Attention à l’allergie au caviar chez la souris !

mercredi 24 septembre 2003 par Dr Alain Thillay2945 visites

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Attention à l’allergie au caviar chez la souris !

Attention à l’allergie au caviar chez la souris !

mercredi 24 septembre 2003, par Dr Alain Thillay

Le rôle des médicaments dans l’allergie alimentaire reste encore mystérieux. Nous connaissons bien celui de l’aspirine et des AINS comme co-facteur. Ici, il s’agit d’envisager l’effet des anti-acides sur la genèse même de l’allergie alimentaire sur un modèle murin.

Les médicaments anti-acides inhibent la digestion des protéines alimentaires et provoquent l’allergie alimentaire : modèle d’allergie au poisson chez la souris Balb/c. : Eva Untersmayr, MDa
Isabella Schöll, MSca Ines Swoboda, PhDb
Waltraud J. Beil, MDc Elisabeth Förster-Waldl, MDd Franziska Walter, MSca Angelika Riemer, MDa Georg Kraml, MSce Tamar Kinaciyan, MDf Susanne Spitzauer, MDb George Boltz-Nitulescu, PhDa Otto Scheiner, PhDa Erika Jensen-Jarolim, MDa

aDepartment of Pathophysiology, Vienna, Austria
bDepartment of Clinical Chemistry and Laboratory Medicine, Vienna, Austria
cDepartment of Pathology, Vienna, Austria
dDepartment of Pediatrics and Juvenile Medicine, Vienna, Austria
eDepartment of Dermatology, University of Vienna, Vienna, Austria
fDepartment of Computer Graphics, Vienna University of Technology, Vienna, Austria

dans JACI September 2003 • Volume 112 • Number 3

 CONTEXTE.
* Les protéines digestibles sont censées ne pas être impliquées dans la sensibilisation orale et l’induction de l’allergie alimentaire.
* Approximativement 10% des adultes ont recours à des médications anti-acides pour traiter des troubles dyspeptiques, toutefois, ceux-ci gênent la digestion peptique.
* Chez ces patients, les protéines qui sont normalement dégradables peuvent agir comme allergènes alimentaires.

 OBJECTIF. Notre but était d’étudier l’influence des apports d’antiacide sur l’allergénicité des protéines alimentaires, en utilisant le caviar d’esturgeon et une parvalbumine, l’allergène majeur des poissons, comme exemple.

 METHODES. Des souris Balb.c ont reçu par voie digestive des protéines de caviar et de la protéine recombinante parvalbumine de carpe, rCyp c 1 avec ou sans anti-acides, sucralfalte, ranitidine ou omeprazole.

 RESULTATS.
* Dans les deux cas, les protéines de caviar et la parvalbumine étaient rapidement dégradées dans un modèle de digestion in vitro à pH 2, mais pas à pH 5, expérience pratiquée afin d’imiter l’effet des anti-acides.
* Les groupes qui ont reçu le caviar associé à la ranitidine (voie IM) ou le sucralfate par voie orale avaient des niveaux significatifs d’IgE spécifiques du caviar (P<0,01), une réactivité cellulaire T, et, une élévation des éosinophiles et des mastocytes gastro-intestinaux.
* L’allergie alimentaire dans ces groupes étaient plus souvent mise en évidence par tests de provocation orale et tests cutanés à lecture immédiate.
* A l’inverse, l’administration des seules protéines de caviar favorisait une tolérance des cellules T spécifiques de l’antigène.
* Aucun des ces groupes ne montrait une réactivité immune à l’encontre de l’alimentation antérieure reçue par la souris.
* Comme preuve supplémentaire, chez les souris qui ont reçu de la parvalbumine associée à la ranitidine ou à l’omeprazole, il y avait induction d’IgE spécifiques de cet allergène, (P<0,05).

 CONCLUSIONS. Lorsque les médications anti-acides altèrent la digestion gastrique, la synthèse d’IgE spécifiques de nouvelles protéines alimentaires est augmentée, favorisant l’allergie alimentaire.


Dans cette étude, sur un modèle animal, la démonstration est lumineuse.

D’abord, les auteurs démontrent in-vitro que la digestion protéique est altérée en présence d’anti-acides.

Ensuite, in-vivo, ils démontrent un grand nombre de nouvelles sensibilisations aux allergènes du caviar ou à la parvalbumine recombinante de carpe chez les souris qui reçoivent un anti-acide. Alors que l’administration de ces protéines seules n’a pas cet effet.

Il est vrai qu’il s’agit d’un modèle murin et que la transposition à l’homme est toujours difficile. L’humain est plus compliqué. Il faudra donc pratiquer des études chez l’homme avant d’interdire aux patients atopiques de ne pas manger d’anti-acides.

Toutefois, la question mérite d’être posée et expertisée.

Il est vrai que ces médications anti-acides sont aussi souvent prescrites chez l’enfant qui souffre de reflux.

Il faudrait donc rapidement mettre en place des études prospectives chez l’enfant pour savoir si nous pouvons encore leur prescrire sans retenue les anti-acides.

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