Est-ce que la grenouille n’aurait pas fait un oedème de Quincke après avoir mangé du bœuf ?

lundi 17 mars 2003 par Dr Stéphane Guez3366 visites

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Est-ce que la grenouille n’aurait pas fait un oedème de Quincke après avoir mangé du bœuf ?

Est-ce que la grenouille n’aurait pas fait un oedème de Quincke après avoir mangé du bœuf ?

lundi 17 mars 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie alimentaire est difficile surtout lorsqu’elle porte sur des allergènes rares. C’est le cas de la viande de bœuf, dont la fréquence est actuellement en augmentation. La procédure diagnostique allergologique habituelle est-elle fiable dans ce cas ?

Allergie au bœuf : revue de 12 cas. : F. Orhan, B. E. Sekerel Hacettepe University Faculty of Medicine, Department of Pediatric Allergy and Asthma, Ankara, Turkey dans Allergy 58 (2), 127-131

Bien que l’allergie à la viande de bœuf ait été pendant longtemps considérée comme rare, le nombre d’études sur l’origine, l’épidémiologie et les symptômes de l’allergie à la viande de bœuf sont en augmentation. Les auteurs décrivent les résultats d’un suivi de 12 patients ayant une histoire convaincante de manifestations allergiques aigues après ingestion de viande de bœuf.

 Méthodes  :
* Le détail des antécédents cliniques de 10 enfants et de 2 adultes a été précisé.
* Les patients ont eu des pricks tests cutanés avec des extraits commerciaux de bœuf, du boeuf cru et de la viande cuite.
* Les taux des IgE totales et des IgE spécifiques au boeuf ont été mesurés.
* Un test labial a été réalisé, et dans certain cas également un test de provocation oral en ouvert.

 Résultats :
* De façon intéressante, la fréquence d’antécédents familiaux à la viande de boeuf est élevé : 67%, soit 8 patients sur 12.
* Trois patients (2 avec l’extrait commercial et un avec la viande de boeuf cuite) ont eu des tests cutanés positifs au boeuf.
* Dix patients (83%) ont des taux élevé d’IgE totales (316.5 KU/L, de 9 à 1321) et le taux des IgE spécifiques au boeuf est positif chez tous les patients (6.23 KUA/L, 0.83-36.6).
* Le test de provocation labial est positif chez 4 patients (30%).
* Sur les 5 patients qui ont eu un test de provocation par voie orale, 3 sont positifs et 2 tolèrent la viande ingérée.

 Conclusion : Les auteurs concluent que les tests cutanés ne permettent pas de porter le diagnostic d’hypersensibilité à IgE, et que les patients suspects d’une allergie à la viande de boeuf doivent avoir un dosage d’IgE spécifiques, et dans certains cas un test de provocation par voie orale pour vérifier et établir de façon formelle le diagnostic.


Dans cette étude les auteurs démontrent que les tests cutanés ne sont pas fiables pour diagnostiquer une allergie à la viande de bœuf, et qu’il faut faire un RAST ainsi qu’un test de provocation par voie orale.

L’allergie à la viande de bœuf n’est effectivement pas rare.

La sensibilisation porte le plus souvent sur l’albumine avec parfois immunisation contre un épitope qui est commun à presque tous les mammifères entraînant ainsi une allergie croisée au veau, porc, agneau etc.

Les tests cutanés ne sont plus vraiment réalisés actuellement puisqu’en raison du risque lié au prion les extraits commerciaux n’existent plus. Il faut donc faire les tests avec les aliments natifs ce qui n’est pas toujours très pratique.

Cette étude démontre que de toute façon, pour cette allergie à la viande, ces tests ne sont pas fiables.

Les RAST sont un élément important du diagnostic. En l’absence de la détermination d’un seuil de positivité permettant de prédire la réalité de l’allergie, en cas de doute clinique il faudra malgré tout faire un test de provocation avant de recommander une éviction totale des viandes de mammifères.

Conclusion : l’allergie alimentaire reste un diagnostic bien difficile…

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