Efficacité de l’ITA dans la DA : le mystère reste entier !

mercredi 25 mai 2016 par Dr Alain Thillay1256 visites

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Efficacité de l’ITA dans la DA : le mystère reste entier !

Efficacité de l’ITA dans la DA : le mystère reste entier !

mercredi 25 mai 2016, par Dr Alain Thillay

Immunothérapie allergénique dans le traitement de l’eczéma atopique : une revue systématique. : Herman H Tam1, Moises A Calderon2, Logan Manikam1, Helen Nankervis3, Ignacio García Núñez4, Hywel C Williams3, Stephen Durham2 andRobert J Boyle1,*
DOI : 10.1111/all.12932

dans Vol. 71 Issue 6
Allergy

 Contexte :

  • L’immunothérapie allergénique (ITA) est un traitement efficace de l’allergie, mais il est difficile de savoir si celle-ci l’est aussi dans le traitement de la dermatite atopique (DA).

 Objectif :

  • Nous avons entrepris une revue systématique pour évaluer l’efficacité de l’ITA et l’innocuité dans le traitement de la DA.

 Méthodes :

  • Nous avons cherché des bases de données, des listes d’essais cliniques en cours, et comptes-rendus de conférences jusqu’à Juillet 2015.
  • Des essais randomisés contrôlés contre placebo d’ITA utilisant des extraits allergéniques standardisés pour le traitement de la DA, chez des patients présentant une sensibilisation allergique, étaient considérés éligibles.

 Résultats :

  • Nous avons identifié 12 essais éligibles regroupant 733 participants.
  • Les interventions comprenaient la voie sous-cutanée (6 essais), sublinguale (4 essais), voie orale ou ITA intradermique chez des enfants ou des adultes allergiques aux acariens (10 essais), aux pollens de graminées ou d’autres substances inhalées.
  • Le risque de biais était modéré avec beaucoup de patients perdus de vue et d’essais en non-aveugle comme principales préoccupations.
  • Pour nos principaux résultats, trois études (208 participants) n’ont rapporté aucune différence significative :
    • rapportée par le patient concernant l’amélioration globale de la sévérité de la maladie RR 0,75 (IC à 95% 0,45, 1,26) ;
    • de la différence moyenne des symptômes de l’eczéma -0,74 sur une échelle de 20 points (95% CI -1,98, 0,50).
  • Deux études (85 participants) ont signalé une différence significative :
    • l’ITA améliore la sévérité globale de la maladie RR 2,85 (IC à 95% 1,02, 7,96) ;
    • différence moyenne du prurit -4,20 sur une échelle de 10 points (95% CI -3,69, -4,71).
  • La méta-analyse a été limitée en raison de l’hétérogénéité extrême statistique.
  • Pour certains résultats secondaires, les méta-analyses montraient un bénéfice :
    • pour l’amélioration apportée par l’ITA concernant par exemple l’évaluation par l’enquêteur de la sévérité de l’eczéma RR 1,48 (IC à 95% 1,16, 1,88 ; 6 essais, 262 participants).
  • Nous n’avons trouvé aucune preuve d’effets indésirables.
  • La qualité globale de la preuve était faible.

 Conclusion :

  • Nous n’avons trouvé aucune preuve cohérente que l’immunothérapie allergénique est efficace pour traiter la dermatite atopique, mais en raison de la faible qualité des preuves de plus amples recherches sont nécessaires pour établir si l’ITA a une place dans le traitement de la DA.

De longue date, nombre d’études ont été publiées pour chercher à démontrer le bien-fondé de l’indication de l’immunothérapie allergénique dans le traitement de la dermatite atopique.

Cette méta-analyse permettra-t-elle de trancher ? C’est l’objectif que se sont assigné des équipes anglo-hispaniques (Londres, Nottingham, Malaga).

Les auteurs ont donc sélectionné, selon des critères d’éligibilité sérieux, seulement 12 essais représentant un nombre total de 733 patients.

Malgré ces précautions, il est évident que la sélection d’études différentes quant à la voie de l’ITA, aussi bien injectable sous-cutané, sublinguale, oral et même intradermique, rend difficile l’entrée dans une méta-analyse.

Le nombre des patients pour chaque étude est aussi insuffisant.
Les critères de sélection en fonction de la gravité de la dermatite atopique n’apparaissent pas clairs.
Il n’est donc pas étonnant que les conclusions des auteurs soient négatives ; pas de niveau de preuve suffisant pour recommander le recours à l’ITA dans le traitement de la dermatite atopique.

Il faut donc des études de plus grande ampleur, avec un grand nombre de patients homogènes en phénotype, recours à la voie injectable qui reste la référence concernant l’efficacité de l’ITA, évaluation de la consommation médicamenteuse, évaluation de la qualité de vie, critère d’amélioration cutané consensuel…

Cette étude représente donc un grand intérêt pour les investigateurs futurs qui travaillent sur ce sujet et qui devraient se fédérer dans le cadre d’une méthodologie commune.

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