Éternuer ou conduire, il faut choisir !

vendredi 26 septembre 2014 par Dr Alain Thillay387 visites

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Éternuer ou conduire, il faut choisir !

Éternuer ou conduire, il faut choisir !

vendredi 26 septembre 2014, par Dr Alain Thillay

La rhinite allergique est un facteur de risque pour la sécurité routière. : Vuurman EFPM, Vuurman LL, Lutgens I, Kremer B.

Allergic rhinitis is a risk factor for traffic safety.

dans Allergy 2014 ; 69 : 906–912.

 Contexte :

  • La rhinite allergique (RA) affecte jusqu’à 30% de la population adulte et les patients symptomatiques continuent à s’engager dans des activités de la vie quotidienne, y compris la conduite automobile.
  • Des études antérieures ont montré que la RA peut altérer les fonctions cognitives, en particulier lors de tâches de longue durée.
  • D’autres publications suggèrent des effets négatifs sur les fonctions psychomotrices telles que la conduite, mais, aucune preuve claire n’a encore été présentée.

 Objectifs :

  • L’objectif principal était de déterminer l’effet intrinsèque de la RA sur la performance de la conduite et de le comparer avec les effets de la RA traitée.

 Méthodes :

  • Dix-neuf patients ayant des antécédents de RA documentée ont subi un test de conduite réaliste sur route d’une heure, unique et validé en dehors de la saison pollinique.
  • Dans un modèle de mesures répétées de 4 bras, les patients ont subi un test de provocation nasale avec soit le pollen ou le contrôle inactif avant l’épreuve de conduite.
  • Dans les trois conditions de provocation pollinique, les patients ont été prétraités soit avec 10 mg de Cétirizine, furoate de Fluticasone 27,5 µg, ou d’un placebo pour soulager les symptômes de la RA.

 Résultats :

  • La performance de conduite des patients symptomatiques non traités était compromise de manière significative par rapport à la condition placebo.
    -* En s’engageant dans une tâche de mémoire secondaire pendant la conduite, leur performance s’est encore détériorée.
  • L’ampleur de la déficience est pertinente et comparable à celle observée à une concentration sanguine d’alcool de 0,05%, la limite légale dans de nombreux pays.
  • Le traitement symptomatique a partiellement contrebalancé l’effet de la RA sur la conduite.

 Conclusions :

  • La rhinite allergique non traitée peut nuire à la capacité de conduire et mettre les patients en danger.
  • La thérapie médicamenteuse réduit cette détérioration, les patients atteints de rhinite allergique devraient donc être conseillés de toujours traiter leur rhinopathie.

Nombre d’études ont pu déjà fortement suggérer que la rhinite allergique est susceptible de dégrader la qualité de vie des patients qui en sont atteints. Ainsi, sommeil, concentration, mémorisation, vigilance sont impactés. Ici, cette étude émanant d’une équipe hollandaise s’attache à montrer le retentissement de la rhinite allergique sur les capacités de conduite d’un véhicule automobile.

Le point important de la conception de l’étude, qui la rend très pertinente, est le recours au test de provocation pollinique hors période de pollinisation.
Ainsi les auteurs s’affranchissent des biais inhérents aux études pratiquées au cours de la saison pollinique, pollinisation n’intervenant pas aux dates prévues, intensités variables, chevauchement des périodes des différentes pollinisations…

Les auteurs ont pu vérifier que les patients hors traitement qui subissent le test de provocation nasal (TPN) souffre de niveaux de symptômes pertinents durant toute la durée du test.
Le traitement par Cétirizine aussi bien que par furoate de Fluticasone diminuent partiellement la symptomatologie.

Cette étude comptait 4 bras :

  • PLAC, traitements placebo, TPN placebo ;
  • PROV, traitements placebo, TPN Graminées/arbres ;
  • CETR, pré-traitement spray nasal placebo, 10 mg de Cétirizine le jour du TPN Graminées/arbres ;
  • FLUT, pré-traitement par furoate de Fluticasone, idem le jour du TPN Graminées/arbres.

Les conclusions sont claires les patients atteints de rhinite allergique non traitée souffrent de symptômes impactant la capacité de la conduite d’une automobile, cette dégradation est comparable à celle constatée chez les patients alcoolisées (0,05%).

Le recours à un antihistaminique ou un corticoïde nasal permet de corriger partiellement cette situation.

Les Allergologues puiseront là un argument de plus pour proposer une prise en charge globale de la rhinitique allergique pollinique comprenant avant tout l’immunothérapie allergénique.

Ainsi même si pour certains, l’immunothérapie allergénique peut représenter un traitement lourd dans le cadre d’une rhinite allergique saisonnière, donc de courte durée, la mise en danger sur la route (chauffeurs, commerciaux) qui en résulte doit être prise en compte au moment de la discussion de son indication.

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