Ne bronche pas : t’as du nez !

samedi 8 novembre 2003 par Dr Philippe Carré1445 visites

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Ne bronche pas : t’as du nez !

Ne bronche pas : t’as du nez !

samedi 8 novembre 2003, par Dr Philippe Carré

Les recherches récentes en matière d’hyperréactivité nasale et bronchique associées dans l’asthme ont abouti au concept d’une unicité des voies aériennes entre le nez et les bronches. Ceci a amené à proposer que le traitement des manifestations nasales par des stéroïdes inhalés pourrait améliorer les symptômes d’asthme. Qu’en est-il ?

Corticostéroïdes intranasaux (CSIN) et contrôle de l’asthme chez des patients avec asthme et rhinite associés. : Taramarcaz P, Gibson P.

Respiratory and Sleep Medicine, John Hunter Hospital, Locked bag 1, Hunter Region Mail Centre, Newcastle, NSW, AUSTRALIA, 2310

 Contexte.
* La rhinite allergique et l’asthme sont médiés par des mécanismes allergiques similaires.
* Ils peuvent représenter deux manifestations de la même maladie des voies aériennes, et les CSIN pourraient donc améliorer l’asthme.
* Cependant, aucune des recommandations sur l’asthme ne défend le principe de l’utilisation des CSIN dans l’asthme.

 Objectif. Etudier l’efficacité des CSIN sur l’évolution de l’asthme chez des patients présentant un asthme et une rhinite.

 Méthode.
* Recherche sur le registre des essais du groupe des voies aériennes de la base Cochrane, sur le registre central Cochrane des essais contrôlés (numéro 1, 2003), sur Medline et les articles des listes référencées.
* Contact avec les chercheurs sur le sujet.
* Dernière date de recherche en mars 2003.

 Critères de sélection.
* Les essais contrôlés randomisés comparant les CSIN à un placebo intra-nasal ou à d’autres traitements traditionnels de l’asthme.
* Les CS intra-bronchiques n’étaient pas autorisés, mais les systèmes incluant un corticostéroïde intra-nasal et intra-bronchique étaient considérés comme un CSIN de première intention et étaient donc comparés au placebo.

 Recueil des données.
* Deux reviewers indépendants analysaient la qualité de l’essai et des données extraites.
* Les auteurs des articles étaient contactés pour obtenir des données complémentaires.
* La qualité des 14 études éligibles était évaluée en utilisant le score de Jadad.
* L’analyse statistique pour les données continues était réalisée par la détermination des différences de moyennes pondérées et des différences de moyennes standardisées.

 Résultats.
* Quatorze essais incluant 477 personnes ont été retenus.
* La méta-analyse des données concernant l’évolution de l’asthme n’a pas montré de bénéfice statistiquement significative des CSIN dans l’asthme. Cependant, pour les scores de symptômes et la mesure du VEMS, il y avait une tendance en faveur d’un bénéfice des CSIN.
* Pour les scores de symptômes d’asthme (deux études parallèles), la différence de moyennes standardisées était de 0.61 (intervalle de confiance à 95% : IC : -0.04 à 1.26).
* La méta-analyse pour le VEMS (cinq études parallèles) a montré une différence de moyennes standardisée de 0.31 (IC : -0.04 à 0.65).
* Dans les études parallèles, la méta-analyse des débits expiratoires de pointe a montré une différence de moyennes standardisée de -0.10 l/mn (IC : -055 à 0.35) pour le débit de poite moyen (études).
* La méta-analyse de la réactivité des voies aériennes à la métacholine (trois études parallèles) a montré une différence de -0.20 (IC : 0.64 à 0.24).

 Conclusion des reviewers.
* Les CSIN étaient bien tolérés.
* Alors que les CSIN tendaient à améliorer les symptômes d’asthme et le VEMS, les résultats n’étaient pas statistiquement significatifs.
* La combinaison de CS intra-nasaux et intra-bronchiques devrait rester une recommandation de pratique clinique tant que des travaux de recherche supplémentaires n’ont pas été réalisés.


Cette revue de la littérature médicale concernant l’efficacité des corticoïdes nasaux (CSIN) sur les symptômes d’asthme a utilisé les données de la base Cochrane, en retenant 14 articles évaluant les CSIN par rapport à un placebo ou un traitement de référence de l’asthme.

Les auteurs sont partis du principe que, si des données scientifiques sont en faveur d’une possible amélioration des symptômes d’asthme par l’utilisation chez des asthmatiques de CSIN, aucune des recommandations actuelles sur la prise en charge des asthmatiques ne retenait ce principe.

Les résultats de l’analyse de la littérature semblent confirmer la prudence de ces recommandations, car si les CSIN tendent à améliorer à la fois les symptômes et le VEMS des patients asthmatiques, cette tendance n’est pas significative au plan statistique.

En l’état actuel des connaissances, les asthmatiques ayant une rhinite associée (ce qui en pratique représente plus des trois quart des patients) doivent donc continuer à recevoir des corticoïdes de façon globale dans les voies aériennes, à la fois au niveau bronchique et au niveau nasal.

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