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J’ai l’intestin en boudin et les poumons qui tournent pas rond... ({air connu})
lundi 24 février 2003, par
L’étiologie des pathologies inflammatoires chroniques de l’intestin est mystérieuse. Existe-t-il chez ces patients un terrain asthmatique et atopique qui pourrait constituer une piste étiologique ?
Hyper-réactivité bronchique et atopie dans les maladies inflammatoires coliques. : Ceyhan BB, Karakurt S, Cevik H, Sungur M. Department of Pulmonary Medicine, Marmara University School of Medicine, Istanbul, Turkey. dans Respiration 2003 ;70(1):60-6
Malgré les connaissances sur les affections coliques inflammatoires (ACI) et un nombre important d’articles sur l’association entre affections pulmonaires et ACI, les fréquences de l’atopie et de l’hyper réactivité bronchique (HRB) dans les ACI restent non connues.
– Objectifs de l’étude : Les auteurs ont recherché la prévalence de tests fonctionnels respiratoires anormaux, les résultats du test d’HRB et l’état atopique de patients ayant une ACI.
– Méthodes :
* 30 patients avec une ACI ont été inclus (19 avec une colite ulcéreuse, 11 avec une maladie de Crohn ; 19 hommes et 11 femmes) ;
* 16 patients sans problèmes gastro-intestinaux (9 femmes et 7 hommes) ont été inclus comme témoins.
* Les patients ont été questionnés sur des manifestations respiratoires et allergiques, ils ont également eu : des tests respiratoires, une épreuve d’HRB, des tests cutanés, une mesure du taux des éosinophiles sanguins, un taux d’IgE totales, avec comparaison à des témoins contrôles.
– Résultats :
* La durée moyenne de l’ACI est de 5.3 +/- 4.8 années.
* Les patients avec une ACI ont significativement plus souvent des symptômes respiratoires par rapport aux sujets contrôles (OR : 9 ; p<0.04).
* Un diagnostic déjà établi d’asthme et de traitements anti-asthmatiques a été noté chez 3 patients sur 30 (10%) ayant une ACI.
* Les symptômes d’allergie sont plus fréquents chez les patients avec une ACI par rapport aux contrôles (OR : 13 ; p< 0.007), surtout chez les patients avec une colite ulcéreuse (OR : 16 ; p< 0.004).
* La valeur moyenne du VEMS était de 3 .1 +/- 0.9 litres (96 +/- 18% de la valeur prédite), la PD20 à la métacholine de 14.7 +/- 3.6 mg/ml, le taux moyen des IgE : 190.5 +/- 305.6 UI/ml (valeurs normales : < 94 UI/ml) et le % des éosinophiles périphériques de 3.1% +/- 3.3% chez les patients avec une ACI. Ces valeurs ne sont pas significativement différentes par rapport aux témoins. Cependant, une anomalie de la fonction respiratoire et de l’HRB a été observée chez 8 patients sur 30 (27%) et chez 5 patients sur 30 (17%) respectivement.
* Des tests fonctionnels respiratoires anormaux sont plus fréquents chez les patients avec une ACI que chez les témoins (OR : 12, p< 0.04).
* Les tests cutanés sont positifs chez 15 patients sur 30 ayant une ACI. Le risque d’avoir un test cutané positif augmente chez les patients ayant une ACI par rapport aux sujets témoins (OR : 7 ; p< 0.02).
* La durée de l’ACI et son activité n’influencent pas la prévalence de l’HRB, des manifestations allergiques et respiratoires, les anomalies de la fonction respiratoire, le taux des IgE totales et la positivité des tests cutanés.
– Conclusions : Les symptômes d’allergie, les symptômes respiratoires, des tests fonctionnels respiratoires anormaux et une positivité des tests cutanés sont plus fréquents parmi les patients avec une ACI que par rapport à des sujets témoins normaux.
Dans cette étude, les auteurs montrent qu’il y a chez les patients présentant une colite inflammatoire chronique, une prévalence plus importante de manifestations respiratoires et allergiques avec des anomalies de l’épreuve fonctionnelle respiratoire ainsi que des tests cutanés positifs.
En fait cette étude n’emporte pas vraiment la conviction car il y a peu de témoins pour affirmer une différence significative par rapport à la population étudiée.
On peut aussi se demander si la recherche de cette association est vraiment intéressante dans la mesure où il y a souvent une priorité de traitement vis-à-vis de la colite inflammatoire et que, d’autre part, il ne semble pas que la prévalence de l’asthme soit réellement plus importante dans cette population.
Mais si on admet les résultats présentés, il faut alors se demander s’il existe un mécanisme allergique qui pourrait être à l’origine de ces colites inflammatoires dont l’origine est mystérieuse.
Il serait donc intéressant de confirmer ces résultats puis dans un deuxième temps alors de rechercher attentivement une allergie alimentaire par exemple dans cette population de patients.
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