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Le nez a un bon potentiel dans l’asthme.
samedi 24 mai 2003, par
Quels sont exactement les mécanismes intimes qui président à l’excès de sécrétion de mucus dans l’asthme ? Ici, dans cette étude pilote, les auteurs explorent la fonction du transport ionique de l’épithélium respiratoire. Ils ont recours à la mesure de la différence de potentiel nasal.
Mesure de la différence du potentiel nasal dans l’asthme léger. : Nancy C. Chung, MD ; Beate Illek, PhD ; Jonathan H. Widdicombe, DPhil and Horst Fischer, PhD * From the Department of Pediatric Critical Care (Dr. Chung), Children’s Hospital Oakland, Oakland ; Children’s Hospital Oakland Research Institute (Drs. Illek and Fischer), Oakland ; and the Department of Human Physiology (Dr. Widdicombe), University of California Davis, Davis, CA. dans Chest. 2003 ;123:1467-1471
– OBJECTIF. Déterminer si le transport ionique ou la fonction barrière de l’épithélium nasal sont altérés chez les asthmatiques.
– METHODES.
* Dans cette étude pilote, la différence de potentiel nasal (DPN) était mesurée à l’aide de la technique établie par Knowles et ses collègues. Un pont en agar servait de contact électrique avec le surface de l’épithélium nasal sur la longueur du plancher du nez. Ce pont avait pour référence une électrode cutanée afin de déterminer le DPN de l’épithélium nasal.
* Les modifications de DPN ont été mesurées pour l’amiloride, une solution de chlorure et cette même solution contenant de l’isoproterenol, comparativement chez des sujets sains et des sujets asthmatiques.
– POPULATION. Ces mesures ont été effectuées chez 8 adultes non asthmatiques et 6 adultes asthmatiques. Tous les asthmatiques souffraient d’un asthme intermittent léger.
– RESULTATS.
* Les mesures en continu du DPN étaient obtenues alors que la surface nasale était irriguée consécutivement avec une solution salée pure, une solution saline plus 100 µmol/l d’amiloride, une solution de chlorure plus amiloride et une solution de chlorure avec amiloride plus 10 µml/l d’iosproterenol (Bêta-adrénergique).
* Il n’y avait pas de différence dans les deux groupes, entre le DPN de base ou la modification de la réponse du DPN lors des irrigations.
– CONCLUSIONS.
* Nos résultats suggèrent que le transport ionique et la fonction barrière de la muqueuse nasale chez des patients atteints d’asthme léger sont normaux.
* De plus, ce qui contraste avec la mucoviscidose, les modifications dans le transport de l’eau et du sel au travers de l’épithélium respiratoire ne semble pas contribuer à l’accumulation des sécrétions muqueuses dans l’asthme.
Nous le savons une des composantes de l’obstruction bronchique dans l’asthme, outre le spasme du muscle bronchique, outre l’épaississement du tissu bronchique, est constituée par la sécrétion de mucus.
Les auteurs ont cherché à savoir si cette hypersécrétion de mucus était en rapport avec une anomalie du transport ionique au travers de l’épithélium respiratoire. Ces premiers résultats semblent indiquer que non.
Cela est assez logique dans la mesure où tous les phénomènes qui contribuent à l’obstruction bronchique sont la conséquence du syndrome inflammatoire bronchique dont l’élément clé est la présence en excès d’éosinophiles. Ce qui avait fait dire, un temps, au Pr Bousquet que l’asthme était une bronchite chronique à éosinophiles. Si ce n’est pas complètement vrai, on le sait maintenant, cela à le mérite de frapper les esprits et d’inciter à intégrer que l’asthme est bien une maladie inflammatoire chronique.
Un petit bémol pour cette étude sous forme d’un biais méthodologique, si il est vrai qu’il existe probablement une unité inflammatoire des muqueuses respiratoires dans l’asthme, allant de la muqueuse nasale jusqu’à celle des bronchioles et peut-être celle des alvéoles, en est-il de même pour ce qui concerne le transport ionique ? Il faudrait commencer par valider cette éventuelle et probable similarité.
A priori, les premiers éléments de cette étude confirmeraient la prépondérance du syndrome inflammatoire pour expliquer, entre autre, l’hypersécrétion de la muqueuse respiratoire dans l’asthme.
Pour mémoire, puisque les auteurs de l’article font la comparaison, la mucoviscidose correspond à un dysfonctionnement ou une anomalie de la protéine CFTR qui entraîne des anomalies du transfert ionique dont le dénominateur commun est l’imperméabilité au chlore ; les conséquences sont une déshydratation chronique du mucus qui diminue sa fluidité. La mucoviscidose est une exocrinopathie.
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