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Allergie, asthme, autisme, diabète ou divorce : la faute au vaccin ? une histoire d’aluminé
mardi 2 septembre 2025, par
Depuis plusieurs années, certains mouvements s’interrogent sur la sécurité des adjuvants aluminiques utilisés dans les vaccins pédiatriques. Si les bénéfices de la vaccination sont indiscutables en termes de santé publique, des inquiétudes reviennent en boucle sans argument solide quant à une éventuelle implication de l’aluminium vaccinal dans la genèse de maladies chroniques chez l’enfant. Cette étude ambitieuse, menée sur toute la population israélienne, vise à répondre scientifiquement à cette question. « Aluminum-Adsorbed Vaccines and Chronic Diseases in Childhood : A Nationwide Cohort Study » publiée dans Annals of Internal Medicine (2025) par Mireille Yacoub et coll.
Méthodologie
- Type d’étude : cohorte nationale rétrospective, multicentrique, appariée.
- Population : 502 079 enfants nés entre 2005 et 2016, suivis jusqu’à l’âge de 10 ans.
- Exposition : dosage cumulé de l’aluminium reçu via les vaccins du programme national (DTaP, HepB, Hib, PCV).
- Groupes comparés : enfants avec faible vs. forte exposition cumulative à l’aluminium vaccinal dans les 2 premières années.
- Maladies étudiées :
- Troubles neurodéveloppementaux (trouble du spectre autistique, TDAH)
- Maladies auto-immunes (diabète de type 1, maladies inflammatoires intestinales)
- Asthme et autres affections respiratoires chroniques.
- Appariement : score de propension sur critères sociodémographiques, périnataux et médicaux (dont poids de naissance, allaitement, tabac parental, statut socio-économique).
- Analyse statistique : régression de Cox multivariée ajustée sur plus de 20 variables confondantes.
Résultats
- Aucun lien retrouvé entre exposition à l’aluminium vaccinal et les maladies chroniques suivantes :
- TSA (trouble du spectre de l’autisme)
- TDAH
- Maladies inflammatoires intestinales
- Diabète de type 1
- Lupus, sclérose en plaques, thyroïdite de Hashimoto, etc.
- Asthme :
- Une association modeste mais statistiquement significative est observée :
- HR 1,05 (IC95% 1,01-1,09) chez les enfants les plus exposés (>3,5 mg cumulés d’aluminium).
- Effet dose-réponse graduel mais faible.
- Une association modeste mais statistiquement significative est observée :
- Analyse de sensibilité :
- Exclusion des enfants avec antécédents familiaux d’asthme => atténuation du signal.
- Pas de différence entre garçons et filles.
- Robustesse des résultats : testés sur plusieurs modèles statistiques, le signal asthmatique persiste mais reste modéré.
Discussion
- L’étude réfute formellement les allégations de lien entre aluminium vaccinal et autisme, diabète ou maladies auto-immunes.
- Le signal asthmatique observé est faible et nécessite une interprétation prudente :
- Il peut refléter un biais de détection (surveillance médicale accrue chez les enfants vaccinés tôt).
- L’aluminium est aussi utilisé dans certaines désensibilisations injectables : la transposition immunologique pourrait être imaginée, sans preuve formelle.
- Les auteurs rappellent que l’aluminium est un adjuvant immunostimulant efficace, essentiel à l’immunogénicité de nombreux vaccins.
- Le seuil retenu (>3,5 mg) correspond à un schéma vaccinal complet : les enfants ayant reçu moins sont souvent en rupture vaccinale, et exposés à d’autres facteurs de risque (infections respiratoires sévères, hospitalisations). Or un environnement microbien riche et diversifié semble diminuer le risque de maladie allergique.
- Aucune donnée ne suggère un mécanisme biologique plausible entre l’aluminium vaccinal et l’asthme, en dehors d’hypothèses très théoriques.
Conclusion
Cette étude robuste, menée sur une population nationale avec un appariement rigoureux et une puissance statistique élevée, offre une réponse claire à une inquiétude récurrente dans les sphères complotistes : l’aluminium vaccinal n’est pas associé au développement de maladies chroniques infantiles.
Seule une augmentation discrète du risque d’asthme est mise en évidence, nécessitant des recherches complémentaires pour confirmer, infirmer ou expliquer ce signal.
Limites
- Absence de données environnementales (pollution, exposition à des adjuvants non vaccinaux).
- Absence de prise en compte du mode de vie favorisant une réponse Th2 (hypothèse hygiéniste)
- Le diagnostic d’asthme est posé sur codage administratif, non confirmé cliniquement.
- Pas d’analyse de la réponse immunitaire individuelle (IgE, IgG spécifiques, inflammation systémique).
Ce travail rigoureux jette une lumière décisive sur une inquiétude que l’on voit encore surgir dans les cabinets, forums et médias alternatifs. Non, l’aluminium contenu dans les vaccins n’explique ni les flambées de troubles neurodéveloppementaux ni la progression des maladies auto-immunes de l’enfant.
Quant au signal asthmatique qui est modeste et incertain, il nous interroge plus sur les biais d’observation que sur un vrai mécanisme biologique. C’est d’ailleurs un bon exemple des difficultés d’interprétation des études populationnelles, même bien menées.
Sur allergique.org, nous avons plusieurs fois abordé le rôle des adjuvants aluminiques dans les vaccins allergéniques, où la problématique est différente : la persistance locale de l’aluminium peut entraîner des réactions retardées, mais sans rapport avec l’asthme.
Dans tous les cas, cette publication confirme qu’il ne faut pas céder aux rumeurs : la sécurité vaccinale reste l’un des grands succès de la médecine moderne. L’aluminium n’est pas un cheval de Troie allergique. Il est un outil, bien maîtrisé, à surveiller peut-être, mais surtout à défendre face aux peurs infondées.
- Des études de cohorte en Europe (France, Scandinavie) pourraient valider ou invalider le signal asthmatique.
- Des travaux expérimentaux sur l’aluminium et l’activation des cellules immunitaires dans les poumons d’enfants sensibilisés seraient pertinents.
- En pratique, cette étude permet de rassurer les familles et les professionnels sur la sécurité des vaccins aluminés. Un message particulièrement important dans un contexte de réticence vaccinale croissante.
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