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Orage, Ô asthme, Ô désespoir, Ô mon Allergologue vénéré !
mardi 24 décembre 2002, par
Epidémiologiquement, l’association asthme et orage est reconnue. Par contre, les données concernant les caractéristiques de l’inflammation bronchique des ces asthmes déclenchés lors des orages ne sont pas disponibles. C’est le propos de cette étude : quelle est la cause réelle des ces asthmes sous orage ?
Inflammation des voies respiratoires dans l’asthme déclenché lors des orages. : P. A. B. Wark*, J. Simpson, M. J. Hensley and P. G. Gibson *Respiratory Cell and Molecular Biology, Research Division, Southampton General Hospital, Southampton, UK,Airways Research Centre John Hunter Hospital andFaculty of Medicine and Health Sciences, University of Newcastle, Australia dans Clinical & Experimental Allergy 32 (12), 1750-1756
– INTRODUCTION : Les données épidémiologiques internationales sont en faveur de l’association crise d’asthme et orage, cependant l’inflammation des voies respiratoires lors de ces accès n’a jamais été caractérisée. Le but de l’étude est de caractériser l’inflammation des voies respiratoires dans l’asthme lors des orages.
– METHODES :
* Les cas ont été recrutés aux urgences, il s’agissait de crises d’asthme faisant suite immédiate à un orage (n=6).
* Ces patients étaient comparés à un groupe contrôle : asthmatiques atopiques reçus aux urgences pour crise d’asthme antérieurement à l’orage (n=12) et un second groupe d’asthmatiques n’ayant jamais reçu de corticostéroïdes qui s’étaient présentés aux urgences dans les 12 mois antérieurs (n=6).
* Les sujets subissaient spirométrie, analyse de crachat et tests cutanés et étaient revus en contrôle 4 semaines plus tard.
– RESULTATS :
* Les cas « orage » ont plus volontiers des antécédents de rhume des foins et d’allergie aux pollens de graminées et sont moins souvent sous corticostéroïdes inhalés avant l’arrivée aux urgences.
* Les cas « orage » et ceux des groupes de contrôle ont un degré similaire, modéré à sévère, d’obstruction bronchique.
* Les cas « orage » ont une élévation des éosinophiles dans l’expectoration (14,8% du nombre total des cellules) comparée à celle des groupes contrôle (1%, 2,6%, P<0,01).
* Les cas « orage » présentent un plus fort taux d’ECP (eosinophil cationic protein) (11686 ng/ML) comparés aux contrôles (1883, 3300, P=0,02).
* Les cas « orage » ont plus de cellules positives pour l’IL-5 (30%) comparés aux contrôles (1, 1,5%, P=0,02).
* En ajustant à l’utilisation de corticostéroïdes inhalés, les cas « orage » ont un rapport de risque pour les taux élevés des éosinophiles des crachats de 2,4.
– CONCLUSION :
* L’asthme lors des orages présente une inflammation bronchique caractérisée par la présence d’éosinophiles dans les crachats répondant à l’IL-5, et, par la dégranulation de ces éosinophiles.
* Ces résultats sont pertinents avec l’exposition allergénique comme cause de l’exacerbation, et, sont aussi pertinents avec l’existence d’un pic de pollinisation des graminées induit par l’orage en tant que cause de l’asthme induit par les orages.
Cette étude rappelle d’abord que l’ensemble des études épidémiologiques sont en faveur d’un lien entre asthme et orage.
Ensuite, les résultats sont très probants. Ainsi, la majorité des asthmatiques qui se sont exacerbés lors d’un orage sont plus souvent allergiques aux pollens de graminées et sont moins souvent sous corticostéroïde inhalé.
Tout est très cohérent, les orages ayant lieu fréquemment au printemps et en été, il est logique de voir s’aggraver ces asthmatiques dans ces périodes orageuses. Il est crédible de croire que ces patients qui souffrent surtout d’asthme pollinique ne prennent pas en continu de corticostéroïdes inhalés, lors du pic pollinique sous orage, le déclenchement de la crise est d’autant plus aisé.
Le profil inflammatoire correspond à la classique inflammation à éosinophiles des allergiques. L’orage agit donc bien là en tant qu’exacerbation de la pollinisation ; les grains de pollens se fragmentent ce qui a pour conséquence d’augmenter le nombre de particules polliniques hautement allergisantes et de diminuer leur taille favorisant la pénétration dans les voies respiratoires profondes et donc l’asthme.
Cela rappelle que le grand danger de l’allergie aux pollens, c’est l’asthme. Nombre de travaux ont montré que la désensibilisation protège de la survenue d’asthme.
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