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Faut-il couper les arbres pour améliorer les allergiques aux pollens de graminées ?
mercredi 19 février 2003, par
L’association d’une allergie aux pollens de graminées et aux pollens d’arbres est fréquente. On dit souvent que cette allergie aux arbres, qui commence plus tôt, amorce la réaction allergique qui sera plus intense lors des graminées. Peut-on agir sur cette effet d’amorçage de la réaction allergique aux pollens de graminées ?
Une immunothérapie par voie sublinguale présaisonnière au mélange bouleau/noisetier peut améliorer le devenir d’une désensibilisation injectable aux pollens de graminées chez des patients bi-sensibilisés. Une étude contrôlée de 2 ans de type cas/témoins. : Cirla AM, Cirla PE, Parmiani S, Pecora S. Istituti Ospitalieri, Center for Environmental Allergy, Cremona, Italy. dans Allergol Immunopathol (Madr) 2003 Jan-Feb ;31(1):31-43
Cette étude teste l’hypothèse d’une réduction de la l’amorçage allergique secondaire à une allergie aux arbres, chez des patients sensibilisés à la fois aux pollens de bouleau/noisetier et aux pollens de graminées, par une association présaisonnière de désensibilisation par voie sublinguale et par voie injectable.
– Méthodes :
* 36 patients parmi 49 patients bisensibilisés ont été appariés en 18 couples.
* Pendant 2 ans tous les patients ont eu une désensibilisation présaisonnière par voie injectable vis à vis des pollens de graminées, et un patient de chaque couple a reçu en plus une désensibilisation par voie sublinguale vis-à-vis du mélange bouleau/noisetier.
* Une carte de suivi symptomatique journalier a été remplie pendant 3 saisons polliniques successives.
* Un test de provocation spécifique par voie nasale a été réalisé ainsi qu’un test d’hyper réactivité bronchique non spécifique.
* Un dosage d’IgG et d’IgE spécifiques a été réalisé.
– Résultats :
* Pendant les pics polliniques de pollens de graminées, il y a dans les 2 groupes une amélioration significative du score symptomatique total.
* La conjonctivite et la toux s’améliorent significativement plus chez les patients qui associent les 2 désensibilisations.
* Alors que le score anti-histaminique diminue significativement dans les 2 groupes, les thérapeutiques anti-asthmatiques diminuent seulement dans le groupe ayant les 2 désensibilisations.
* Le suivi objective une augmentation significative des IgG spécifiques des graminées et du bouleau avec une diminution des IgE spécifiques aux graminées.
* Le seuil de provocation nasale spécifique aux graminées est significativement plus élevé dans le groupe ayant la double désensibilisation (p=0.01), et c’est seulement dans ce groupe que la DP20 à la métacholine augmente de façon significative (p<0.05).
– Conclusions :
* La combinaison d’une désensibilisation par voie sublinguale au mélange bouleau/noisetier et d’une désensibilisation par voie injectable pour les pollens de graminées est sans risque, et améliore le devenir clinique de la désensibilisation injectable seule chez de jeunes enfants bi sensibilisés.
* La réduction de l’amorçage de la réaction allergique par les pollens d’arbres est confirmée par la diminution de l’hyper réactivité nasale et bronchique.
Cette étude démontre qu’en associant une désensibilisation par voie sublinguale vis à vis des pollens d’arbres à des enfants en désensibilisation pour les pollens de graminées, et sensibilisés à la fois aux graminées et aux arbres, on améliore le devenir de la désensibilisation injectable vis à vis des pollens.
Cette étude pratique est importante à plus d’un titre.
* Elle confirme tout d’abord l’efficacité de la désensibilisation par voie injectable aux pollens dans l’allergie aux graminées.
* D’autre part elle démontre que si on agit sur une allergie associée aux pollens d’arbres en associant une désensibilisation par voie sublinguale , on améliore la désensibilisation aux pollens. Du même coup cette étude démontre également l’efficacité de la désensibilisation par voie sublinguale aux pollens d’arbres.
* Enfin ce travail confirme que l’allergie aux arbres a un effet d’amorçage de la réaction allergique aux graminées : en effet la saison pollinique commence d’abord par les arbres puis les pollens de graminées viennent ensuite. Cet effet de « priming » du à l’allergie aux pollens d’arbres est donc confirmée. Il faut donc en tenir compte chez des patients désensibilisés pour lesquels on décide de la mise en route d’une immunothérapie vis à vis des graminées.
L’association d’un traitement par voie sublinguale n’alourdit pas le traitement, et n’entraîne aucun effet secondaire.
Ce travail offre donc une perspective thérapeutique intéressante pour la prise en charge des allergiques aux pollens de graminées qui ne sont pas suffisamment améliorés par la désensibilisation et qui sont également allergiques aux pollens d’arbres.
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