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L’utilisation d’antibiotiques pendant la grossesse est-elle délétère pour les bronches des enfants ?
lundi 19 janvier 2015, par
Exposition prénatale et post-natale aux antibiotiques et risque d’asthme dans l’enfance. : J. Metsälä, A. Lundqvist, L. J. Virta, M. Kaila, M. Gissler and S. M. Virtanen,
dans Clinical & Experimental Allergy, 2015 (45) 137–145.
– Contexte :
- Des données évidentes sur l’association entre l’exposition post-natale aux antibiotiques et le développement de l’asthme sont nombreuses, mais les données sont moins claires et même mal connues pour l’exposition prénatale.
– Objectif :
- Le but de l’étude était d’examiner les associations entre l’exposition prénatale et post-natale à différents antibiotiques et le risque d’asthme à l’adolescence dans une étude cas-contrôle à la fois de population et de registre.
– Méthodes :
- Tous les enfants nés en Finlande entre 1996 et 2004 et diagnostiqués comme asthmatiques en 2006 ont été identifiés à partir d’un registre national de santé
- Pour chaque sujet, un cas-contrôle apparié a été sélectionné
- Les informations concernant les diagnostics d’asthme, les anti-asthmatiques et les antibiotiques achetés, ainsi que les éventuels facteurs confondants, ont été obtenues à partir de registres nationaux de santé
- Les associations ont été analysées par régression logistique conditionnelle pour les enfants diagnostiqués à l’âge de 3 ans ou plus tard (n=6690 paires de cas-contrôles).
– Résultats :
- L’utilisation maternelle d’antibiotiques pendant la grossesse était associée à un risque accru d’asthme chez les enfants (OR ajusté=1.31, IC à 95% : 1.21-1.42)
- Plusieurs antibiotiques maternels spécifiques étaient associés au risque d’asthme, et l’association la plus forte était observée avec les céphalosporines (OR=1.46, IC à 95% :1.30-1.64)
- L’utilisation d’antibiotiques par les enfants au cours de leur première année de vie était associée à un risque accru d’asthme (OR=1.60, IC à 95% :1.48-1.73)
- L’utilisation par les enfants de céphalosporines (OR=1.79, IC à 95% :1.59-2.01), de sulfonamides et triméthoprime (OR=1.65 ; IC à 95% :1.34-2.02), de macrolides (OR=1.61, IC à 95% :1.46-1.78) et d’amoxicilline (OR=1.46, IC à 95% :1.35-1.58) étaient associées à un risque accru d’asthme.
– Conclusions et relevance clinique :
- L’exposition à la fois prénatale et post-natale aux antibiotiques était associée à un risque accru d’asthme
- Le rôle potentiel d’effets secondaires des antibiotiques sur le microbiome intestinal et le développement de l’asthme devraient être davantage explorés.
Dans cette large étude finlandaise de population d’enfants selon la méthode des cas-contrôles (6690 paires appariées), relative à l’utilisation prénatale et post-natale d’antibiotiques, il a été montré que :
- l’exposition aux antibiotiques, que ce soit par la mère avant la naissance ou les enfants au cours de leur première année de vie, était associée à un risque accru d’asthme, selon une relation dose/effet
- plusieurs antibiotiques couramment utilisés étaient associés à ce risque (amoxicilline, céphalosporines, macrolides)
- ce risque accru d’asthme n’était pas seulement mis en évidence avec des antibiotiques utilisés pour traiter des infections respiratoires, mais aussi avec des antibiotiques urinaires (sulfonamide-triméthoprime par exemple), ce qui explique l’absence de lien avec l’indication.
Un des mécanismes responsables pourrait être leur effet délétère, et peut-être un effet à long terme sur le microbiome intestinal de la mère et de l’enfant, et sur le microbiome vaginal de la mère.
La colonisation retardée du microbiome intestinal de l’enfant pourrait interférer avec la maturation de son système immunitaire et affecter ainsi le développement de l’asthme.
Des études ultérieures avec suffisamment de puissance sont nécessaires pour clarifier le rôle de l’utilisation des antibiotiques périnataux dans le développement de l’asthme, en particulier l’indication des traitements ainsi que d’autres facteurs confondants possibles interagissant avec les effets des médicaments.
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