Accueil du site > Maladies > Asthme > L’asthme, c’est pas dans la tête !

L’asthme, c’est pas dans la tête !
dimanche 8 décembre 2002, par
Depuis le temps que des études plus ou moins solides s’accumulent pour essayer de montrer que les facteurs psychologiques négatifs ont un rôle sur la morbidité de la maladie asthmatique, cette étude contrôlée remet les pendules à l’heure.
Facteurs de risque psychologique, social et comportemental de la santé liés au décès du à l’asthme : étude nationale cas-contrôle. : Sturdy PM, Victor CR, Anderson HR, Bland JM, Butland BK, Harrison BD, Peckitt C, Taylor JC. Department of Public Health Sciences, St George’s Hospital Medical School, London SW17 0RE, UK Department of Respiratory Medicine, Norfolk and Norwich University Hospital NHS Trust, Norwich NR1 3SE, UK. dans Thorax 2002 Dec ;57(12):1034-9
– INTRODUCTION : Des études non contrôlées suggèrent que les facteurs psychologiques et comportementaux peuvent être importants dans les décès par asthme.
– METHODES :
* Étude pratiquée dans sept régions d’Angleterre (1994-1998) cas-contrôles comprenant 533 cas, 78 % de décès par asthme chez des patients âgés de moins de 65 ans et 533 contrôles hospitaliers individuellement appariés en fonction de l’âge, la région et la date d’admission pour asthme correspondant à la date de décès.
* Les données étaient extraites à l’aveugle à partir de copies anonymes d’enregistrement des soins primaires pour les 5 années précédentes et non à l’aveugle pour la période précoce.
– RESULTATS :
* 60% des cas et 63% des contrôles étaient des femmes.
* L’âge moyen dans les deux groupes était de 53 ans.
* Les cas avaient un âge plus précoce de début de l’asthme, plus de maladie bronchique obstructive et étaient plus en surpoids.
* 48% des cas et 42% des contrôles avaient des problèmes comportementaux à l’égard de la santé ; on retrouvait ainsi une mauvaise observance répétée et une mauvaise technique d’inhalation comme facteurs de risque de décès.
* Globalement, 85% et 86%, respectivement, avaient des problèmes psychologiques.
* Quatre facteurs psychosociaux étaient associés à l’augmentation du risque de décès ( psychose, abus de drogue ou d’alcool, problème financier ou de chômage, difficultés scolaires) et deux facteurs de réduction du risque (anxiété et prescription de médicaments antidépresseurs et problèmes sexuels). Alors que l’abus d’alcool ou de drogue perd en signification après ajustement à la psychose, d’autres associations apparaissaient indépendantes l’une de l’autre en tant qu’indicateurs de sévérité et de co-morbidité.
* Aucun des 13 facteurs qui restaient incluant problèmes familiaux et domestiques, perte et isolement social étaient significativement en relation avec le risque de décès par asthme.
– CONCLUSION : Il y avait apparemment une haute charge en faveur des problèmes psychosociaux dans les deux groupes. L’association entre le comportement à l’égard de la santé, les facteurs psychosociaux et le décès par asthme était variable et complexe avec un nombre limité de facteurs montrant une relation positive.
Je me pose souvent cette question : « Pourquoi l’asthme, fait-il l’objet de tant de questions ayant trait à la psychologie, à l’affectif ? »
La question la plus souvent posée par les patients (bien souvent par les parents de l’asthmatique) : « Mais, Docteur l’asthme c’est psychologique ».
J’ai le sentiment, pour revenir à l’exemple des parents d’un petit asthmatique, que ces parents préfèreraient entendre une histoire alambiquée de psychologie que de devoir modifier leur habitude et ainsi cesser de fumer au domicile, se séparer d’un chat...
Pour revenir à cette étude, elle montre bien que ce qui fait que l’on meurt de son asthme, c’est avant tout la gravité de la maladie : début précoce, intensité du caractère obstructif, le surpoids, la mauvaise observance du traitement.
Alors cessons de tourner en rond et évacuons les problèmes psychologiques qui sont la plupart du temps en relation avec une mauvaise gestion thérapeutique de la maladie asthmatique. A l’heure actuelle, dans la plupart des cas, avec les moyens thérapeutiques dont nous disposons, avec les connaissances de la maladie que nous apportent les publications, un asthme doit être équilibré et l’asthmatique vivre normalement.
Recevez les actualités chaque mois