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Un chef d’accusation de plus pour le bisphénol A : l’augmentation des allergies !
vendredi 27 juin 2014, par
Une exposition périnatale au bisphénol A ayant débuté avant la gestation augmente le risque de sensibilisation allergénique, mais pas l’inflammation pulmonaire, chez la souris adulte. : O’Brien E1, Bergin IL2, Dolinoy DC1, Zaslona Z3, Little RJ4, Tao Y4, Peters-Golden M3, Mancuso P1.
dans J Dev Orig Health Dis. 2014 Apr ;5(2):121-31. doi : 10.1017/S204017441400004X.
– Contexte :
- Le bisphénol A (BPA), un monomère de polycarbonate plastique et de résine époxy, est un produit chimique produit à grande échelle qui peut être impliqué dans la pathogénie de l’asthme lorsque l’exposition survient chez le fœtus en développement.
- Toutefois peu d’études ont examiné directement l’effet de l’exposition in utero et au tout début de la vie sur la pathogénie de l’asthme à l’âge adulte.
– Objectifs :
- Cette étude examine l’influence de l’exposition périnatale au BPA par le biais du régime alimentaire maternel, sur la sensibilisation allergénique et sur l’inflammation pulmonaire à l’âge adulte.
– Méthode :
- Deux semaines avant l’accouplement, des souris BALB/c négatives ont été randomisées en un groupe de régime contrôle ou un régime contenant 50ng, 50µg ou 50mg de BPA/kg d’alimentation pour rongeurs.
- Les souris gardaient le même régime alimentaire pendant la gestation et la lactation jusqu’au jour post-natal (JPN) 21, au moment du sevrage de la progéniture, qui passait au même régime.
Les petits de 12 semaines étaient alors sensibilisés à l’obalbumine (OVA) et par la suite testés avec des aérosols d’OVA. - Le sérum, la rate, le liquide de lavage alvéolaire et les poumons ont été prélevés afin de déterminer la sensibilisation allergénique et l’inflammation pulmonaire après le test à l’OVA.
– Résultats :
- Les taux d’IgE anti-OVA étaient deux fois plus importants chez les petits soumis à un régime avec 50µg et 50mg de BPA/kg, par rapport aux animaux contrôles.
- De plus, la production d’interleukine 13 et d’interferon-γ était augmentée dans la rate prélevée chez les souris exposées au BPA.
- L’inflammation pulmonaire, définie par les taux de leucocytes totaux et différentiés, les taux de cytokines, de chémokines et les scores histopathologiques pulmonaires, n’étaient toutefois pas différents, ou étaient réduits chez les souris exposées au BPA.
– Conclusion :
- Ces données suggèrent donc que l’exposition périnatale au BPA, débutant avant la gestation, augmente la sensibilisation allergénique par augmentation des IgE sériques et la production splénique de cytokines.
- Un effet conséquent du BPA sur l’inflammation pulmonaire induite par l’OVA n’était pas retrouvé à l’âge adulte.
Mais pourquoi les allergies sont-elles de plus en plus fréquentes ? A cette question, elle aussi très fréquente, voici enfin une réponse simple : c’est à cause du Bisphénol A !
Ce monomère utilisé dans les résines et les plastiques est accusé de tous les maux depuis quelques années. Il agirait essentiellement en tant que perturbateur endocrinen, puisque sa structure est analogue des oestrogènes. Sa présence dans de très nombreux emballages de produits alimentaires fait que notre alimentation est largement contaminée.
Mais les perturbations des hormones de la reproduction de sont pas les seuls risques encourus, et il existerait de possibles effets du BPA sur le système nerveux, cardio-vasculaire et métabolique... bien que l’essentiel des études ne porte que sur les animaux, et que rien ne soit vraiment prouvé chez l’homme.
Cet article rapporte aussi les résultats d’expériences menées sur des souris, qui ont été soumises à des régimes plus ou moins riches en BPA avant la conception et jusqu’au sevrage des souriceaux.
Ceux-ci étaient sensibilisés à l’OVA, et plus leur régime alimentaire avait été riche en BPA, plus les taux d’IgE, d’IL-13 et d’INF-γ étaient élevés. En revanche il n’y avait pas d’impact sur les paramètres inflammatoires pulmonaires histologiques.
L’augmentation des IgE spécifiques et des cytokines pro-inflammatoires est en effet un reflet de la sensibilisation allergénique, mais ce n’est qu’un paramètre parmi d’autres, et il existe bien d’autres acteurs avant de déboucher sur la réaction allergique en elle-même.
Même si ces données semblent convaincantes, il reste à les extrapoler à l’homme, ce qui ne peut se faire aussi simplement. Cependant cette piste explicative est intéressante, les causes de l’augmentation des allergies se trouvant très probablement avant tout dans l’environnement, et pourquoi pas dans la pollution de nos assiettes.
Le BPA, bouc émissaire tout trouvé ? Par honnêteté, il va nous falloir continuer à évoquer la théorie hygiéniste, les changements d’habitudes alimentaires, le réchauffement climatique... Nos conseils de prévention des allergies pourraient peut-être aussi porter sur cet aspect de l’alimentation des petits... mais ça, les médias s’en chargent déjà assez bien !
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