Les femmes allergiques n’aiment pas être inséminées par des vaches ! Surprenant ?

jeudi 15 mai 2003 par Dr Stéphane Guez2612 visites

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Les femmes allergiques n’aiment pas être inséminées par des vaches ! Surprenant ?

Les femmes allergiques n’aiment pas être inséminées par des vaches ! Surprenant ?

jeudi 15 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

On connaît bien les agents en cause dans les chocs après interventions chirurgicales sous anesthésie. Mais certains actes ont des spécificités allergéniques indépendantes des produits anesthésiques.. Il en est ainsi de l’insémination artificielle.

Réaction anaphylactique après insémination artificielle. : Orta M, Ordoqui E, Aranzabal A, Fernandez C, Bartolome B, Sanz ML. Centro Medico de Alergia y Asma de Pamplona, Pamplona, Spain. MOrta@imqnavarra.com dans Ann Allergy Asthma Immunol 2003 Apr ;90(4):446-51

La sérum albumine bovine (BSA) est connue pour être un allergène chez les êtres humains, mais une réaction à la BSA lors d’une insémination artificielle intra utérine (IAIU) est beaucoup plus rare.

Les auteurs rapportent le cas clinique d’un choc anaphylactique après IAIU pour lequel une sensibilisation à la BSA a pu être démontré.

 Cas clinique :
* Une femme de 33 ans est adressée en allergologie pour un choc anaphylactique survenu au décours immédiat d’une 2° tentative de IAIU.
* Elle a développé prurit, douleurs abdominales, nausées, vomissements, bronchospasme, et urticaire généralisée.
* On retient des antécédents atopiques avec une pollinose et une sensibilisation au chat.
* Elle n’a jamais présenté de manifestations allergiques lors d’intervention, et elle utilise de façon habituelle des gants en latex.
* Elle n’a jamais reçu auparavant de sérum hétérologue.
* Le sperme de son mari a été traité pour l’IAIU de façon habituelle en utilisant un milieu de culture contenant des acides aminés, des lipides, des vitamines, de la BSA, de la pénicilline et de la streptomycine en plus de sels non organiques (INRA B2, laboratoires CCD, Paris, France).

 Résultats :
* Les tests cutanés en prick avec le milieu de culture et de la BSA à 10 mg/ml sont positifs.
* Les études in vitro mettent en évidence une IgE spécifique se liant à une protéine de 60 à 65 kDa, avec une activation mastocytaire vis-à-vis de la BSA contenue dans le milieu de culture (Basotest, étude de l’expression de CD63).
* Les tests cutanés et de provocation avec la pénicilline et la streptomycine sont négatifs.

 Conclusions : Les auteurs considèrent que la BSA contenue dans le milieu de culture séminal est le facteur déclenchant du choc anaphylactique. Ce cas incite à recommander l’utilisation d’un milieu de culture sans protéines hétérologues lors de la réalisation d’IAIU surtout chez les patientes atopiques, afin d’éviter une sensibilisation.


Les auteurs rapportent le cas d’un choc anaphylactique lors d’une seconde insémination artificielle, chez une patiente atopique, par sensibilisation, lors de la première tentative, à la sérum albumine bovine contenue dans le milieu de culture.

Il s’agit d’un cas intéressant car bien documenté avec en particulier une recherche des autres allergènes pouvant être en cause en particulier les antibiotiques qui sont également présents dans le milieu de culture.

Le patient atopique peut ainsi se sensibiliser à toutes les protéines étrangères, et il faut donc être vigilant à cette particularité immunologique pour essayer de prévenir ces accidents en utilisant des produits les moins riches possibles en protéines étrangères.

Faut-il envisager des tests prospectifs systématiques pour les patientes atopiques qui auraient plusieurs tentatives ?

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