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La notion de rhinite allergique locale s’étend à l’olivier.
jeudi 5 novembre 2015, par Dr Alain Thillay
Réponses immunologiques à l’allergène majeur d’Olea europaea chez des sujets souffrant de rhinite allergique locale et systémique. :
P. Campo,
M. Villalba,
E. Barrionuevo,
C. Rondón,
M. Salas,
L. Galindo,
M. J. Rodríguez,
J. C. López-Rodríguez,
M. A. Prieto-del Prado,
M. J. Torres,
M. Blanca,
C. Mayorga
dans Volume 45, Issue 11
November 2015
Pages 1703–1712
– Objectif :
- Evaluer les réponses in vitro et in vivo à nOle e 1 dans la rhinite allergique (RA) et la rhinite allergique locale (RAL) chez des patients sensibilisés au pollen d’olivier, cette sensibilisation ayant été confirmée par test de provocation nasale (TPN).
– Méthodes :
- Douze sujets atteints de RA, 12 sujets atteints de RAL et 12 sujets non allergiques constituant le groupe de contrôle ont été sélectionnés.
- Les tests cutanés et TPN avec nOle e 1 ont été effectués.
- La protéine éosinophile cationique (ECP) et la tryptase ont été mesurées dans les lavages nasaux avant et après TPN.
- Les IgE sériques spécifiques des allergènes du pollen d’olivier ont été mesurées par ELISA.
- Des tests d’activation des basophiles (TAB) avec le pollen d’olivier et nOle e 1 et des études de prolifération/maturation des cellules dendritiques ont été réalisés.
– Résultats :
- Tous les sujets atteints de RA (12/12) et 10/12 des sujets atteints RAL (83%) avaient un TPN à nOle e 1 positifs.
- Les niveaux d’ECP dans les lavages nasaux étaient significativement augmentés après TPN dans les deux pathologies RA et RAL par rapport aux sujets du groupe de contrôle à 15 min (P < 0,05).
- Les IgE sériques n’étaient positives que dans la RA.
- Tous les sujets avec RA montraient un TAB pour le pollen d’olivier et 10/12 à nOle e 1 (83%) ; 8/12 des sujets avec RAL (66,6%) avait un TAB positif au pollen d’olivier et 4/12 (33%) à nOle e 1 ; un seul sujet du groupe contrôle avait un TAB positif pour les deux, pollen d’olivier et nOle e 1 (8%).
- La prolifération des cellules dendritiques à nOle e 1 était augmentée dans le groupe RA par rapport au groupe RAL et groupe contrôle (P = 0,019 et P = 0,001, respectivement).
– Conclusion :
- Les deux pathologies RA et RAL montraient une réponse similaire in vivo pour nOle e 1 avec libération de médiateurs inflammatoires.
- L’activation spécifique des basophiles avec le pollen d’olivier et nOle e 1 a été observée dans la RAL confirmant les données précédentes obtenues avec les acariens.
Cette publication émane de l’équipe espagnole du centre de recherche allergologique de Malaga. Il y a quelques temps ces chercheurs ont décrit deux phénotypes de la rhinite allergique aux acariens domestiques, l’un représenté par la rhinite allergique classique dite systémique avec tests cutanés et IgE sériques spécifiques positifs, et, l’autre, par la rhinite allergique locale avec tests cutanés et IgE négatifs, mais dans ce cas seules les explorations locales sont positives (ECP et tryptase dans le produit de lavage de nez).
On pourrait résumer ainsi le diagnostic de la RAL : symptomatologie de rhinite allergique classique, tests cutanés et IgE négatifs, TPN positif, tests locaux de l’allergie IgE dépendante positifs.
La démonstration étant faite pour l’allergie aux acariens domestiques, ces auteurs ont donc voulu pratiquer cette même démonstration pour le pollen d’olivier ce qui est bien logique en Espagne.
Selon les critères à présent bien connus, les auteurs ont sélectionné 12 patients atteints de rhinite allergique systémique, 12 patients atteints de rhinite allergique locale et 12 sujets non allergiques.
Les tests cutanés et les IgE sériques spécifiques ne sont positifs que chez les sujets atteints de RA.
La grande majorité des cas de RA avait un TAB positif pour le pollen d’olivier et pour nOle e 1, respectivement 100% et 83%, alors que les cas de RAL montrent une réactivité moins claire, respectivement 66,6% et 33%.
La même constatation est faite pour la prolifération des cellules dendritiques, de façon significative, RA>RAL.
Cette étude suggère bien la confirmation de deux phénotypes de la rhinite allergique, d’une part, la classique rhinite allergique dite systémique, et, d’autre part, la rhinite allergique localisée ; ce distinguo phénotypique ne se limitant pas à l’allergie aux acariens, existerait donc pour l’ensemble des aéroallergènes.
Ainsi, le TPN trouve ici une indication dans le cas de ces rhinites qui seraient abusivement classées parmi le large spectre des rhinites non allergiques.
Une clinique évocatrice, un bilan allergologique négatif doit donc faire évoquer le diagnostic de RAL et ainsi de proposer le TPN.
Il restera à démontrer la pertinence ou non de l’indication de l’immunothérapie allergénique dans ces RAL.