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Causes d’allergie : on se bat comme chiens et chats !
jeudi 28 août 2003, par
Depuis quelques temps la théorie hygiéniste est venue ébranler la communauté allergologique internationale. Cette étude de grande envergure reprenant les données de l’ECRHS cherche à préciser les effets à l’âge adulte du fait d’avoir vécu avec des animaux domestiques dans l’enfance. La polémique va être relancée.
Contact durant l’enfance avec les animaux domestiques et asthme de l’adulte et rhume des foins : « European Community Respiratory Health Survey ». : Cecilie Svanes, MD, PhDab Joachim Heinrich, PhDc Deborah Jarvis, MFPHMd
Susan Chinn, MAd Ernst Omenaas, MD, PhDa
Amund Gulsvik, MD, PhDa Nino Künzli, MD, PhDe Peter Burney, MDd Bergen, Norway, Neuherberg, Germany, London, United Kingdom, Basel, Switzerland, and Los Angeles, Calif dans JACI August 2003 • Volume 112 • Number 2
– CONTEXTE. L’effet protecteur ou promoteur de l’allergie du fait du contact précoce avec les animaux domestiques reste peu clair.
– OBJECTIF. Notre but était d’examiner les effets du contact précoce avec les animaux domestiques dans l’enfance sur les manifestations d’allergie à l’âge adulte dans une grande étude de population internationale, incluant information sur la sensibilisation, le contact avec les animaux domestiques à l’âge adulte et la prévalence des animaux domestiques dans la population.
– METHODES. Nous avons eu recours à un interrogatoire structuré (n=18530) et au dosage des IgE sériques spécifiques des aéroallergènes communs (n=13932) provenant de l’Étude sur la Santé Respiratoire dans la Communauté Européenne (European Community Respiratory Health Survey, ECRHS) pour analyser l’association entre le fait d’être au contact d’animaux domestique et l’asthme de l’adulte et le rhume des foins.
– RESULTATS.
* Le contact avec les chats durant l’enfance était associé avec l’asthme uniquement parmi les sujets atopiques, cette association variaient en fonction des centres et était plus importante où les chats étaient moins présents.
* La possession d’un chien durant l’enfance ou à l’âge adulte était associée à l’asthme parmi les sujets non atopiques.
* Chez les sujets atopiques, ceux qui possédaient des chiens durant l’enfance avaient moins de rhume des foins et pas d’augmentation du risque d’asthme.
* Les symptômes respiratoires étaient plus courants chez les sujets qui avaient eu des oiseaux durant l’enfance indépendamment de la sensibilisation.
– CONCLUSIONS.
* L’effet du contact avec les animaux domestiques durant l’enfance est variable en fonction du type d’animal, de la sensibilisation allergique individuelle et de l’importance de l’exposition allergénique environnementale.
* La possession d’un chat dans l’enfance était associée à plus d’asthme chez les adultes sensibilisés qui ont grandi dans une zone de faible prévalence de la présence de chats.
* La possession de chiens durant l’enfance semblerait protéger contre les manifestations allergiques de l’adulte mais promouvoir l’asthme non allergique.
Ils s’agit d’une grande étude internationale (Norvège, Allemagne, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis) de grande envergure reprenant les données de l’ECRHS. Toutefois, il faut remarquer que les données sont celles de questionnaires et celles d’IgE sériques spécifiques des aéroallergènes courants. Nous sommes donc dans une étude rétrospective, sans tests cutanés, sans à priori d’épreuve respiratoire.
L’absence de tests cutanés expose à la moins bonne sensibilité des IgE sériques spécifiques avec un risque non négligeable d’excès de faux négatifs donc une perte de patients réellement allergiques.
L’étude rétrospective expose à des pertes de données, défaut que ne connaît pas l’étude prospective.
Les résultats sont pour le moins étonnants.
Ainsi, le fait d’avoir vécu la petite enfance au contact d’un chat prédisposerait à l’asthme mais uniquement chez les sujets désignés comme atopiques, de plus, ce constat s’exprimerait plus dans les zones de faible prévalence de chats.
Encore plus étonnant, avoir été au contact d’un chien durant l’enfance serait un facteur de risque d’asthme non allergique.
Mieux, les sujets atopiques élevés avec un chien seraient atteints moins souvent de rhume des foins et seraient moins souvent asthmatiques à l’âge adulte.
Nous le savons le chat fait partie des allergènes fréquemment retrouvé positif chez le sujet atopique, il peut donc être un marqueur de l’asthme dans ce cas. Par contre, faire le distinguo en disant que cela s’exprime dans les zones de faibles prévalences des chats paraît illusoire. En effet, de nombreuses études ont montré que l’allergène du chat était présent dans nombre de lieux publics (école, hôpitaux…). Cela confirme le constat que l’Allergologue fait chaque jour de constater une sensibilisation au chat chez un enfant qui n’a jamais eu de chat dans son entourage immédiat. Il s’est sensibilisé à l’école.
Pour le chien, en s’en tenant aux faits et aux publications antérieures, il ne s’agit pas d’un allergène qui entraîne fréquemment des allergies, en tous cas moins souvent que le chat. Alors comment expliquer, que le contact du chien chez le non atopique serait un facteur prédisposant à l’asthme, peut-être tout simplement parce que cette population ne peut souffrir que d’asthme non allergique.
Quant à l’éventuel effet protecteur de la présence du chien durant l’enfance du petit atopique vis à vis du rhume des foins et de l’asthme, je pense qu’il doit y avoir un biais d’interprétation ou de recrutement, à moins d’être un forcené de la théorie hygiéniste qui trouve de moins en moins de confirmation dans les études prospectives.
Globalement, cette étude ambitieuse nécessite plus que jamais des confirmations par des études prospectives.
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