes de tout traitement par corticoïdes, si les comptes d’éosinophiles et les concentrations de PCE dans les expectorations étaient reliés de façon différente aux indices cliniques et fonctionnels de l’asthme.

Les conclusions montrent que :

  • les comptes d’éosinophiles et les concentrations de PCE des expectorations étaient tous les deux reliés à l’activité de l’asthme (tels que les symptômes courants et l’utilisation à la demande de médicaments de secours)
  • mais étaient reliés de façon différente aux indices de chronicité de l’asthme : les comptes d’éosinophiles étaient inversement corrélés à la durée de la maladie, alors que les taux de PCE étaient inversement corrélés à la fonction respiratoire (VEMS et DEP)
  • ce qui peut suggérer que ces deux marqueurs de l’inflammation à éosinophiles, bien que concordants dans leur relation aux symptômes (« activité »), peuvent exprimer des indices différents sur l’état de chronicité de la maladie, à la fois en terme de durée de la maladie et d’atteinte de la fonction respiratoire.

En fonction de ces résultats, on peut donc spéculer que les phases symptomatiques de la maladie sont associées au recrutement d’éosinophiles activés dans les voies aériennes, alors qu’avec la progression de la maladie (durée et remodelage) le nombre d’éosinophiles peut diminuer tout en restant fortement activés, expliquant des taux élevés de PCE.

Cela étant, si l’on considère les corrélations qui sont assez faibles, notamment les variances associées aux données cliniques et fonctionnelles, l’utilisation des comptes d’éosinophiles et de la PCE dans les expectorations, en tant qu’élément prédictif clinque ou fonctionnel n’est pas indiqué dans la prise en charge en routine de l’asthme.

Au total, cette étude montre que les éosinophiles et la PCE des expectorations sont en partie corrélés l’un avec l’autre, mais différent dans leur relation avec les données cliniques et fonctionnelles de l’asthme : le compte des éosinophiles semble plus relié à l’activité inflammatoire de la maladie, qui peut disparaître progressivement avec le temps, alors que la PCE des expectorations est plus reliée à la diminution de la fonction respiratoire.

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