Anaphylaxie alimentaire liée à l’effort au pays du Soleil-Levant.

jeudi 11 février 2016 par Dr Alain Thillay1500 visites

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Anaphylaxie alimentaire liée à l’effort au pays du Soleil-Levant.

Anaphylaxie alimentaire liée à l’effort au pays du Soleil-Levant.

jeudi 11 février 2016, par Dr Alain Thillay

Test de provocation diagnostique de l’anaphylaxie alimentaire induite par l’exercice physique. : Asaumi T, Yanagida N, Sato S, Shukuya A, Nishino M, Ebisawa M. 

Provocation tests for the diagnosis of food-dependent exercise-induced anaphylaxis.

dans Pediatr Allergy Immunol 2016 : 27 : 44–49.

 Contexte :

  • Peu d’éléments ont été rapportés concernant le test de provocation diagnostique de l’anaphylaxie alimentaire induite par l’exercice physique (AAIEP), surtout chez l’enfant et l’adolescent.

 Objectif :

  • De fait, notre travail visait à examiner l’intérêt et la sécurité de ce test de diagnostic de l’AAIEP.

 Méthodes :

  • Nous avons analysé rétrospectivement 41 patients ayant subi 184 tests de provocation.
  • Les patients ont subi un test de stress ergométrique après ingestion des aliments suspects avec de l’aspirine.
  • Quand un ou plusieurs symptômes allergiques sont apparus, nous avons jugé le test de provocation comme étant positif.

 Résultats :

  • Sur la base de 30 résultats positifs (16%), nous avons diagnostiqué 20 patients (49%) comme atteints d’AAIEP.
  • Les principaux aliments en cause étaient comme suit :
    • blé seul (cinq patients),
    • combinaison de blé et de crevettes (trois patients),
    • combinaison de blé et de pomme (deux patients),
    • et pêche seule (deux patients).
  • Les symptômes sont apparus dans les 45 min après le début de l’exercice dans 29 essais (97%).
  • Les symptômes les plus fréquents étaient les symptômes cutanés qui figuraient dans 25 tests (83%).
  • Sur les 30 tests positifs, 6 (20%) ont exigé l’administration d’adrénaline.
  • Après la sortie, les patients ayant eu des résultats négatifs aux tests n’ont eu aucun épisode de d’AAIEP dû aux aliments suspectés pour lesquels ils avaient été testés.

 Conclusion :

  • Ces tests de provocation nous ont permis de confirmer le diagnostic d’anaphylaxie alimentaire induite par l’exercice physique lorsque positifs et de l’exclure lorsque négatifs.
  • Cependant, du fait de l’apparition possible de symptômes sévères, ces tests doivent être effectués en milieu hospitalier sous la surveillance étroite et constante d’un médecin.

L’anaphylaxie alimentaire induite par l’exercice physique est restée longtemps méconnue. Une des premières études épidémiologiques consistante remonte à 1994, est japonaise évaluant la prévalence à 0,21% dans une population de 3753 adolescents. La plupart de ces études sont de faibles valeurs car établies sur des questionnaires rétrospectivement.

Ce type d’anaphylaxie alimentaire est particulière, l’effort physique sans prise préalable de l’aliment incriminé n’entraîne aucune réaction, l’ingestion de l’aliment incriminé non suivi d’effort ne provoque aucune réaction, il faut l’association des deux évènements, manger le fameux aliment IgE réactif et pratiquer un effort physique conséquent ensuite.

Les trophallergènes impliqués dépendent des habitudes alimentaires des zones géographiques.

Les plus connus sont les crustacés et autres produits de la mer, farine de blé, pèche, raisin, pomme de terre, poulet, escargots.

La polysensibilisation est fréquente.

Pour la farine de blé, l’allergène le plus souvent en cause est l’oméga5-gliadine.

Nous ne connaissons pas exactement les tenants et aboutissants physiopathologiques de cette pathologie, plusieurs hypothèses sont évoquées.

Une hypothèse évoque la possibilité d’une diminution du seuil d’histamino-libération mastocytaire et une activation des éosinophiles dans le contexte d’effort physique.

Une autre hypothèse avance la possibilité d’une hyperperméabilité intestinale provoquant une absorption accrue des allergènes.

Une autre encore, à propos du blé, serait une augmentation de la synthèse et de l’activation de la transglutaminase entérocytaire par l’effort.

Cette étude japonaise rassemble rétrospectivement l’analyse de 41 patients suspects de souffrir d’AAIEP qui avaient subi 184 tests de provocation.

Après prise de l’aliment suspect accompagné d’aspirine, les patients pratiquaient un test d’effort standardisé.

Sur les 184 tests de provocation pratiqués, 30 étaient positifs mais seuls 20 patients ont été déclarés réellement atteints d’AAIEP.

En effet, il faut connaître les diagnostics différentiels d’AAIEP que sont l’urticaire cholinergique, asthme d’effort, anaphylaxie alimentaire aggravée par l’effort, mastocytose, hypoglycémie, malaise vagal.

Les aliments responsables étaient le blé, la crevette, la pomme, la pêche (population japonaise) avec classiquement des combinaisons de deux aliments assez fréquemment.

A noter que sur les 30 tests positifs, 6 ont nécessité le recours à l’adrénaline ce qui montre bien que ce type de test n’est pas anodin ce qui implique d’en bien poser l’indication.

A retenir, la forte sensibilité du test, puisqu’aucun des patients négatifs n’ont eu à souffrir ultérieurement d’AAIEP.

A l’inverse la spécificité est nettement moins bonne, 20 positifs sur 30.

Ce qui donnerait au test une sensibilité de 100% et spécificité d’environ 67%.

Ainsi donc ce test de provocation alimentaire avec prise d’aspirine permet-il d’éliminer avec un bon niveau de certitude les vrais patients négatifs, la confirmation d’un test positif est un peu moins performante mais très acceptable.

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