L’adénoïdectomie au banc des accusés ?

mercredi 3 décembre 2003 par Dr Isabelle Bossé9041 visites

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L’adénoïdectomie au banc des accusés ?

L’adénoïdectomie au banc des accusés ?

mercredi 3 décembre 2003, par Dr Isabelle Bossé

Après l’amygdalectomie qui a fait beaucoup couler d’encre et de salive il y a quelques années, voici venir le tour des végétations. Les enlever tôt chez les enfants prédispose-t-il à en faire plus facilement des asthmatiques ? C’est ce que recherche cette étude finlandaise.

Adénoïdectomie dans la petite enfance et risque d’asthme. : Petri S. Mattila1, Sari Hammarén-Malmi1, Jussi Tarkkanen2, Harri Saxen3, Janne Pitkäniemi4, Marjatta Karvonen4 and Jaakko Tuomilehto4,5

1Department of Otorhinolaryngology, Helsinki University Central Hospital, 2Department of Pathology, Haartman Institute, Helsinki University Central Hospital, 3Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki, 4National Public Health Institute, Diabetes and Genetic Epidemiology Unit and 5Department of Public Health, University of Helsinki, Helsinki, Finland

dans Pediatric Allergy and Immunology 14 (5), 358-362.

 L’objectif de cette étude était d’évaluer le risque d’asthme chez des enfants qui avaient subi une adénoïdectomie, intervention très fréquente chez les enfants avec des otites séreuses ou otites moyennes à répétition.

 Deux études ont été rapportées, un questionnaire national élargi renvoyé par 483 individus ( étude A) et une étude hospitalière à partir du tri d’archives, intéressant 1616 enfants qui avaient subi une adénoïdectomie et 161 qui avaient subi une désobstruction du canal naso lacrymal pour obstruction congénitale ( étude B).

 Le questionnaire ( étude A) montrait qu’une adénoïdectomie avant l’âge de 4 ans était associée à de l’asthme ( OR 2.50, 95% IC 1.25 ; 8.13 ) et à une allergie aux phanères animales ( OR 2.50, 95 % IC 1.27 ; 4.95 ).

 Dans l’étude B, le diagnostic d’asthme a été retrouvé à partir du registre national de l’asthme.
* Elle montre également que l’adénoïdectomie à un âge précoce était associée à un risque accru d’asthme ( OR 6.74, 95 % IC 2.99 ; 15.2 ).
* Il y avait une association entre asthme et adénoïdectomie, même avant que l’adénoïdectomie ne soit pratiquée.
* Le risque d’asthme était plus élevé parmi les enfants qui ont subi l’adénoïdectomie pour des otites moyennes récurrentes .

 Cette association observée entre asthme et adénoïdectomie pourrait être expliquée par des facteurs sous-jacents prédisposant à la fois aux otites moyennes à répétition et à l’asthme.


On constate donc un lien direct entre adénoïdectomie chez l’enfant jeune et survenue d’un asthme, en particulier chez ceux pour qui l’indication opératoire était des otites moyennes récurrentes.

La conclusion logique est de penser que ces enfants chez qui une indication d’adénoïdectomie est posée sont déjà des enfants atopiques, que leurs otites même si elles sont virales ou microbiennes, sont certainement favorisées par ce terrain. Et que, intervention ou pas, ils auront plus de risque de développer un asthme.

Il serait intéressant que les ORL confrontés à ces enfants pensent de façon systématique, surtout dans un contexte atopique familial à faire pratiquer un bilan allergologique.

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