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Faut-il élever les bébés dans les moisissures ?
vendredi 13 décembre 2002, par
Cette étude prospective américaine enquête dans une population de nourrissons à haut risque asthmatique afin de savoir si la concentration des moisissures domestiques peut jouer un rôle dans l’apparition de symptômes respiratoires. Quelles sont les moisissures responsables ? Quelle est la concentration déclenchante ?
Niveaux des moisissures domestiques associés aux symptômes respiratoires de la première année de vie dans une cohorte à risque d’asthme. : Gent JF, Ren P, Belanger K, Triche E, Bracken MB, Holford TR, Leaderer BP. Yale Center for Perinatal, Pediatric and Environmental Epidemiology, Department of Epidemiology and Public Health, Yale University School of Medicine, New Haven, Connecticut, USA. dans Environ Health Perspect 2002 Dec ;110(12):A781-6
Nous avons fait une étude prospective pour évaluer le risque d’accroissement de l’incidence des symptômes respiratoires après exposition à des particules fongiques dans une population de nourrissons (n=880) présentant un haut risque de développement de l’asthme.
Nous avons collecté durant la première année de vie les éléments suivants :
* Jours avec sifflements thoraciques ou avec toux persistante,
* Antécédent maternel d’allergie ou d’asthme,
* Facteurs socio-économiques et caractéristiques du domicile.
L’exposition aux moisissures était évaluée par prélèvements aériens collectés précocement dans la vie de l’enfant. Les moisissures étaient identifiées en fonction du développement, mesuré par le nombre de colonies par m3, et catégorisées en 4 niveaux : 0 (indétectable), 1-499 (bas), 500-999 (moyen), égal ou supérieur à 1000 (élevé).
Les effets des moisissures sur les sifflements thoraciques et la toux, ajustés en fonction des facteurs confondants étaient évalués à l’aide d’une analyse de régression de Poisson.
– Les deux types de moisissures les plus souvent retrouvés étaient le Pénicillium et le Cladosporium.
– De façon significative, le Cladosporium était associé aux fuites d’eau.
– Le score de toux persistante était associé à la présence de moisissures.
– Le haut niveau de Pénicillium était associé à un fort taux de sifflements et de toux compte tenu de l’histoire maternelle d’asthme et d’allergie, des facteurs socio-économiques, de la saison des prélèvements et de certaines caractéristiques du domicile.
Nous concluons que les enfants à haut risque d’asthme exposés à de hauts niveaux de Pénicillium présentent un risque significatif de sifflement thoracique ou de toux persistante.
Cette étude prospective américaine est intéressante. Elle permet d’établir un lien entre le taux de moisissures domestiques et les symptômes respiratoires (asthme et toux équivalent d’asthme).
Toutefois, il nous manque quelques détails qui doivent figurer dans la publication complète, particulièrement les critères retenus pour sélectionner la population à haut risque asthmatique.
Je trouve dommage que les statuts allergiques des mamans n’aient pas été vérifiés (tests cutanés et CAP RAST). De même, il semble que les enfants n’aient pas eu de tests cutanés, ni de tests sériques pour corréler leur symptomatologie à une éventuelle allergie.
Enfin, cette étude ne peut conclure sur l’étiologie exacte des symptômes respiratoires : allergique ou toxique (les forts taux de moisissures peuvent avoir un effet toxique et irritant sur les muqueuses respiratoires).
On peut même aller plus loin, qui dit moisissure dit humidité et donc environnement favorable au développement des acariens. A priori, il y a beaucoup de biais dans cette étude.
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