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Dans l’asthme grave, il faut savoir lire les phénotypes !
mercredi 28 janvier 2004, par
Les mécanismes physiopathologiques de l’asthme sont nombreux et hétérogènes, ils pourraient sous-tendre des expressions phénotypiques différentes. Dans cette étude, les auteurs tentent de distinguer des phénotypes de l’asthme sévère en fonction de l’âge d’apparition et la présence ou non d’une inflammation à éosinophiles.
Identification des phénotypes de l’asthme sévère : rôle de l’âge d’apparition et de l’inflammation à éosinophiles. : Christina Miranda, MS, PA-C Ashley Busacker, BS Silvana Balzar, MD John Trudeau, BS
Sally E. Wenzel, MD*
National Jewish Medical and Research Center and the University of Colorado Health Sciences Center, Denver, Colo, USA
dans JACI January 2004 • Volume 113 • Number 1
– CONTEXTE.
L’asthme relève d’un processus hétérogène, de fait, on ne connaît pas grand chose des phénotypes.
– OBJECTIF.
Déterminer si des différences phénotypiques existent dans l’asthme sévère entre l’apparition précoce comparée à l’apparition tardive et si la présence ou l’absence d’éosinophilie influence ces phénotypes.
– METHODES.
- Il s’agit d’une analyse en sections croisées qui intègre les données cliniques, physiologiques et pathologiques collectées chez 80 sujets souffrant d’asthme sévère.
- Les sujets étaient divisés entre, d’une part, ceux dont l’asthme était apparu avant l’âge de 12 ans (n=50), d’autre part, ceux dont l’asthme était apparu après l’âge de 12 ans (n=30), et, par la présence ou non d’éosinophiles pulmonaires.
– RESULTATS.
- Les sujets ayant un asthme sévère apparu de façon précoce avaient significativement plus de sensibilisations allergéniques (tests cutanés positifs, 98% contre 76%, P<0,007) et plus de symptômes allergiques (P< ou= 0,02) que les sujets atteints d’un asthme apparu plus tardivement.
- De façon différente, les sujets atteints d’asthme apparu après 12 ans avait une fonction respiratoire inférieure (P = 0,05 à 0,07) que dans le cas de l’apparition précoce, malgré une durée évolutive plus courte de la maladie (P<0,001).
- Les deux groupes avaient un haut degré de symptômes asthmatiques, mais ceux qui montraient une persistance des éosinophiles quel que soit l’âge d’apparition étaient significativement plus symptomatiques (P<0,05).
- De façon similaire, la présence d’éosinophiles quel que soit l’âge d’apparition de l’asthme, était associée avec les plus bas résultats de la fonction respiratoire (P<ou =0,02).
- De plus, l’apparition tardive de l’asthme était associée avec les plus forts taux d’éosinophiles pulmonaires (P<0,07), seuls les asthmes sévères d’apparition précoce étaient associés avec un processus inflammatoire à lymphocytes et mastocytes.
- Finalement, les sujets souffrant d’un asthme d’apparition tardive sans éosinophiles n’avaient pas d’épaississement de la membrane basale sous-épithéliale, suggérant un processus pathologique différent.
– CONCLUSIONS.
Le fait de différencier l’asthme sévère selon l’âge d’apparition et selon la présence ou non d’éosinophiles, permet d’identifier des phénotypes de l’asthme, qui pourraient bénéficier à des études thérapeutiques et génétiques à venir.
Cette étude est très intéressante, toutefois, le résumé ne donne pas beaucoup d’éléments sur la méthodologie de l’étude.
Ainsi, nous n’avons pas de renseignement sur la moyenne et la médiane d’âge des patients, pas de renseignements sur les critères retenus pour définir l’asthme sévère, pas de renseignement sur l’inflammation à éosinophiles (déterminée par lavage broncho-alvéolaire ou par biopsie bronchique ?).
Il s’agit probablement d’une étude faite sur dossiers d’asthmatiques sévères.
Toutefois, l’étude confirme des aspects bien connus, l’asthme apparu de façon précoce est plutôt allergique, l’asthme tardif, moins souvent allergique, est d’emblée plus grave avec une diminution plus importante de la fonction respiratoire.
Autre élément de confirmation, la présence d’un syndrome inflammatoire à éosinophiles, quelle que soit l’étiologie, quel que soit l’âge d’apparition, est corrélée à une détérioration plus accentuée de la fonction respiratoire.
Les auteurs insistent sur le fait que l’aspect histologique de l’épithélium bronchique est différent dans l’asthme grave d’apparition tardive sans éosinophiles, suggérant un mécanisme inflammatoire différent ; dommage que les auteurs ne nous donnent pas le statut allergique de ces patients.
Tout compte fait, une bonne étude qui interpelle l’Allergologue praticien, mais qui, dans sa grande sagesse attendra d’autres études de confirmation avant de sérier les phénotypes de l’asthme grave.
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