Le diesel fait tousser les souris de laboratoire !

lundi 24 novembre 2003 par Dr Alain Thillay2454 visites

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Le diesel fait tousser les souris de laboratoire !

Le diesel fait tousser les souris de laboratoire !

lundi 24 novembre 2003, par Dr Alain Thillay

Les particules de diesel jouent probablement un rôle adjuvant de la sensibilisation allergique. Cela n’explique en rien les manifestations immédiates d’augmentation de l’hyperréactivité bronchique lors de l’exposition brutale et importante à ces particules.
Les auteurs tentent de valider un modèle expérimental murin pour expliquer le phénomène.

L’émission de particules de diesel provoque une aggravation de l’inflammation des voies respiratoires et de leur fonction dans des modèles murins de provocation allergénique. : Minqi Hao, MD, PhDa
Stephania Comier, PhDb Meiying Wang, MDa
James J. Lee, PhDb Andre Nel, MD, PhDa

aDivision of Clinical Immunology and Allergy, Department of Medicine, UCLA School of Medicine, University of California, Los Angeles, Calif, USA
bDivision of Pulmonary Medicine, Mayo Clinic Scottsdale, Ariz, USA

dans JACI November 2003 • Volume 112 • Number 5

 CONTEXTE.
* Des études épidémiologiques ont montré que les augmentations subites des niveaux d’émission de particules fines (PF) dans l’air ambiant peuvent provoquer des exacerbations graves de l’asthme.
* Bien que l’émission de particule de diesel (PD) agisse comme un adjuvant de la sensibilisation allergique, il s’agit d’une réponse retardée qui ne peut pas expliquer les effets des PF sur l’hyperréactivité de voies respiratoires (HRB).

 OBJECTIF.
Notre objectif était de déterminer les effets immédiats des PD sur l’HRB à l’aide d’un modèle murin (souris).

 METHODES.
* Trois protocoles ont été développés, deux qui requéraient une sensibilisation à l’ovalbumine (OVA), alors que le troisième était indépendant de l’OVA.
* Dans le protocole de sensibilisation modéré, les souris BALB/c recevaient de l’OVA en intrapéritonéal sans alun et subissaient ensuite un test de provocation avec de l’OVA en aérosol avec ou sans PD.
* Dans le second protocole, les animaux ayant été sensibilisés par l’OVA avec alun subissaient le test de provocation à l’OVA.
* Enfin dans le troisième, la nébulisation de PD était aussi délivrée à des souris qui surexpriment l’IL-5 ayant une inflammation constitutionnelle des voies respiratoires.
* Les souris subissaient une pléthysmographie corps entier et ensuite étaient sacrifiées pour pratiquer un lavage broncho-alvéolaire, une histologie et une sérologie.

 RESULTATS.
* L’exposition aux PD concomitamment du test de provocation à l’OVA ou après induction de l’inflammation des voies respiratoires avec cet allergène induisait une augmentation de l’HRB dans les modèles 1 et 2, respectivement.
* Alors que ces animaux montraient une inflammation induite par les PD et une production de mucus au niveau des voies respiratoires intermédiaires, il n’y avait pas d’effet sur les IgE spécifiques de l’OVA ou sur le production des cytokines du profil TH2.
* Chez les souris trangéniques IL-5, il était possible d’induire des effets similaires avec les PD en absence de l’allergène.

 CONCLUSION.
Nous avons démontré que les émissions de particules de diesel induisaient une HRB indépendamment de leurs effets adjuvants, suggérant que le recours à ces modèles pour étudier le mécanisme ou les mécanismes des exacerbations de l’asthme en relation à l’exposition aux particules de diesel.


Le but était de valider un modèle expérimental murin afin de déterminer les effets immédiats des particules de diesel sur l’HRB.

Bien sûr, sur ce genre de travail initial, il est toujours difficile de dire autre chose hormis le fait qu’effectivement le modèle expérimental semble pertinent.

Toutefois, on peut noter que chez les souris sensibilisées de façon modérée ou de façon importante à l’ovalbumine (sans alun ou avec alun) l’effet immédiat d’augmentation de l’HRB après exposition d’un aérosol d’OVA et de PD n’était pas en corrélation avec des modifications immunologiques de type IgE.

Ce qui pourrait nous permettre d’extrapoler au fait que les exacerbations d’asthme constatées chez l’homme lors des pics de pollution ne sont pas dues à un phénomène immunologique spécifique IgE médié mais à un phénomène purement inflammatoire.

Le troisième modèle murin, avec les souris transgénique surexprimant l’IL-5 ce qui se traduit par un état inflammatoire constitutionnel des voies respiratoires, semble confirmer ce constat.

Les sujets asthmatiques présentent un état inflammatoire chronique qui pourrait être aggravé lors de l’exposition à l’émission de particules de diesel.

Il restera ensuite à préciser le ou les mécanismes responsables, ce qui pourrait déboucher sur des méthodes de prévention, de protection et pourquoi pas de traitement curatif spécifique.

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