Le travail est mauvais pour les allergiques !

mercredi 29 janvier 2003 par Dr Philippe Carré1742 visites

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Le travail est mauvais pour les allergiques !

Le travail est mauvais pour les allergiques !

mercredi 29 janvier 2003, par Dr Philippe Carré

La rhinite et l’asthme sont fréquemment associés, plus personne n’en doute. Le problème c’est celui de leur filiation. Les auteurs finlandais ont pris pour référence la rhinite d’origine professionnelle, et ils ont étudié quelle était dans cette population la fréquence de l’asthme, par rapport à une population exposée mais sans rhinite.

Risque d’asthme chez des patients finlandais avec rhinite professionnelle. : Antti Karjalainen, MD ; Rami Martikainen, MSc ; Timo Klaukka, MD ; Kimmo Saarinen, MD and Jukka Uitti, MD * Department of Epidemiology and Biostatistics (Dr. Karjalainen and Mr. Martikainen), Finnish Institute of Occupational Health, Helsinki, Finland ; Social Insurance Institution (Dr. Klaukka), Helsinki, Finland ; and Tampere Regional Institute of Occupational Health and Clinic of Occupational Medicine (Drs. Saarinen and Uitti), Tampere University Hospital, Tampere, Finland. dans Chest. 2003 ;123:283-288

 Objectifs. Déterminer le risque d’asthme parmi des patients avec rhinite d’origine professionnelle.

 Modalités.
* Des patients avec une rhinite professionnelle confirmée ont été suivis pour mesurer l’incidence de l’asthme à partir d’un registre.
* Des patients avec d’autres maladies professionnelles servaient de population de référence.
* Patients. Les patients inclus dans le registre finlandais des maladies professionnelles de 1988 à 1999 pour rhinite professionnelle (n= 3637) ou une autre maladie professionnelle (n= 31457) ont été suivis jusqu’au 31 décembre 2000, par le biais de 2 registres nationaux : celui des patients remboursés pour des traitements médicamenteux, et celui du centre de référence.

 Méthodes. Les taux d’incidence de l’asthme ont été calculés, et un modèle logarithmique linéaire, ajusté pour l’âge, le sexe et la profession, a été utilisé pour mesurer le risque relatif (RR) d’asthme dans le groupe avec rhinite professionnelle comparé à l’autre groupe sans rhinite.

 Résultats.
* Il y avait respectivement 420 et 972 cas incidents d’asthme parmi ceux avec rhinite professionnelle et la population de référence.
* Le RR d’asthme était de 4.8 % (intervalle de confiance à 95% (CI) : 4.3 à 5.4) pour tous les patients avec rhinite professionnelle, 5.4 (CI : 4.8 à 602) pour les patients avec rhinite professionnelle acceptée pour des remboursements, et 3.7 (CI : 3.1 à 4.5) pour les patients avec rhinite non acceptée pour un remboursement.
* Le RR variait selon la profession, étant le plus élevé parmi les agriculteurs et les menuisiers, les deux groupes ayant un risque multiplié par 7.
* Le risque était particulièrement élevé pendant l’année suivant l’inscription au registre, mais un risque d’environ 3 fois persistait plusieurs années après.

 Conclusion. Les patients avec rhinite d’origine professionnelle ont un risque d’asthme élevé, mais d’autres études sont nécessaires pour étudier l’effet de mesures préventives.


Cette étude vient confirmer une fois de plus les relations nez/bronches, et la fréquence élevée de l’asthme dans une population de patients avec rhinite ; l’originalité réside dans le choix d’une population avec exposition professionnelle.

Si la rhinite ne doit pas poser beaucoup de problème diagnostique, le critère retenu pour le diagnostic d’asthme (registre de remboursement d’anti-asthmatiques) peut prêter à discussion, ces médicaments pouvant être utilisés pour d’autres pathologies non asthmatiques. D’autres études sont certainement souhaitables.

La dernière question est récurrente dans ce débat nez/bronches : la prise en charge de la rhinite peut-elle diminuer l’incidence ultérieure de l’asthme ?

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