L’Aspirine, ça peut faire du bien même si ça fait du mal.

samedi 25 janvier 2003 par Dr Philippe Carré5437 visites

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L’Aspirine, ça peut faire du bien même si ça fait du mal.

L’Aspirine, ça peut faire du bien même si ça fait du mal.

samedi 25 janvier 2003, par Dr Philippe Carré

La maladie respiratoire à l’aspirine s’accompagne de manifestations bronchiques et nasales handicapantes, nécessitant souvent l’utilisation de corticoïdes. Les auteurs ont émis l’hypothèse qu’une désensibilisation à l’aspirine pourrait permettre de contrôler les symptômes et diminuer le recours à la corticothérapie.

Traitement au long cours par désensibilisation à l’aspirine chez des asthmatiques ayant une maladie respiratoire aggravée par l’aspirine. : Berges-Gimeno MP, Simon RA, Stevenson DD. Scripps Research Institute and Scripps Clinic and Scripps Research Institute, La Jolla, Calif. dans J Allergy Clin Immunol 2003 Jan ;111(1):180-6

 Position du problème:La désensibilisation à l’aspirine est une option pour diminuer l’activité de la maladie et réduire les besoins en corticoïdes systémiques chez des patients avec maladie respiratoire exacerbée par l’aspirine (MREA).

 Objectif. Cette étude avait pour but de savoir si l’évolution clinique de patients avec MREA s’améliorait 6 mois après le début d’une désensibilisation à l’aspirine, et de comparer cette évolution avec une réévaluation effectuée après au moins 1 an.

 Méthodes. Entre 1995 et 2000, 172 patients avec MREA ont été admis au centre de recherche clinique, désensibilisés et traités par de l ’aspirine, et leur évolution clinique a été suivie par des interrogatoires et des questionnaires écrits.

 Résultats.
* 6 mois après le début du traitement à l’aspirine, on notait une diminution significative des infections des sinus et des corticothérapies de courte durée, et une amélioration de l’odorat et des symptômes naso-sinusiens et asthmatiques (p<0.001).
* Ces résultats persistaient pendant 1 à 5 ans (<0.001).
* Les doses moyennes de prednisone ont baissé de 10.8 mg/jour à respectivement 8.1 et 3.6 mg/jour à 6 mois et à plus d’un an.
* Des 172 patients, 24 (14%) ont arrêté le traitement à cause d’effets secondaires, et 115 (67%) ont répondu au traitement.
* Après retrait des patients ayant interrompu le traitement pour effets secondaires, le taux d’amélioration était de 78% (115/148 patients).
* Des 126 patients qui ont complété le traitement au moins 1 an, 110 (87%) se sont améliorés.

 Conclusion. La désensibilisation à l’aspirine, suivie d’un traitement quotidien, est efficace à au moins 6 mois de traitement et se poursuit pour au moins 5 ans.


Cette étude confirme l’hypothèse émise que des patients avec maladie respiratoire induite par l’aspirine peuvent être améliorés par une prise régulière d’aspirine, initiée par une désensibilisation préalable.

L’amélioration porte sur les symptômes nasaux et bronchiques, les deux cibles habituelles de cette pathologie, et surtout s’accompagne d’une réduction importante de la consommation de corticoïdes oraux, rendue souvent nécessaire dans cette pathologie habituellement cortico-dépendante.

La désensibilisation de patients intolérants à l’aspirine, mais qui ont une indication médicale formelle à son utilisation, a déjà été décrite dans la littérature. L’originalité de cette étude résulte dans le fait qu’un traitement au long cours par de l’aspirine est non seulement bien toléré, mais modifie l’évolution de la maladie à long terme et permet une épargne corticoïde.

Ceci est certainement à reconfirmer sur des études plus importantes, car elle aurait des implications pratiques non négligeables chez de nombreux patients, à la condition d’un rapport efficacité / effets secondaires acceptable.

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