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Allergie posthume.
mardi 4 février 2003, par
Il s’agit ici du cas d’un homme non atopique qui reçoit un foie provenant d’un sujet décédé d’un choc anaphylactique après ingestion de cacahuète et qui développe une allergie à l’arachide et autres graines oléagineuses. Les mécanismes de ce transfert n’apparaissent pas évidents.
Transfert passif de l’allergie à l’arachide après transplantation hépatique. : Phan TG, Strasser SI, Koorey D, McCaughan GW, Rimmer J, Dunckley H, Goddard L, Adelstein S. Department of Clinical Immunology, Royal Prince Alfred Hospital, Missenden Road, Camperdown, Sydney 2050, New South Wales, Australia. tri.phan@email.cs.nsw.gov.au dans Arch Intern Med 2003 Jan 27 ;163(2):237-9
Un homme non atopique de 60 ans, ayant reçu une allogreffe hépatique provenant
d’un garçon atopique de 15 ans décédé d’un choc anaphylactique après ingestion de cacahuète, voit se développer une réaction allergique à la noix de cajou.
Le bénéficiaire du foie n’avait pas d’antécédent d’allergie à l’arachide.
Les tests cutanés pratiqués après transplantation étaient positifs à la cacahuète, à la noix de cajou et au sésame, le donneur avait des IgE sériques spécifiques à ces 3 allergènes.
Le suivi des receveurs des autres organes du même donneur ne mettait pas en évidence l’apparition de symptômes allergiques chez ceux-ci après ingestion de cacahuète ou de noix de cajou.
Les résultats du typage des molécules de l’histocompatibilité (HLA) ne permit pas de retrouver des leucocytes du donneur chez le receveur du foie après transplantation, ce qui excluait un chimérisme des cellules du sang périphérique.
Trente-deux semaines après la greffe, le patient ingérait accidentellement des aliments contaminés par de la cacahuète et subissait une seconde réaction anaphylactique.
Ce cas illustre que le transfert de l’hypersensibilité IgE médiée peut survenir après transplantation du foie et avoir des conséquences potentiellement grave.
En conséquence, nous recommandons que les donneurs d’organe subissent un bilan allergologique afin que les receveurs puissent être informés des allergènes à éviter.
Le foie est considéré comme l’organe le moins immunogène. Le foie n’est pas sensé appartenir au système lymphoïde, ni organe lymphoïde primaire, ni organe lymphoïde secondaire. C’est dire que son rôle dans la transmission d’une allergie IgE médiée lors d’une greffe paraît mince.
Pourtant ici le cas clinique relaté paraît d’une évidence éblouissante. Toutefois, le groupe HLA du donneur n’est pas retrouvé au niveau des cellules blanches du sang périphérique. Cela suggère donc la possibilité d’un transfert de cette allergie à l’aide de facteurs plus subtils que le transfert cellulaire.
Ainsi la curiosité m’a poussé à aller plus loin. Une étude japonaise en 1999, montre que des réactions immunologiques spécifiques d’antigènes peuvent avoir lieu au niveau du foie. Une étude plus ancienne en 1984, montre que le transfert de l’atopie est possible par greffe de moelle, mais la pérennisation de ce caractère atopique chez le receveur suggère qu’il existe des facteurs encore inconnus provenant du donneur capables de stimuler les cellules de l’hôte qui développent ensuite les caractères de l’atopie.
Alors, alors, on transférerait aussi du génome du donneur chez le receveur ?!
Enfin, pour clore la discussion, on peut concevoir que le receveur a été soumis à un traitement immunosuppresseur qui a pu déséquilibrer son système immunitaire, celui-ci devenant apte à développer une allergie à l’arachide.
Cette publication nous interpelle quant à la complexité du système immunitaire.
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