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Dermatite atopique précoce, un risque d’allergie alimentaire ?
mardi 20 janvier 2015, par
Quels sont les enfants, atteints d’eczéma, qui présentent un risque d’allergie alimentaire ? Résultats fondés sur une cohorte de population. : P. E. Martin, J. K. Eckert, J. J. Koplin, A. J. Lowe, L. C. Gurrin, S. C. Dharmage, P. Vuillermin, M. L. K. Tang, A.-L. Ponsonby, M. Matheson, D. J. Hill, K. J. Allen and for the HealthNuts Study Investigators,
dans Clinical & Experimental Allergy, 2015 (45) 255–264.
– Contexte :
- La relation entre l’eczéma d’apparition précoce et les allergies alimentaires chez l’enfant n’a jamais été examinée dans un échantillon de population en utilisant le test de provocation alimentaire orale, étalon or diagnostique.
– Objectif :
- Nous avons caractérisé le risque d’allergie alimentaire démontrée par test de provocation orale chez des nourrissons atteints d’eczéma issus de la population générale.
– Méthode :
- Des nourrissons âgés d’un an (n = 4 453) ont été évalués concernant l’histoire de l’eczéma, ont subi un examen de l’eczéma pratiqué par une infirmière et des prick tests cutanés avec arachide, œuf et sésame.
- Ceux ayant une papule détectable à l’un des aliments subissaient un test de provocation alimentaire orale indépendamment de la taille de la papule.
- Le risque d’allergie alimentaire, stratifié en fonction de la gravité de l’eczéma et de l’âge d’apparition, a été estimé par régression logistique multivariée avec des poids d’échantillonnage de population.
– Résultats :
- Un nourrisson sur cinq atteint d’eczéma était allergique à l’arachide, au blanc d’œuf ou au sésame, comparativement à un sur vingt-cinq sans eczéma (OR 6,2, IC 95% 4,9, 7,9, P <0,001).
- La prévalence de l’allergie à l’arachide était faible en l’absence d’eczéma (0,7% IC 95% 0,4, 1,1).
- Les nourrissons atteints d’eczéma étaient 11 fois plus susceptibles de développer une allergie à l’arachide (95% CI 6,6, 18,6) et 5,8 fois plus susceptibles de développer une allergie à l’œuf (95% CI 4,6, 7,4) sur 12 mois que les nourrissons sans eczéma.
- 50,8% des nourrissons (95% IC 42,8, 58,9) ayant eu un eczéma d’apparition précoce (<3 mois) qui requérait un traitement topique de corticostéroïdes, développaient une allergie alimentaire démontrée par test de provocation orale.
– Conclusion et pertinence clinique :
- L’eczéma, à travers le spectre de la gravité clinique dans la petite enfance, est un facteur de risque important pour l’allergie alimentaire IgE dépendante.
- Les nourrissons atteints d’eczéma étaient six fois plus susceptibles d’avoir une allergie à l’œuf et 11 fois plus susceptibles d’avoir une allergie à l’arachide sur 12 mois que les nourrissons exempts d’eczéma.
- Nos données suggèrent que la prise de conscience du risque d’allergie alimentaire chez les praticiens qui traitent des nourrissons atteints d’eczéma, surtout si précoce et sévère, est justifiée.
L’eczéma du nourrisson et l’allergie alimentaire font partie du cortège des maladies allergiques IgE dépendantes que l’on retrouve souvent associés dès le plus jeune âge.
Si nombre d’études suggèrent fortement un lien entre ces deux pathologies, cette étude australienne cherche à montrer ce lien de façon plus pertinente dans une population générale de nourrissons (n=4453) en faisant la preuve de l’allergie alimentaire par test de provocation orale.
C’est évidemment mieux que les seuls tests cutanés et/ou biologiques.
De cette manière, les IgE réactivités non symptomatiques sont éliminées.
Les auteurs s’attachaient à noter l’âge d’apparition de l’eczéma, sa sévérité et dépistaient l’allergie alimentaire par tests cutanés.
Ensuite, tout enfant ayant un test cutané positif (œuf, arachide, sésame), quelle que soit la taille de la réaction, subissait un TPO.
Seuls les enfants ayant un TPO positif étaient enregistrés comme souffrant d’une allergie alimentaire.
Sans revenir sur les résultats bien détaillés dans le résumé de l’étude, ceux-ci suggèrent très fortement qu’un eczéma atopique précoce et sévère est un facteur de risque d’allergie alimentaire.
Ce que nous savions déjà, mais ici la démonstration apparaît excellente.
Il restera à prouver avec certitude le mécanisme qui préside à ce constat.
Actuellement, la théorie des particules alimentaires environnementales qui inter-réagissant avec la peau dégradée entraîne une réactivité spécifique à IgE a le vent en poupe.
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