Mettez le nez de votre bébé dans les moisissures, cela le protègera de l’asthme et des allergies…

jeudi 5 février 2015 par Dr Cécilia Nocent7781 visites

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Mettez le nez de votre bébé dans les moisissures, cela le protègera de l’asthme et des allergies…

Mettez le nez de votre bébé dans les moisissures, cela le protègera de l’asthme et des allergies…

jeudi 5 février 2015, par Dr Cécilia Nocent

Asthme et développement d’allergie : influences contrastées entre exposition aux levures et autres moisissures : B. Behbod, J. E. Sordillo, E. B. Hoffman, S. Datta, T. E. Webb, D. L. Kwan, J. A. Kamel, M. L. Muilenberg, J. A. Scott, G. L. Chew, T. A. E. Platts-Mills, J. Schwartz, B. Coull, H. Burge, D. R. Gold.

dans Clinical & Experimental Allergy, 2015 (45) 154–163.

 Contexte :

  • La petite enfance est une période de développement avec une susceptibilité intensifiée aux influences de l’environnement avec risque de développer une pathologie chronique de l’enfance.
  • Peu de cohorte de naissance ont détaillé les mesures de présence de moisissures dans la chambre des enfants, limitant l’évaluation à long terme de l’association à cette exposition et du développement d’un asthme ou d’une allergie.

 Objectif :

  • Les auteurs ont évalué la relation entre le niveau d’exposition à des moisissures à domicile dans la petite enfance et la présence de sifflements, le développement d’un asthme et d’une rhinite à 13 ans et d’une sensibilisation à 12 ans.

 Méthodes :

  • Dans la cohorte prospective depuis la naissance « épidémiologie des allergènes du domicile et asthme », les auteurs ont recruté 408 enfants ayant une histoire familiale de pathologie allergique ou d’asthme.
  • Quand les enfants avaient 2-3 mois, les auteurs ont mesuré le niveau de moisissures dans l’air de la chambre et dans la poussière et dans l’air extérieur.
  • Les résultats principaux incluaient l’évaluation des symptômes grâce à des questionnaires de la naissance à l’âge de 13 ans.
  • Les auteurs ont estimés les hazard ratios et pour les sifflements et la sensibilisation, les odds ratios en fonction des concentrations de moisissures, ajustés sur les autres facteurs prédictifs extérieurs et sur les facteurs confondants.

 Résultats :

  • Des niveaux élevés de levures dans la poussière du sol des chambres étaient associés à une réduction des sifflements à tout âge, à la sensibilisation aux moisissures et au développement d’un asthme à 13 ans (HR : 0.86 ; 95% CI : 0.75-0.98).
  • La présence de Cladosporum dans l’air extérieur et d’Aspergillus dans la poussière entraîne une augmentation des rhinites
  • Le risque de sensibilisation aux moisissures à l’âge de 12 ans, en réponse à la présence d’Alternaria et d’Aspergillus était élevé chez les enfants ayant une histoire maternelle de sensibilisation aux moisissures.

 Conclusions et signification clinique :

  • En dépit des propriétés irritantes et allergéniques des moisissures, l’exposition dans la petite enfance à des niveaux élevés de levures dans la poussière ou leurs composants pourrait protéger contre les allergies et l’asthme chez des enfants à risque de développer ces pathologies.
  • La composition de certaines moisissures associée à des effets immunoprotecteurs pourraient avoir un intérêt dans l’asthme.

Cette étude américaine publiée dans Clinical et Experimental Allergy s’intéresse à l’exposition précoce des bébés aux moisissures et aux conséquences de cette exposition quant au développement d’un asthme ou d’une allergie.

Les auteurs se sont basé sur les données d’une cohorte prospective de bébés ayant des antécédents familiaux d’asthme ou d’allergie, suivis de la naissance jusqu’à l’âge de 13 ans.

Ils ont effectué au domicile du bébé des mesures de concentration en moisissures dans la chambre (air et poussière) et dans l’air extérieur. Ils ont ensuite suivi les enfants avec des questionnaires pour connaître les symptômes respiratoires et les sensibilisations.

Les résultats sont très intéressants car ils retrouvent une diminution des cas de sifflements, d’asthme et d’allergie chez les enfants exposés à des moisissures dans la poussière de leur chambre. Seule la présence de Cladosporum et d’Aspergillus dans l’air extérieur semble être corrélée à une augmentation des rhinites. Enfin, la sensibilisation aux moisissures semble être liée aux antécédents de sensibilisation (part génétique ?) sans relation avec l’exposition.

Ces résultats vont à l’encontre de ce que nous pouvons imaginer spontanément. On pense effectivement que plus un enfant vivra dans un milieu « hostile » plus il risque de développer des pathologies liées à cet environnement. Mais en fait c’est le contraire qui se produit. De tels résultats avaient déjà été décrits chez les enfants qui vivaient à la ferme avec le contact avec des animaux domestiques (Von Mutius). Cela avait d’ailleurs permis d’élaborer la théorie hygiéniste qui expliquait que le contact avec des endotoxines permettait de stimuler la réponse immunitaire Th1 et donc de diminuer les manifestations allergéniques régulées par la réponse immunitaire Th2. Par contre les enfants élevés dans des milieux « aseptisés » ne développaient pas d’immunité Th1 et développaient plutôt le versant Th2 donc un asthme et des allergies.

Ces résultats doivent donc permettre d’avoir un discours moins moralisateur pour les parents. Sans les encourager à ne pas nettoyer leur domicile, on peut rassurer les mamans (et les papas) inquiets d’élever des enfants dans un logement humide avec moisissures ; cela protègera peut-être leur enfant de l’asthme ou des allergies. Si ces résultats se confirment, à quand les aérosols de moisissures dans les premières années de vie chez les enfants à risque de développer un asthme et une allergie ???? A suivre…

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