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Plus c’est gras, moins c’est allergisant !
jeudi 4 décembre 2003, par
L’allergie alimentaire interpelle quant au rôle joué par le mode de préparation des aliments. Dans cette étude concernant l’arachide, les auteurs ont constaté une sévérité des réactions plus importante que prévue lors du test de provocation. La quantité de lipides associés aux protéines d’arachide pourrait être déterminante.
La présentation de l’allergène dans différentes préparations alimentaires affecte la nature de la réaction allergique. Une étude de cas. : Grimshaw KE, King RM, Nordlee JA, Hefle SL, Warner JO, Hourihane JO.
Division of Infection, Inflammation and Repair, School of Medicine, University of Southampton, UK
dans Clin Exp Allergy. 2003 Nov ;33(11):1581-5.
– CONTEXTE.
* La caractérisation des réactions alimentaires fatales ou non fatales indique que la majorité des réactions est due à l’ingestion d’aliments préparés plus qu’à des allergènes non modifiés.
* Dans une étude en cours utilisant un test de provocation alimentaire contrôlé en double-aveugle contre placebo afin d’explorer l’allergie à l’arachide et sa symptomatologie, la sévérité des réactions observées chez quatre des six premiers sujets était plus importante que prévu.
* Nous avons émis l’hypothèse que cela était du aux différences dans la composition du « véhicule » utilisé lors du test de provocation.
– OBJECTIF.
Le but était de rechercher si la sévérité des réactions lors du test de provocation pouvait être répétée lors d’un nouveau test de provocation avec une recette contenant moins de lipides chez des patients ayant eu une réaction plus sévère que prévu lors du premier test à l’arachide.
– METHODES.
* Les sujets allergiques à l’arachide, ayant réagi plus sévèrement lors d’un test de provocation initial à l’arachide, ont subi un test de provocation avec une recette contenant une plus petite quantité de lipides.
* Des tests de provocation similaires avec des recettes différentes en « véhicule » ont été utilisés, la seule différence résidant dans le contenu en lipides (22,9% au lieu de 31,5%).
* Le contenu en arachide de ces deux recettes était analysé à l’aide de l’inhibition du RAST et des tests ELISA.
– RESULTATS.
* Trois des quatre patients réagissaient de façon importante pour des plus petites doses de protéines d’arachide lors du nouveau test de provocation (dose moyenne équivalente à 23 fois moins qu’une cacahuète) avec un contenu plus faible en lipides.
* L’inhibition du RAST montrait qu’aucune recette n’altérait la reconnaissance des épitopes.
* La recette à haute teneur en lipides requérait deux fois plus d’arachide pour provoquer 50% d’inhibition.
* Le test ELISA détectait de plus petits taux d’arachide dans la recette à haut taux de lipides (220 000 parts per million) que pour celle à faible taux de lipides (990 000 p.p.m).
– CONCLUSION.
* Le contenu en lipides du véhicule d’un test de provocation orale a un effet important sur la réaction apparaissant après l’ingestion d’allergène.
* Cet autre facteur doit être pris en considération dans l’évaluation du risque de certains aliments chez les sujets atteints d’allergie alimentaire et ajoute une autre dimension à la clinique, à la recherche et à la pratique courante.
Il faut considérer ce travail en tant que préliminaire d’une étude en cours.
Les auteurs se sont étonnés de l’excès de sévérité lors du test de provocation orale à l’arachide, plus qu’il ne l’avait prévu.
La logique a voulu que le « véhicule » alimentaire servant à administrer les protéines d’arachide puisse avoir une responsabilité, tout particulièrement la teneur en lipides.
Pour faire simple, plus le « véhicule » est gras moins il y a de risque de constater une réaction sévère.
L’inhibition du RAST montre qu’il ne s’agit pas d’un défaut de reconnaissance des épitopes, ils ne sont donc pas modifiés, ils restent potentiellement efficaces.
Le test ELISA détecte moins de protéine de l’arachide dans la recette avec un contenu en lipides plus élevé.
Ceci signifie à priori que les lipides empêchent l’accès aux épitopes.
Il sera intéressant de creuser cette piste ; par exemple, le type de lipides polyinsaturés, monoinsaturés, saturés ; par exemple, le mécanisme qui explique cette diminution de l’accès aux épitopes…
Aussi, pour évaluer le risque, lors d’une nouvelle consommation de l’aliment incriminé, d’une réaction sévère en analysant autant que faire se peut la richesse en graisses du bol alimentaire au moment de la réaction.
Étude très intéressante mais qui demande des précisions et une validation sur un plus grand nombre de sujets.
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