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Pour l’apéro, vous prendrez olives, graminées, ou les deux ?
mardi 30 septembre 2014, par
Olivier, graminées ou les deux ? Diagnostic moléculaire pour le choix d’une immunothérapie allergénique chez les patients polysensibilisés aux pollens. : Moreno C, Justicia JL, Quiralte J, Moreno-Ancillo Á, Iglesias-Cadarso A, Torrecillas M, Labarta N, García MA, Dávila I.
Olive, grass or both ? Molecular diagnosis for the allergen immunotherapy selection in polysensitized pollinic patients.
dans Allergy 2014 ; 69 : 1357–1363.
– Prérequis et objectifs :
- Graminées et olivier sont les pollens les plus fréquemment en cause dans la rhinite allergique saisonnière en Espagne.
- La réactivité croisée due aux panallergènes de ces deux pollens ainsi que le chevauchement des périodes de pollinisation complique la reconnaissance des agents allergènes rendant plus difficile le choix d’une immunothérapie allergénique la plus appropriée.
- Le but de cette étude était de déterminer le modèle de sensibilisation aux pollens de graminées et d’olivier en utilisant les allergènes recombinants chez les patients atteints de rhinite allergique saisonnière avec pricks tests positifs à ces deux pollens et d’évaluer comment le mode de sensibilisation pouvait influencer la prescription d’une immunothérapie allergénique.
– Méthode :
- Après recueil écrit du consentement éclairé, un total de 1263 patients ont été inclus.
- Une détermination du taux sérique d’IgE spécifiques Ole 1 et Phl p1+5 a été réalisée pour tous les patients inclus.
- Une comparaison a été faite avant et après résultats des IgE spécifiques et les différences de diagnostic ont été relevées.
– Résultats :
- Avec un cutt-off à 0,35kU/l,
- 71.2% des patients étaient positifs à Ole e1 et Phl p1+5,
- 14% étaient positifs seulement à Phl p1+5 et
- 12% étaient positifs à Ole e1 seul.
- En se basant sur les données cliniques disponibles et les résultats des tests cutanés, 922 (73%) patients auraient été indiqués pour un mélange d’olivier et de graminées pour une immunothérapie.
- Dans 56.8% des patients, il y avait une non-coïncidence dans la composition de l’immunothérapie qui aurait été sélectionnée avant et après les résultats des tests in vitro par les enquêteurs.
– Conclusion :
- La précision diagnostique des IgE recombinants pourrait contribuer à améliorer la sélection de l’immunothérapie allergénique chez les patients sensibilisés.
Cette étude avait pour but de mettre en évidence l’apport des IgE recombinants dans la prise en charge thérapeutique des polliniques en Espagne où les principaux pollens mis en causes sont ceux d’olivier et de graminées. Le problème étant que la réactivité croisée au niveau des tests cutanées est importante pour ces 2 pollens et que les périodes de pollinisation se superposent rendant difficile la mise en évidence de responsabilité de tel ou tel pollen.
Les pollens d’olivier et de graminées présentent des réactivités croisées par le biais des profilines, des polcalcines mais aussi des CCD.
Le choix des extraits pour une immunothérapie allergénique est guidée par le profil de réactivité des patients vis à vis des allergènes majeurs des allergènes.
Ole 1 est l’allergène majeur des oliviers. Il est le chef de file des « Ole 1-like » dont le rôle biologique reste vague mais paraît intervenir dans la progression du tube pollinique.
Pour les graminées, les allergènes majeurs disponibles pour le diagnostic sont Phl p1 qui est une béta-expansine qui intervient dans l’expansion de la cellule végétale par remodelage du réseau des polysaccharides de la paroi, et Phl p5 dont le rôle est inconnu.
L’étude montre que 71.2% des patients avec des tests cutanés positifs à l’olivier et aux graminées sont sensibilisés à Ole 1 et Phl p1+5. Par contre 14% ne sont sensibilisés qu’à Phl p1+5 et 12% à Ole 1. La majorité des patients sont donc polysensibilisés.
Avant le résultat des recombinants, 73% des patients auraient reçus une double désensibilisation graminées-olivier mais après résultats des IgE on se rend compte que dans 56.8% des cas le choix de l’immunothérapie n’était pas en rapport avec le choix initial. Autrement dit, sans l’apport de l’allergologie moléculaire, on pourrait se tromper une fois sur deux dans le choix d’une immunothérapie…
Pour conclure, les auteurs ont voulu montrer que le dosage des recombinants permettait d’affiner le diagnostic des patients polliniques polysensibilisés et ainsi de choisir l’immunothérapie la plus adaptée. Mais ne le savait-on pas déjà ?
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