Allergique ? Alors, pas d’animaux chez moi.

samedi 3 mai 2003 par Dr Philippe Carré2965 visites

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Allergique ? Alors, pas d’animaux chez moi.

Allergique ? Alors, pas d’animaux chez moi.

samedi 3 mai 2003, par Dr Philippe Carré

La relation entre l’exposition à domicile à des animaux de compagnie et le développement de maladies allergiques donne des résultats parfois contradictoires dans les études épidémiologiques. Peut-il y avoir des biais dans les antécédents familiaux ou le mode de vie individuel qui expliquent des différences d’exposition ?

Hérédité, présence d’animaux de compagnie , et facteurs de contrôle confondants dans une cohorte de population à la naissance. : Almqvist C, Egmar AC, van Hage-Hamsten M, Berglind N, Pershagen G, Nordvall SL, Svartengren M, Hedlin G, Wickman M. Department of Occupational and Environmental Health, Karolinska Hospital, Stockholm, Sweden dans J Allergy Clin Immunol 2003 Apr ;111(4):800-6

 Contexte. L’association entre la présence d’animaux dans l’enfance et le développement de maladies allergiques reste controversée. Des biais liés à l’exposition animale ont été suggérés pour expliquer les résultats contradictoires entre les études.

 Objectif. Expliquer comment l’exposition animale dépend de l’histoire familiale des maladies allergiques, du tabagisme, et des facteurs socio-économiques, par le biais d’une cohorte prospective à la naissance.

 Méthode.
* Les parents de 4089 enfants âgés de 2 mois ont répondu à un questionnaire incluant des questions détaillées sur l’histoire familiale d’asthme (maternel, paternel, et apparenté), de rhinoconjonctivite, de dermatite atopique, d’allergie aux pollens et aux animaux, sur les habitudes tabagiques, la profession des parents, et la présence d’animaux dans la famille (chat et chien).
* Des échantillons de poussière ont été recueillis dans les lits maternels et analysés à la recherche de Fel d 1 et de Can f 1 dans un sous-groupe de la cohorte.

 Résultats.
* Les chats étaient moins souvent acceptés dans les familles avec antécédents d’asthme parental, de rhino-conjonctivite ou d’allergie aux animaux ou aux pollens (3.5% et 5.8%) que dans les familles sans maladie allergique parentale (10.8% et 11.8%).
* Les chiens étaient moins fréquents dans les familles avec (3.3%) que sans (5.9%) dermatite atopique parentale.
* Les familles où la mère fumait et celles à conditions socio-économiques basses avaient plus souvent des chats et des chiens.
* Les taux d’allergène de chat étaient plus bas dans les maisons avec allergie maternelle aux animaux que sans, et ceci tendait à rester vrai même dans les maisons sans chat.
* La présence d’un chat diminuait de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans, en particulier dans les familles avec une histoire parentale de maladie allergique.

 Conclusion. Il semble y avoir une sélection quant à l’exposition aux animaux, basée sur l’histoire allergique parentale, le tabagisme de la mère, et les facteurs socio-économiques. Ceci doit être pris en considération dans l’évaluation du risque d’association entre l’exposition aux animaux et les maladies allergiques dans l’enfance.


L’interprétation des études épidémiologiques sur la relation exposition allergénique à des animaux / maladies allergiques, est souvent contradictoire.

Cette étude intéressante montre qu’il existe bien des facteurs de confusion, et qu ’en particulier dans les familles d’allergiques connus, il existe une diminution spontanée de l’exposition aux animaux ; assez curieusement, l’exposition aux chats est plus basse en cas d’antécédents d’asthme ou de rhino-conjonctivite, alors que pour le chien la diminution est liée aux antécédents de dermatite atopique.

La fréquence de la présence d’un chat diminue entre la naissance et 2 ans dans les familles d’allergiques, ce qui semble témoigner d’une prise de conscience plus grande du risque allergique dans ces familles.

A l’opposé, l’existence d’un tabagisme maternel à domicile ou de mauvaises conditions socio-économiques sont associés à la présence plus fréquente d’animaux, peut-être par une méconnaissance plus grande du risque dans ces sous-groupes.

Cette sélection spontanée d’exposition aux animaux de compagnie doit faire prendre en compte les facteurs de confusion décrits dans cette étude, dans l’interprétation du risque allergique.

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