Et si l’analyse du lait maternel permettait de prédire l’avenir allergique des enfants ?

mardi 17 novembre 2015 par Dr Cécilia Nocent943 visites

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Et si l’analyse du lait maternel permettait de prédire l’avenir allergique des enfants ?

Et si l’analyse du lait maternel permettait de prédire l’avenir allergique des enfants ?

mardi 17 novembre 2015, par Dr Cécilia Nocent

La composition en acides gras du lait maternel a-t-il un effet à long terme sur le risque d’asthme, d’eczéma et de sensibilisation ? : van Elten TM, van Rossem L, Wijga AH, Brunekreef B, de Jongste JC, Koppelman GH, Smit HA.

Breast milk fatty acid composition has a long-term effect on the risk of asthma, eczema, and sensitization.

dans Allergy 2015 ; 70 : 1468–1476.

 Contexte :

  • Les teneurs en acides gras polyinsaturés (n-3 PUFAs et n-6 PUFAs) dans le lait maternel est associé au développement de maladies allergiques à l’âge scolaire.
  • Cependant, on ne sait pas si cette relation persiste lorsque les enfants grandissent.
  • Les auteurs ont étudié l’association entre teneur en n-3 PUFAs et n-6 PUFAs dans le lait maternel de mères allergiques ou non et l’existence d’un asthme, d’un eczéma ou d’une sensibilisation au-delà de l’âge de 14 ans.

 Méthodes :

  • L’étude s’est intégrée dans l’analyse de la cohorte de naissance PIAMA.
  • A l’âge de 3 mois, 276 mères ont donné un échantillon de leur lait.
  • L’asthme (n total = 269) et l’eczéma (n total = 274) étaient rapportés lorsque les enfants avaient 14 ans.
  • Les IgE spécifiques dans le sérum étaient mesurées aux âges de 4, 8 et 12 ans (n total = 216).
  • Des équations étaient utilisées pour tenir compte des observations.

 Résultats :

  • L’asthme au-delà de l’âge de 14 ans est moins fréquent chez les enfants de mères allergiques ayant été nourris avec du lait maternel ayant une teneur élevée d’acides gras polyinsaturés (LCP) à longue chaine n-3 (OR : 0.5 ; 95%CI : 0.31-0.79) et plus fréquent chez les enfants de mères non-allergiques nourris avec du lait maternel ayant une teneur élevée en n-6 LCP (OR : 1.86 ; 95%CI : 1.14-3.03).
  • Les mêmes associations sont retrouvées pour l’eczéma et la sensibilisation.
  • Ces associations sont cohérentes et persistent tout au long de l’enfance.

 Conclusion :

  • L’association entre la composition en acides gras du lait maternel et l’asthme, l’eczéma et les sensibilisations persistent au-delà de 14 ans chez les enfants de mères allergiques ou non.

Cette étude réalisée par une équipe néerlandaise et publiée dans Allergy s’intéresse à l’éventuel lien entre teneur en acides gras polyinsaturés dans le lait maternel et avenir allergique des enfants à l’âge de 14 ans.

Les auteurs se sont basés sur une cohorte de naissance nommée PIAMA. Les mères donnaient un échantillon de leur lait quand le bébé avait 3 mois. Le lait était analysé et la teneur en acides gras polyinsaturés n-3 et n-6 était mesurée. Les mères étaient enregistrées comme allergiques ou non allergiques. Les symptômes d’asthme et d’eczéma étaient rapportés par interrogatoire à l’âge de 14 ans. Les enfants bénéficiaient de prélèvements sanguins à 4, 8 et 12 ans avec mesures de leur taux en IgE spécifiques.

Les auteurs ont montré qu’il existait moins d’asthme, d’eczéma et de sensibilisation chez les enfants de mères allergiques ayant un lait riche en n-3 PUFAs alors que l’asthme, l’eczéma et les sensibilisations étaient plus fréquents chez les enfants de mères non allergiques ayant un lait riche en n-6 PUFAs.

Cette étude, réalisée sur des échantillons assez peu importants est intéressante car les femmes allergiques enceintes s’interrogent toujours sur l’intérêt protecteur de l’allaitement maternel de leur enfant quant aux maladies allergiques. En effet, l’allaitement protège sur le plan infectieux et selon la théorie hygiéniste, si les enfants font moins d’infection, ne vont-ils pas développer plus de maladies allergiques ?

Il semble donc qu’il faudrait en quelque sorte analyser la teneur en acides gras polyinsaturés n-3 et n-6 du lait maternel pour donner un conseil éclairé à la maman quant à l’intérêt protecteur de l’allaitement. Mais est-ce réalisable en pratique courante ? Et une maman qui allaite depuis 3 mois va-t-elle arrêter son allaitement juste parce que l’analyse de son lait ne retrouve pas les bons acides gras polyinsaturés ?

Cette étude est donc intéressante sur le plan théorique mais me semble encore éloignée de la pratique quotidienne. Continuons à lire ce qui sort sur le sujet avant de donner un avis trop tranchée à une jeune maman voulant allaiter….

Vos commentaires

  • Le 23 novembre 2015 à 17:25, par Tcha En réponse à : Et si l’analyse du lait maternel permettait de prédire l’avenir allergique des enfants ?

    Je suis asthmatique, j allaite mon fils, pas pour lui éviter l asthme, même si c’est vrai ça serait un beau bonus.
    Par contre, savoir qu il sera asthmatique par mon lait n a pas le bon acide gras, serait assez déprimant. Si elle est confirmée, l étude serait plus utile, s il existait un moyen d avoir le bon acide gras

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