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Faut-il recommander l’allaitement ou supplémenter les laits en TGFβ2 ?
vendredi 31 octobre 2003, par
L’allaitement maternel doit-il toujours être recommandé pour la prévention primaire des allergies de l’enfant ? Des éléments de réponse nous sont fournis à partir d’une étude expérimentale conduite chez le rat nouveau-né.
La régulation du lait maternel par les cellules digestives et l’IL18 chez le rat nouveau-né. : I A Penttila1,2, I E A Flesch1, A L McCue1, B C Powell1, F H Zhou1, L C Read3 and H Zola1
1 Child Health Research Institute, North Adelaide, South Australia, Australia, 5006
2 Department of Paediatrics, University of Adelaide, Adelaide, Australia
3 CRC for Tissue Growth and Repair, North Adelaide, South Australia, Australia, 5006
dans Gut 2003 ;52:1579-1586
Le tractus gastro-intestinal du nouveau-né est exposé quotidiennement à de grandes quantités d’antigènes alimentaires et bactériens à un stade ou le système immunitaire digestif n’a pas développé la capacité à induire une tolérance orale.
Le TGFβ est une cytokine immuno-modulatrice présente à forte concentration dans le lait maternel. C’est un des plus puissants régulateurs des cytokines impliqués dans l’induction de la tolérance.
L’IL18 est une cytokine qui module la réponse immunitaire précoce par action sur le développement des cellules T sous couvert d’une stimulation par l’IFNγ.
Nous disposons de peu de données sur la composition du lait maternel et de son influence sur le développement de la tolérance.
– Méthodes
* Des rats nouveau-nés ont été randomisés en 4 groupes comportant chacun 6 animaux.
** Un groupe concernait les rats allaités par leur mère par une voie physiologique.
** Un second groupe comportait les rats allaités par le biais d’une canule ;
** le troisième groupe bénéficiait d’une alimentation par lait adapté et
** le quatrième avait une formule adaptée et supplémentée en TGFβ2.
* Une canule intra-gastrique était implantée chez tous les animaux à l’âge de 4 jours, puis les rats étaient sacrifiés à l’âge de 14 jours et une excision de leur tube digestif pratiquée.
* L’étape suivante consistait à l’analyse histochimique des marqueurs des cellules de surface de l’intestin (cellules dendritiques, mastocytes, éosinophiles), et un western blot pour la détection de l’IL18.
* Le profil de sécrétion des cytokines était comparé en fonction du mode d’alimentation avec référence à l’allaitement maternel.
– Résultats
* La supplémentation en TGFβ2 augmente le nombre de cellule CD2+ et CD25+, diminue le nombre de cellules dendritiques CD80+ et CD86 (surtout les CD80), majore la concentration sérique du RMCPII (rat mast cell protease, marqueur de l’activation des mastocytes).
* En revanche, le profil de synthèse des cytokines dépendantes de l’expression du mRNA n’est pas différent entre les groupes allaités par voie physiologique ou par canule.
* L’alimentation par formule adaptée rend le rat déficitaire en TGFβ2 et entraîne une accumulation d’IL18 dans les cellules épithéliales digestives.
* La supplémentation en TGFβ2 entraîne une restauration partielle de l’IL18, surtout sur la membrane baso-latérale des entérocytes. Elle régule les cytokines pro-inflammatoires, le nombre de lymphocytes activés, les éosinophiles, les mastocytes, le CD80, et le CD 86 des cellules dendritiques
– Conclusion
* Le lait maternel régule la réponse immunitaire du rat nouveau-né après une exposition aux antigènes alimentaires en évitant des réponses délétères.
* Cette régulation immunitaire est médiée par le TGFβ.
* Le TGFβ2 limite les antigènes induits par l’inflammation des éosinophiles aux différents sites des muqueuses et induit une tolérance.
* Le TGFβ prévient la réponse immunitaire précoce aux antigènes de l’alimentation avant la mise en place de la tolérance.
L’étude démontre le rôle de l’allaitement maternel dans l’induction d’une tolérance après exposition aux aliments.
La présence de TGFβ2 ;en grande quantité dans le lait maternel est la cytokine clé.
Cette étude vient à point dans la polémique sur l’allaitement maternel et la prévention des maladies allergiques.
On pensait qu’une mère atopique allaitant son enfant favorisait le développement des sensibilisations alimentaires en mettant l’enfant en contact avec diverses protéines alimentaires très tôt. Il est maintenant clair que l’allaitement maternel a un tout autre rôle : il favorise l’induction d’une tolérance par sa forte concentration en TGFβ.
Une autre voie d’application pour la prévention des allergies alimentaires serait de supplémenter les formules infantiles en TGFβ. Il faut s’attendre prochainement à un débat entre probiotiques et TGFβ. Une confirmation chez le nouveau-né humain est nécessaire.
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