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Docteur, l’arachide me donne de l’urticaire et un gros « pois » sur le ventre !
samedi 1er mars 2003, par
L’allergie croisée alimentaire reste un sujet difficile d’autant qu’elle est plus souvent biologique que clinique. Le problème en pratique courante est le suivant : si un patient refait un accident anaphylactique après éviction de l’arachide, celui-ci est-il du à une ingestion accidentelle d’arachide ou à une allergie croisée ignorée ?
Les patients ayant une allergie aux pois peuvent avoir une allergie à l’arachide liée à une réactivité croisée à la viciline (Ara h 1). : Wensing M, Knulst AC, Piersma S, O’kane F, Knol EF, Koppelman SJ. Department of Dermatology/Allergology, University Medical Centre Utrecht, Utrecht ; the Protein Technology Department, TNO Nutrition and Food Research Institute, Zeist ; and the Centre for Protein Technology, TNO-WU, Wageningen dans J Allergy Clin Immunol 2003 Feb ;111(2):420-4
La réactivité croisée sérologique parmi les légumes a été décrite, cependant elle est très rarement significative sur le plan clinique. Dans cette étude, 3 patients ayant un des antécédents d’anaphylaxie aux pois ont également présentés des symptômes après ingestion de cacahuètes.
– Objectif : Les auteurs ont recherché si les symptômes liés à l’arachide sont dus à une allergie croisée aux protéines du pois et de l’arachide.
– Méthodes :
* Les symptômes liés à l’arachide ont été documentés par l’histoire clinique, ou par un test de provocation orale en double aveugle contre placebo.
* Les tests cutanés ont été réalisés, et un taux spécifique d’IgE a été réalisé pour les pois et l’arachide par méthode CAP système (FEIA).
* Les protéines qui se lient aux IgE du pois et de l’arachide ont été identifiées par une analyse en immunoblot.
* La réactivité croisée a été étudiée par immunoblot et inhibition du test ELISA avec l’extrait allergénique total ou des allergènes purifiés.
– Résultats :
* Les symptômes liés à l’allergie à l’arachide consistent en un syndrome oral pour tous les patients, avec en plus de l’urticaire, une dyspnée ou un angio-œdème pour 2 patients.
* Tous les patients avaient un test cutané positif et une augmentation des IgE spécifiques pour pois et arachide.
* L’étude en immunoblot a montré une forte liaison des IgE principalement à une protéine : la viciline dans l’extrait de pois et exclusivement à l’allergène ARA h 1 de l’extrait total d’arachide.
* L’immunoblot, les études d’inhibition des tests ELISA avec des extraits naturels, aussi bien qu’avec des protéines purifiées, montrent que la liaison des IgE à l’arachide peut être inhibée par les pois.
– Conclusions : Une allergie croisée entre pois et arachide peut avoir une signification clinique. Des homologies des vicilines, communes au pois et à l’arachide représentent les bases moléculaires de cette réactivité croisée.
Dans cette étude, les auteurs démontrent qu’il existe chez certains patients une allergie croisée significative sur le plan clinique entre pois et arachide. Ils démontrent que cette allergie croisée est due à une homologie entre des protéines, les vicilines, qui sont communes aux pois et à l’arachide.
Cette étude est intéressante puisqu’elle fait la preuve d’une nouvelle réactivité croisée qui peut expliquer des symptomatologies parfois curieuses chez certains patients.
Ainsi chez un patient allergique connu à l’arachide qui fait un accident anaphylactique, s’il faut penser à une ingestion accidentelle d’arachide, il faut également penser à la possibilité d’une allergie croisée et rechercher celle-ci systématiquement à l’aide des tests cutanés avec des extraits allergéniques mais également avec les produits natifs, et faire également une étude biologique avec dosage des IgE spécifiques.
Cependant, comme le soulignent les auteurs, la fréquence de l’allergie croisée biologique est beaucoup plus importante que celle de l’allergie croisée clinique : il ne faut donc certainement pas rechercher systématiquement en première intention une telle réactivité croisée, surtout uniquement par un RAST qui conduirait à réaliser une éviction alimentaire plus importante et le plus souvent sans intérêt.
En fait toute la difficulté de la prise en charge de l’allergie alimentaire se résume ici : il est actuellement très difficile en pratique allergologique courante de savoirs quelle conduite adopter devant la découverte d’une réactivité croisée isolée, les tests de provocation étant difficiles à réaliser, longs et coûteux.
D’où l’intérêt de pouvoir disposer de tests biologiques contributifs.
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