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N’oubliez pas de regarder le nez de vos patients asthmatiques !
dimanche 6 avril 2003, par
La notion d’une atteinte fréquemment associée des voies aériennes supérieures et inférieures (« syndrome nez-bronches ») n’est pas nouvelle en allergologie, mais elle est ici à nouveau démontrée nettement par une enquête épidémiologique réalisée en pneumologie de ville en France.
Etude nationale sur la prise en charge des rhinopathies chez les patients asthmatiques par les pneumologues français dans la pratique quotidienne. : P. Demoly1, L. Crampette2 and J.-P. Daures3 1Maladies Respiratoires, INSERM U454-IFR3, Hôpital Arnaud de Villeneuve, University of Montpellier ; 2Service d’ORL, Hôpital Gui de Chauliac, University of Montpellier ; 3Institut Universitaire de Recherche Clinique de Montpellier, University of Montpellier, Montpellier, France dans Allergy 58 (3), 233-238
– Introduction :
* des études épidémiologiques et physiopathologiques ont montré que la rhinite allergique et l’asthme apparaissent souvent associés.
* Le consensus international de l’ ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) récemment développé, a proposé des recommandations sur la rhinite allergique.
* Dans le cadre de ce nouveau rapport et avant sa diffusion, nous avons étudié la prise en charge des rhinopathies chez les patients asthmatiques par les pneumologues dans la pratique quotidienne.
– Méthode :
* De Mars à Juin 2000, 477 (48%) pneumologues français en pratique libérale ont participé à cette étude. Ils étaient requis d’inclure leur 5 premiers patients adultes asthmatiques.
* En plus de statistiques descriptives, des analyses univariées et multivariées ont été réalisées.
– Résultats :
* nous avons étudié 1623 patients présentant un asthme de sévérité variable (sex ratio 0,9 ; age moyen : 35 ans).
* Les pneumologues ont rapporté une rhinopathie chez 76,6% des patients, d’évolution chronique dans 91% des cas. Parmi les patients, 67,1% avaient signalé une rhinopathie.
* Le diagnostic retenu était une rhinite allergique pour 66,2% des participants et une polypose nasale dans 10,1% des cas.
* L’examen des fosses nasales avait été réalisé par les pneumologues eux-mêmes pour 56,2% des patients.
* Une imagerie des sinus avait été faite par radiographie standard chez 55,3% des patients inclus et/ou par scanner chez 17,2%.
* L’avis d’un spécialiste ORL avait été pris pour 21,6% des patients, plus fréquemment pour les patients chez lesquels le traitement médical de la rhinite avait échoué (quoique certains pneumologues adressaient systématiquement leurs patients en ORL).
– Conclusions : La forte prévalence des rhinopathies chez les patients asthmatiques nécessite que ces pathologies soient reconnues et prises en charge par les pneumologues. Ainsi, nos données confortent un des messages principaux contenus dans les nouvelles recommandations de l’ARIA, à savoir qu’une rhinite et les autres rhinopathies doivent être recherchées en routine chez les patients asthmatiques.
L’enquête épidémiologique réalisée en pneumologie de ville, ici présentée, souligne un peu plus la fréquence de l’association d’une rhinopathie (rhinite allergique en majorité) à un asthme (au moins 3 patients sur 4). Le plus souvent, cette atteinte nasale était chronique et signalée par le patient.
Le recours à un avis ORL est limité (environ 1 patient sur 5), réservé aux sujets échappant au traitement médical proposé.
Si cette démarche semble logique, il est plus surprenant qu’à peine un peu plus d’un patient sur deux avait bénéficié d’un examen des fosses nasales par son pneumologue devant la fréquence d’une rhinopathie.
On notera également que malgré le caractère jugé peu rentable de la radiographie standard des sinus de la face par nos confrères ORL, cet examen est toujours fortement demandé en pneumologie.
Cette étude, très complète et informative, aurait peut-être gagné en intérêt par une comparaison du recrutement en patients asthmatiques et leur prise en charge entre des pneumologues stricts, des pneumo-allergologues, des allergologues stricts et des médecins généralistes par exemple.
Cet exercice, certes beaucoup plus lourd, aurait probablement mieux précisé pour chacun la distance à parcourir entre la pratique quotidienne, variable d’un groupe à l’autre, et les recommandations internationales.
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