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Pédiatres et généralistes australiens incapables de reconnaître un asthme.
mercredi 13 novembre 2002, par
Sur une série assez limitée (49 enfants) les auteurs ont trouvé un diagnostic abusif d’asthme dans plus de 50 % des cas, un diagnostic différentiel non posé, et 13 % d’effets indésirables notoires des stéroïdes utilisés à mauvais escient !!!! Étude surprenante dont nous ne voulons assumer d’autre responsabilité que sa traduction.
Toux persistante chez les enfants et surconsommation médicamenteuse. : Thomson F, Masters I, Chang A. Department of Paediatrics, Mater Children’s Hospital, South Brisbane, Department of Respiratory Medicine, Royal Children’s Hospital and Department of Paediatrics, University of Queensland, Brisbane, Queensland, Australia. dans J Paediatr Child Health 2002 Dec ;38(6):578-581
– Objectifs : des enfants ayant une toux persistante ont été évalués en ce qui concerne leur envoi à un spécialiste, le diagnostic final, l’importance de l’utilisation de médicaments antérieurement à la visite spécialisée et les effets indésirables rencontrés.
– Méthodes : les données ont été relevées par des pneumo-pédiatres chez des enfants vus pour toux persistante (plus de 4 semaines) et collectées par un questionnaire prospectivement pendant 12 mois.
– Résultats :
* sur 49 enfants, 61.2% avaient un diagnostic d’asthme lors de leur envoi au spécialiste, avec un même taux d’envoi en consultation spécialisée pour les pédiatres et les généralistes.
* Les enfants avec une toux isolée ont été étiquetés asthmatiques de la même manière que les enfants qui avaient toux et sifflements.
* L’utilisation médicamenteuse antérieurement à la consultation spécialisée était élevée ( asthme, RGO et antibiotiques) les anti asthmatiques étant les plus fréquents, et parmi eux 12.9% avaient des effets indésirables significatifs dus aux stéroïdes.
* L’anomalie la plus fréquente retrouvée (46.9%) était des lésions, visibles à la bronchoscopie, des voies aériennes et chez 56.5% de ces enfants existait une autre pathologie ( pathologie d’inhalation, RGO, atélectasie).
* Aucun enfant n’a eu un diagnostic final isolé d’asthme, et les thérapeutiques antérieures à la consultation spécialisée ont toutes été arrêtées.
– Conclusion : Le diagnostic par excès d’asthme, et la surconsommation de traitements anti asthmatiques avec des effets secondaires significatifs sont courants chez l’enfant avec une toux persistante adressés en consultation spécialisée. Les enfants avec une toux persistante doivent être évalués avec prudence pour minimiser l’utilisation de thérapeutiques inutiles, et, s’ils sont utilisés, la réponse à ces traitements doit être effective.
Je ne sais pas comment les pédiatres et généralistes australiens vont accueillir cette étude qui les accuse, plus ou moins, d’incompétence ?!?
Les auteurs vont à l’encontre d’un certain nombre d’études, qui mettent en garde contre la sous-évaluation de l’asthme chez les enfants tousseurs. Il paraît étonnant de trouver plus de la moitié de ces enfants avec un diagnostic différentiel évident non posé et aucun avec au final un diagnostic d’asthme, signifiant que les traitements anti-asthmatiques ont été institués sans diagnostic.
Faire un diagnostic positif, après élimination des diagnostics différentiels, et prescrire alors le traitement adapté, est en principe ce que tout praticien devrait faire….. C’est quand même ce que l’on rencontre dans la grande majorité des cas sous nos latitudes. Je n’imaginais pas que l’hémisphère sud était une région médicalement sinistrée…
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