Le nez dans les bronches : une histoire de fous, d’acariens ou d’autre chose ?

mercredi 25 décembre 2002 par Dr Stéphane Guez2386 visites

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Le nez dans les bronches : une histoire de fous, d’acariens ou d’autre chose ?

Le nez dans les bronches : une histoire de fous, d’acariens ou d’autre chose ?

mercredi 25 décembre 2002, par Dr Stéphane Guez

L’existence d’un lien entre rhinite et asthme est discuté mais semble maintenant admise par beaucoup d’auteurs. Cependant la nature de ce lien et les facteurs qui la détermine sont encore largement méconnus. Du moins jusqu’à cette nouvelle étude…

L’inflammation bronchique induite par les allergènes chez les patients allergiques aux acariens de la poussière de maison avec ou sans asthme. : C. E. Lopuhaä, T. A. Out*, H. M. Jansen, R. C. Aalberse and J. S. van der Zee Department of Pulmonology and*Department of Experimental Immunology, Academic Medical Center andCLB Sanquin Blood Supply Foundation, Amsterdam, the Netherlands dans Clinical & Experimental Allergy 32 (12), 1720-1727

On ne connaît pas les facteurs qui déterminent la survenue et la persistance d’un asthme chez les patients allergiques aux acariens de la poussières de maison. Le niveau des IgE spécifiques ne semblent pas important dans la survenue de symptômes d’asthme. De plus le niveau d’exposition aux allergènes acariens ne semble pas différer significativement entre patients asthmatiques et non asthmatiques.

 But de l’étude :
* Etudier l’hypothèse que c’est une différence qualitative ou quantitative de la réponse inflammatoire cellulaire bronchique lors de la phase retardée de la réaction allergique qui explique la présence ou l’absence de symptômes d’asthme chez des patients allergiques aux acariens.
* Cette hypothèse a été vérifiée dans un modèle de test de provocation bronchique allergique.

 Matériel et méthode :
* Des test de provocation bronchique avec des extraits acariens ont été réalisés chez 52 patients allergiques aux acariens de la poussière de maison, parmi lesquels 26 patients avec un asthme et 26 patients avec une rhinite perannuelle sans asthme.
* Les premiers résultats concernent les paramètres de l’inflammation bronchique étudiés à l’aide d’échantillons d’expectoration induite (analyse cellulaire, ECP, IL8, myéloperoxydase (MPO)).
* De plus la fonction respiratoire, l’hyper-réactivité non spécifique et des prélèvements sanguins (éosinophiles, IL5) ont été réalisés.

 Résultats :
* A l’état de base, les taux d’éosinophiles et de ECP dans l’expectoration sont identiques dans les 2 groupes mais les neutrophiles et l’IL8 sont plus élevés chez les asthmatiques.
* La broncho-constriction précoce après le test de provocation allergique est similaire dans les 2 groupes, avec asthme ou sans asthme (taux moyen de diminution du VEMS : 31.7% versus non asthmatiques 29.1%, p>0.1).
* La phase retardée de la bronchoconstriction est significativement plus importante chez l’asthmatique (diminution moyenne du VEMS : 27.6% versus non asthmatique 18.9%, p=0.02).
* L’induction d’une hyper-réactivité bronchique est identique entre les 2 groupes.
* Le test de provocation bronchique allergique met en évidence une augmentation significative dans l’expectoration des éosinophiles et de l’ECP, mais qui ne permet pas de distinguer les 2 groupes (p>0.1 et p=0.07, respectivement).
* En contraste, chez l’asthmatique un taux plus important de neutrophiles persiste dans l’asthme 24H après le test et s’accompagne d’une augmentation significative de l’IL8 et du MPO, modifications qui sont absentes chez le non asthmatique (différence entre les 2 groupes : p=0.007 et p=0.05 respectivement).

 Conclusions : Le test de provocation allergique induit un augmentation très similaire des éosinophiles et de l’ECP dans l’expectoration induite chez des asthmatiques allergiques et chez des patients ayant une rhinite sans asthme. La différence dans l’inflammation bronchique entre asthmatiques et non asthmatiques semble plus corrélée aux marqueurs de l’inflammation neutrophile.


Dans cette étude les auteurs démontrent que la différence entre asthmatique et non asthmatique chez des patients allergiques aux acariens n’est pas due à des différences concernant les taux d’IgE spécifiques ou d’acariens à la maison ni aux marqueurs comme l’ECP ou les taux d’éosinophiles, mais uniquement aux marqueurs de l’inflammation neutrophile lors de la phase retardée.

Il s’agit donc plus d’une anomalie intrinsèque de l’inflammation qui implique les neutrophiles.

Ces données sont importantes car l’hypothèse la plus fréquente actuellement est de penser que l’exposition prolongée aux acariens chez les patients allergiques avec une rhinite pourrait induire de l’asthme.

Ces résultats semblent monter que la différence entre asthmatiques et non asthmatiques n’est pas liée à cette exposition mais uniquement à l’inflammation cellulaire de la phase retardée.

La désensibilisation est-elle donc indiquée pour éviter la complication d’un asthme chez le patient avec une rhinite ?

D’autres études ont cependant souligné les liens entre rhinite et asthme : il faut donc encore d’autres études complémentaires pour connaître la nature exacte de ce lien.

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