De l’évolution des espèces et de l’asthmatique en particulier...

jeudi 13 mars 2003 par Dr Stéphane Guez1984 visites

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De l’évolution des espèces et de l’asthmatique en particulier...

De l’évolution des espèces et de l’asthmatique en particulier...

jeudi 13 mars 2003, par Dr Stéphane Guez

Encore une étude sur la génétique de l’asthme et de l’atopie mais qui pose une question inattendue et très intéressante : est-ce qu’un gène, dont on peut montrer qu’il est lié à l’asthme dans l’enfance est aussi impliqué dans l’asthme du même enfant lorsqu’il est devenu adulte ?

Association du CCR5-32 ave une réduction du risque d’asthme dans l’enfance mais pas à l’âge adulte. : P Srivastava, P J Helms, D Stewart, M Main and G Russell Department of Child Health, University of Aberdeen, Aberdeen AB25 2ZD, UK dans Thorax 2003 ;58:222-226

Un certain nombre de gènes sont des candidats potentiels impliqués dans la pathogénie de l’asthme.

Une délétion de 32 paires de bases du gène CCR5 rend le récepteur de cette chémokine non fonctionnel et des études ont montré que cette délétion est associée à une diminution de la prévalence de l’asthme chez les enfants.

Le mécanisme pourrait être lié à une altération de l’entrée des agents pathogènes dans les cellules et à une modification de la réaction inflammatoire.

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont recherché l’influence de la mutation du gène CCR5-32 dans l’asthme et l’allergie lors du passage de l’enfance à l’age adulte.

 Méthodes :
* 627 patients étudiés une première fois à partir d’une cohorte de population d’enfants scolarisés en 1989 et âgés alors de 8 à 12 ans, ont été suivis 10 ans après sur les symptômes respiratoires et allergiques et au niveau des marqueurs de l’atopie.
* Le statut génétique du CCR5-32 a été caractérisé ainsi que son association avec la persistance de la symptomatologie de l’enfance à l’âge adulte.

 Résultats :
* Le suivi de cet échantillon de population est représentatif de la cohorte initiale, en dehors d’une légère augmentation de la prévalence des patients symptomatiques.
* Parmi les enfants, aucun de ceux qui sont homozygotes pour la mutation CCR5-32 n’ont un diagnostic médical d’asthme actuel.
* Lors de l’analyse multi variée avec études des facteurs confondants, l’effet protecteur de ces allèles dans l’enfance est très significatif (OR : 0.31, IC95% : 0.14-0.72, p=0.006).
* Par contre, il n’y a pas d’effet protecteur associé avec le diagnostic d’asthme actuel à l’âge adulte à partir de la même population.
* Les marqueurs de l’atopie (subjectifs ou objectifs) dans l’enfance et à l’âge adulte ne sont pas associés à la mutation du CCR5-32.
* Le test de réactivité bronchique à la méta choline n’est pas non plus lié au statut du gène CCR5-32.

 Conclusions :
* Dans une population ayant une fréquence élevée de l’allèle mutante CCR5-32, une protection significative vis-à-vis de l’asthme de l’enfance est mise en évidence, indépendamment du statut atopique.
* La contribution de différents candidats génétiques à l’expression de l’asthme peut changer en fonction du passage de l’enfance à l’âge adulte, et rendre difficile l’interprétation des associations et des déséquilibres de liaisons observées dans les études génétiques, sauf si l’âge est pris en compte.


Dans cette étude, les auteurs montrent qu’il existe un lien entre une mutation d’un gène et la protection vis-à-vis de l’asthme dans l’enfance, mais que cette protection n’existe plus ensuite à l’âge adulte pour les mêmes enfants qui ont grandi et qui peuvent alors voir apparaître un asthme.

Cette étude est très intéressante, car elle vient compliquer encore un peu plus le dossier déjà bien difficile de la génétique de l’asthme et de l’atopie.

Ici, il semble donc que ce qui est observé chez les enfants n’est pas forcément applicable à l’âge adulte.

Ce qui est paradoxal, puisque à priori, on pourrait penser que le développement de l’individu est définitivement inscrit dans ses gènes à la naissance et qu’ensuite il ne lui est plus possible de changer de « rail ». Il semble que non dans ce travail, et cela soulève de nombreuses questions : l’asthme de l’enfance est-il le même que celui de l’adulte, peut-on penser qu’il existe des mécanismes physiopathologiques différents ? Peut il y avoir des compensations à une mutation génétique par la « mise en route » d’autres gènes qui remplacent ou annulent les effets des précédents ?

Bref, ce travail pose de très nombreuses questions mais apporte tout de même une réponse : l’explication aux données souvent contradictoires sur les différents gènes candidats qui ont été proposés par de nombreuses équipes, contradictions peut-être due à l’âge des différentes populations étudiées.

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